Les déséquilibres financiers actuels de la CNR sont, notamment, la conséquence des départs massifs en retraite, durant ces trois dernières années et l’évolution timide des cotisations. La situation financière de la Caisse nationale des retraites (CNR) reste critique, malgré la suppression de la retraite anticipée. À en croire les chiffres fournis par le ministre du Travai, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali, les dépenses de la CNR sont de l’ordre de 1.200 milliards de DA annuellement, alors que les cotisations ne dépassent pas les 600 milliards, soit un déficit de 50%. Face à cette situation, et en vue d’éviter une faillite de la Caisse, le gouvernement a versé 500 milliards de DA, rien que pour pouvoir verser les pensions des retraites. « Sans l’intervention de l’Etat qui a accordé 500 milliards de DA à la Caisse nationale de retraite (CNR), les retraités n’auraient pas pu percevoir la pension des deux derniers mois », a signalé le ministre qui s’exprimait, avant-hier, lors d’une conférence de presse en marge de la cérémonie de clôture du « Programme de Coopération Sud-Sud pour les pays d’Afrique dans les domaines du Dialogue social et de la Sécurité sociale ». Tout en notant que les cotisations des travailleurs ne suffisent plus à couvrir les salaires des retraités, le ministre a reconnu que le taux des cotisations à la Sécurité sociale reste minime et ne dépasse pas les 2%, en raison de la non déclaration ou à la sous-déclaration des employés par leurs employeurs. Dans l’ensemble, Zemali a qualifié le système national de Sécurité sociale en Algérie de « très généreux », arguant de l’éventail des risques qu’il couvre, d’une part, et du taux élevé de pension de retraite accordé aux bénéficiaires. Grace à la contribution de l’État, il est évident de la CNR puisse retrouver ses repères, mais reste à accompagner cette mesure par des réformes pour booster le nombre de cotisants.
Pour ce qui est du nombre des ressortissants étrangers exerçant en Algérie, le ministre a fait savoir que leur nombre s’élève à 90 000 personnes et «sont issus de différentes nationalités». Il a précisé qu’il s’agit, en majorité, de Chinois qui exercent notamment dans le secteur du bâtiment, en plus de Turcs, d’Égyptiens…etc, avant de noter que «pour qu’un étranger puisse travailler en Algérie, il faudrait que sa spécialité ne figure pas dans le fichier de l’Agence nationale de l’emploi (ANEM)». Interrogé sur le travail informel des étrangers, il a relevé la «difficulté de le cerner», faisant savoir que l’administration algérienne «essaye de gérer ce dossier très sensible et qui a une dimension humanitaire» Néanmoins, a-t-il poursuivi, «des sanctions et des poursuites judiciaires» sont appliquées à l’encontre des employeurs qui utilisent la main-d’œuvre étrangère sans la déclarer, affirmant que de «nombreuses infractions ont été signalées à l’Inspection du travail». Sur un autre sillage, et concernant la polémique suscitée par la volonté d’assainir la carte syndicale, Zemali a fait savoir que 46 syndicats nationaux se sont conformés jusque-là au cahier des charges élaboré par le département du travail s’agissant du seuil de représentativité d’un syndicat, fixé par la loi à 20% de l’effectif global de l’entreprise. Sous ce seuil réglementaire, tout syndicat ne peut « ni négocier ni exiger des revendications », sans pour autant que cela empêche son existence, explique-t-il. « Des syndicats nous ont contacté pour demander plus de temps car ils ont compris que cette façon de faire les aide à s’organiser et à mieux connaitre leurs affiliés », a-t-il ajouté, assurant « avoir besoin de partenaires sociaux forts et organisés ».
Lamia Boufassa