Timimoun, destination privilégiée des touristes nationaux et étrangers est en train de voler la vedette au chef-lieu Adrar,située à plus de 200 kilomètres . Les gens choisissent ce lieu pour y réveillonner en groupe d’amis ,en famille ou en solitaire. Il faut souligner que cette région atypique offre toutes les conditions climatiques, matérielles, sécuritaires pour un moment d’évasion, de fête et de retrouvailles. Fêter le nouvel an dans le Gourara est un passage, pour certains, qui demeure immortalisé dans les mémoires. On vient de partout ;certains ont pu ,grâce à leurs nombreux déplacements, tissé des liens d’amitié qui leur assurent un gite garanti ,vu que tous les hôtels et autres sites d’hébergement affichent complet. Des soirées animées par la fameuse troupe ‘Ahlelleil’ sont organisées au profit de ceux qui ont osé faire le déplacement .Malgré la chute de température durant le soir ,les accrocs ne sont guère découragés. Bradant le froid , ils s’entassent ,se couvrent comme ils peuvent afin de ne rien rater de cette magie qui se dégage de ce chant envoûtant .La ville livre toute sa splendeur se parant de ses plus beaux ornements où se mêlent drapeaux aux couleurs nationales et autres motifs locaux .
Timimoun, ville du passé
Timimoun demeure une ville du passé qui tente désespérément d’émerger du sable et se hisser inéluctablement dans le présent. Timimoun, région féerique par excellence, continue d’exercer un charme fascinant sur ses visiteurs. Les vieux ksour pullulent et les anciennes forteresses, vestige d’un passé glorieux, se dressent encore aujourd’hui témoignant d’une époque où le Gourara était le centre d’une brillante civilisation.
Le style architectural
Le mérite de l’architecture revient sans aucun doute à un capitaine français qui entreprit au début du siècle la construction de la porte du Soudan, la mosquée et le célèbre hôtel «Oasis Rouge» dans un style qui fait la particularité de la cité. Les paysages fantomatiques ont inspiré plus d’un cinéaste. Mohamed Chouikh, Rachid Bouchareb y a tourné Cheb et le célèbre Bertolucci a filmé dans la région ‘Thé au Sahara ‘.Aujourd’hui, le tourisme est à déplorer , hormis la célébration de quelques événements .Dès l’occupation française en 1900, les chaâmba, les chorfa, des gens d’El Bayadh, d’El Abiod Sidi Cheïkh, de Tlemcen et de Laghouat vinrent s’installer dans la région. Il y a quelques centaines d’années, les eaux du grand lac s’étendaient à perte de vue sur plusieurs kilomètres. Passage vers le Tanegrouft et l’Afrique noire par Tambouctou, porte vers El Goléa (Menéa) qui voyait des caravanes aller jusqu’à Gabès. Des tissus, du miel, du beurre transitaient chaque année vers la fin du XIX siècle, destinés à la vente vers des contrées lointaines. Aujourd’hui, ce lac est enfoui mais la toponymie locale montre que tous les villages vivaient par et pour le lac. El Marsa (le Port) et Aguelman (le Lac) en témoignent encore. Tous les ksour sont électrifiés. Des écoles ont poussé comme des champignons au beau milieu du printemps.
Timimoun entre passé et présent
À Timimoun, si auparavant, les routes constituaient l’épée de Damoclès avec ses nids-de poule, des chaussées déformées qui rendaient la vie difficile aux automobilistes ,aujourd’hui ,ce cauchemar n’est plus qu’un vieux souvenir : Du bitume recouvre les chaussées à la grande absolution des automobilistes. En gros ,on constate une certaine amélioration mais des efforts restent à faire !Avec des milliers d’habitants arborant des tenues aux couleurs multiples, Timimoun est connue pour ses nombreuses «ziarrate » et sa troupe musicale de «AhlEleïl» chante sous l’émerveillement de tous, des airs ancestraux qui ont largement dépassé les frontières du pays. Les chants de «AhlEleïl» sont des psaumes simples qui chantent Dieu et son Prophète (QSSSL) et l’amour impossible. Dès la tombée de la nuit, la complainte merveilleuse emplit les ksour. . Les constructions en dur côtoient étrangement les maisons en pisé «toub» dont les plafonds sont faits de troncs de palmiers, de palmes et d’argile. Elles comportent toutes des terrasses, lieu de refuge durant la saison estivale. Il faut dire que beaucoup ne disposent pas encore de climatisation. Les cruches recouvertes de piassava (fibre de palmier) sont utilisées pour conserver l’eau fraîche.
Tinerkouk
La région de Timimoun comporteTinerkouk ou Zaouit Debagh. Cette appellation tire son origine d’un cheïkh surnommé Debaghi qui lui a attribué son nom. Quant à Tinerkouk, on nous confirme que les premiers habitants étaient des gens qui entassaient leurs provisions : Tdouk a donné Tinerkouk. Tinerkouk est une daïra qui compte plus de 4500 âmes venues de Metlili, Ouargla, El Bayadh, Labiodh Sidi Cheikh.
Tabelkouza livre ses secrets
Le ksar Tabelkouza, réputé pour la qualité de ses dattes s’érige tel un monument .Si dans d’autres régions du pays, raconte B.M ,un septuagénaire, les femmes, devant se rendre en pèlerinage, s’affairent aux tâches domestiques, ici dans notre ksar, les femmes qui ont la chance de se rendre à La Mecque sont considérées comme de vraies reines. Elles ne font rien, elles se consacrent uniquement à la prière et à la lecture du Coran. Ce sont les hommes qui s’occupent de tout (cuisine, vaisselle…).
C’est ce qui le caractérise des autres ksour. La société de la région de Timimoun n’a rien mais a tout. Vous trouverez toujours quelqu’un pour vous offrir son toit et en guise d’hors-d’œuvre, une bonne bouchée de «sfouf» (dattes séchées et concassées).
La région est surtout réputée pour son hospitalité, son couscous et son «khoubz el gola» dont la préparation nécessite la dextérité et l’habilité des mains. Une pâte à base de blé, légère et onctueuse est étalée sur une cruche (gola) dont on a pris le soin de préchauffer avec des palmes. La pâte cuite, elle est réduite en morceaux et arrosée d’une sauce pimentée. On prend le soin de laisser absorber et on sert avec la viande. Un vrai délice pour le palais. Un autre mets très apprécié «khoubzennour» est également répandu dans la région. Il y a plusieurs manières de cuire, de griller la viande mais quand elle est servie ici,( à l’étuvé ) l’idée de régime disparaît et on a aussitôt tendance à faire ripaille.
Chaque ksar regorge de secrets et de légendes, d’hommes et de femmes qui ont écrit son histoire. Les gens vivent en toute quiétude, en toute sérénité, en pleine osmose. Ici, le stress s’estompe. Lorsqu’on est assis sur l’erg, en pleine contemplation et admiration pour cette nature merveilleuse et féerique, sirotant un thé mousseux on découvre la flore dans toute sa splendeur. Une beauté à vous couper le souffle, une beauté surnaturelle qui vous transporte loin des tracasseries de la vie quotidienne vous faisant douter de la réalité . Une thérapie qui a fait ses preuves.
Timimoun, ces jours-ci , les pieds dans le sable
Voici ce que les gens recherchent :cette paix de l’âme , cette accalmie ,cette douceur du mercure.C’est cette grande diversité qui constitue l’héritage essentiel de notre siècle ,un héritage très précieux mais combien fragile et vulnérable .Cette fête de l’année 2016 , est jalonnée de rencontres exceptionnelles, de sites, de traditions insolites et merveilleux ,de petites communautés qui vivent à l’écart de tout et qui sont parfois ignorées de tous qui nous ont délivrés des leçons de simplicité de modestie ,d’hospitalité et ont fait la magnifique démonstration de résistance afin de conserver un mode de vie ,une culture tout simplement une différence pour gagner et protéger une liberté, la plus belle des libertés, celle d’être soi-même car l’histoire a écrit et écrira , afin de préserver les souvenirs, de ce que les ‘Hommes‘ ont été et ont fait. La valeur et la beauté de Timimoun ntient d’abord de sa variété.
Chaque élément qui la constitue est unique, irremplaçable, indispensable. Face à ces cultures dont on se sent éloigné ,on a commis l’erreur de ne pas interroger leur passé , de ne pas en percer le voile des apparences afin de découvrir ,que derrière ces manifestations religieuses, sportives et culturelles, derrière ces coutumes, se dissimule un monde très élaboré, indivisible, solide où vivaient et vivent encore ces peuples dans un cosmos ordonné et structuré avec une complémentarité du monde moderne.
Safi A.T.