À l’est de la ville de Ghaza, dans le quartier d’Al-Tuffah, les Brigades Al-Qassam, branche armée de la résistance palestinienne, ont revendiqué samedi une opération guet-apens complexe contre une unité de l’armée israélienne. Cette opération, décrite comme une embuscade « organisée et méthodique », a causé plusieurs pertes humaines et matérielles dans les rangs de l’occupant. Selon un communiqué officiel des Brigades, les combattants de la résistance ont visé deux engins militaires : une Merkava 4 et un bulldozer D9, tous deux appartenant à l’armée de l’occupation. Les deux cibles ont été frappées à l’aide de missiles antichars « Yassin 105 », provoquant des incendies et d’importants dégâts au niveau de Jabal Al-Sourani, dans le même quartier. Des sources médiatiques israéliennes ont rapidement confirmé l’opération, admettant la mort d’un soldat et la blessure de quatre autres. D’après ces sources, une première attaque a touché un véhicule blindé de type Hummer avec un missile antichar, blessant gravement deux soldats. Lorsque les forces de secours sont intervenues, une charge explosive préalablement dissimulée a explosé, tuant un autre soldat et blessant deux supplémentaires. L’armée a dû procéder à une évacuation par hélicoptère en urgence. Le quotidien israélien Maariv a qualifié cet événement de « choc dur à encaisser », révélateur d’une évolution dans la tactique militaire de la résistance palestinienne. Le mouvement, bien qu’inférieur en moyens militaires directs, parvient, selon le journal, à transformer cette infériorité en avantage tactique en exploitant des embuscades, des engins explosifs improvisés et des attaques à distance, tout en se retirant rapidement par un réseau sophistiqué de tunnels. Ces opérations visent à perturber et à désorienter les forces israéliennes sur le terrain. Dans son analyse, le journaliste militaire Avi Ashkenazi affirme que la résistance évite délibérément l’affrontement direct, préférant miner le terrain, piéger les itinéraires d’approche et observer les mouvements de l’armée israélienne afin d’attaquer au moment le plus stratégique. Ce type de guerre asymétrique rend l’environnement de combat particulièrement instable et imprévisible pour l’armée israélienne, dont l’état-major reconnaît désormais que les opérations à Ghaza sont devenues « complexes et fragiles ». Depuis le début de l’offensive terrestre israélienne le 27 octobre 2023, les pertes dans les rangs de l’armée d’occupation sont considérables. Selon des chiffres publiés par l’armée elle-même, 115 soldats ont été tués dans la bande de Ghaza. Le 12 décembre 2023 a été l’un des jours les plus sanglants, avec dix soldats tués lors de violents combats dans le quartier de Chajaya. Le 23 janvier 2024, l’armée a subi sa perte journalière la plus lourde depuis le début de la guerre, avec 24 soldats, pour la plupart des réservistes, tués dans le sud de la bande de Ghaza après l’explosion d’un bâtiment miné et d’un tank. La résistance palestinienne, pour sa part, affirme avoir tué 15 soldats israéliens et détruit 43 véhicules militaires au cours de récentes opérations. Des chiffres qui illustrent l’efficacité croissante de ses tactiques, malgré un blocus et des bombardements intensifs. Ces pertes humaines, combinées à l’enlisement de l’opération militaire et à l’absence de résultats concrets concernant la libération des captifs israéliens détenus à Ghaza, accentuent la pression sur le gouvernement de Benjamin Netanyahou. De nombreuses familles d’otages expriment leur colère face à une stratégie qu’elles jugent contre-productive, menaçante pour la vie de leurs proches, et inefficace face aux capacités tactiques de la résistance. Alors que les opérations s’éternisent sans percée significative, les critiques s’intensifient au sein même de l’armée et des milieux politiques israéliens. Certains analystes estiment que l’armée risque d’entrer dans une phase de combat prolongé sans perspective claire, ce qui pourrait mener à un affaiblissement de la cohésion nationale et à des appels de plus en plus pressants à un cessez-le-feu ou à une solution politique. Dans ce contexte, la situation humanitaire à Ghaza continue de se détériorer. Le siège, les bombardements et les pénuries d’eau, d’électricité et de médicaments rendent la vie insoutenable pour les civils, tandis que les groupes de résistance poursuivent leurs opérations souterraines et leurs embuscades, prouvant qu’aucun territoire, même prétendument « sécurisé », n’est à l’abri d’une contre-attaque inattendue. L’embuscade du quartier d’Al-Tuffah envoie un message clair : malgré les destructions massives et les pertes, la résistance palestinienne reste active, organisée et capable de frapper l’occupant là où il s’y attend le moins. Dans une guerre où chaque opération est aussi une guerre de symboles, la bataille de Ghaza semble loin d’être terminée.
M. S.