Alger abritera en avril prochain une réunion africaine de haut niveau sur les sources de financement du terrorisme. Lors de cette rencontre de deux jours, qui débutera le 9 du mois prochain, les participants, dont les responsables africains, qui aborderont la législation en cours dans leurs pays en matière de lutte contre les sources de financement du terrorisme et les réseaux de trafic de drogue et des armes, activité illégale générant des sommes d’argent importantes dont une bonne partie alimente le financement des activités des groupes terroristes.
C’est à l’occasion de la visite de trois jours, qu’effectue depuis hier à Alger le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, que le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Mesahel, a annoncé la tenue, avril prochain, de la Conférence africaine sur les sources de financement du terrorisme. La première visite officielle en sa qualité du président de la Commission de l’UA en Algérie, intervient faut-il le rappeler, à moins de quelques jours de la tenue le 21 mars prochain, du Sommet extraordinaire de l’Institution africaine sur le lancement de la Zone de Libre échange continental africaine (ZLECA) à Kigali, qui verra la présence de « tous les chefs d’État et de gouvernement, qui devront signer l’accord relatif à la ZLECA» a précisé Moussa Faki Mahamat. Sur ce Sommet de Kigali, Messahel a déclaré que celui-ci « va être un aboutissement de l’intégration africaine à laquelle nous aspirions » a-t-il indiqué. Sur le rendez-vous africain d’Alger, sur les sources de financement du terrorisme, le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que cette réunion « était très importante dans le contexte actuel pour que nous ayons des positions africaines, essayer d’échanger nos vues autour des législations de nos pays » avant d’ajouter et « d’identifier le rôle de nos institutions qui luttent contre le blanchiment d’argent et le trafic de tout genre » a indiqué Messahel. Pour le responsable de l’UA, «les questions de paix et de sécurité dans notre continent sont des préoccupations majeures» a affirmé, l’ex-ministre des affaires étrangères du Tchad, Moussa Faki Mahamat, qui a rappelé que l’ambition phare de l’UA consiste à «faire taire les armes à l’horizon 2020» a-t-il déclaré. Abordant les questions de paix et de sécurité en Afrique, les deux responsables ont mis l’accent sur l’importance de la coordination entre Africains et au niveau de l’Afrique, pour arriver à relever les défis qui se posent, aux Etats africains, notamment le terrorisme, le crime organisé, la migration et le trafic de tout genre dont celui de la drogue et des armes. Et c’est dans ce sens que le président de la Commission de l’UA, a mis en avant le rôle important que jouent les Institutions africaines en charge de ces questions, citant le Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme (CAERT) et Afripol, dont les sièges sont à Alger, saluant par la même occasion «l’engagement panafricain» de l’Algérie outre sa contribution à la mise en place et au bon fonctionnement de ces deux institutions. À la tête d’une forte délégation de responsables de l’UA, dont le président du Conseil de paix et de sécurité, Smaïl chergui, le président de la commission de l’UA et Messahel ont abordé les question inscrites sur l’agenda africain, la situation au Mali et au Sahel, le Sahara occidental et le Soudan du Sud, qui pour rappel a présenté sa demande d’adhésion à l’UA. Sur ces questions, Abdelkader Messahel a réitéré au président de la Commission de l’UA, l’engagement de l’Algérie à accompagner les efforts de l’Institution africaine dans la recherche de solutions à ces crises. Par ailleurs, lors de son entretien avec le responsable de l’UA, M. Messahel a déclaré à la presse avoir évoqué le phénomène de l’immigration clandestine qui fait partie «des soucis de nos États ». Et là aussi, poursuit-il «nous avons dit au président (de la commission de l’UA :ndlr) quel est notre point de vue en termes de combats, celui mené notamment contre les réseaux de trafics», lesquels surtout, soutient Messahel, «participent parfois à financer même les actes terroristes» a-t-il souligné. Autre question abordée, par MM. Messahel et Faki Mahamat, les réformes de l’UA, un processus que pilote, pour rappel, le président de la République du Rwanda, Paul Kagame. Après avoir souligné l’importance de ce processus, en vue d’une meilleure adaptation de l’UA aux défis de l’heure, il été notamment question de tenir compte de l’importance tout aussi capitale d’inclure ce processus et son adaptation à la réalité africaine et aux objectifs de l’Agenda 2063 de l’UA. Il a été aussi question dans le cadre des reformes de l’Institution africaine, de son financement, à propos duquel les deux responsables ont exprimé leur adhésion à «la nécessité de poursuivre» les efforts visant à doter l’Union africaine de son propre mécanisme de financement en vue de sortir de la dépendance des financements de ses partenaires étrangers dont l’Union européenne.
Karima Bennour