L’armée d’occupation israélienne a mené, à l’aube d’hier, une vaste campagne d’incursions dans plusieurs villes et villages de la Cisjordanie occupée, marquée par des arrestations, des détentions collectives et des enquêtes de terrain musclées. Selon des sources palestiniennes, au moins huit personnes ont été arrêtées et des dizaines d’autres retenues quelques heures pour interrogatoires. À Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, les forces israéliennes ont pris d’assaut la ville de Qabatya. Les deux entrées principales ont été bloquées et près de trente Palestiniens ont été retenus. Le domicile du maire de Yabad, Amjad Atatreh, a été transformé en centre d’interrogatoire, où des habitants ont été soumis à des violences et des humiliations. Un jeune homme de 29 ans a par ailleurs été hospitalisé après avoir été battu par les soldats. À Qalqilya, six habitants du village de Hajja, parmi lesquels le président du conseil local, Amjad Basalat, ont été arrêtés après des perquisitions violentes. À Naplouse, les camps de réfugiés ont également été ciblés : deux jeunes hommes ont été interpellés dans le camp d’Al-Aïn. Dans le sud de la Cisjordanie, à El-Khalil, l’armée d’occupation a investi la ville de Beït Ummar, où elle a rassemblé plusieurs dizaines de jeunes pour un interrogatoire collectif avant de les relâcher. Les violences se sont poursuivies à Ramallah, où les forces israéliennes ont pénétré dans les environs du camp d’Al-Amari et dans la ville d’al-Bireh, déployant véhicules blindés et troupes sans procéder à des arrestations immédiates. Dans le village de Tarqumya, près d’El-Khalil, un jeune Palestinien a été arrêté après que sa famille eut résisté à une attaque de colons armés contre leur maison et leur troupeau.
À Yabad, l’armée a poursuivi ses opérations toute la journée. Des routes ont été détruites à l’aide de bulldozers militaires, et les entrées principales comme secondaires ont été fermées par des barrages de terre. Les habitants ont été soumis à des rafles répétées et des interrogatoires dans des conditions éprouvantes. Parallèlement, de nouvelles restrictions ont été imposées aux habitants de plusieurs localités au nord-ouest d’ElQods. Les résidents de Beït Iksa, du quartier d’al-Khalayleh et du village de Nabi Samuel ne pourront désormais se déplacer qu’avec des permis spéciaux délivrés par les autorités d’occupation, ce qui renforce leur isolement derrière le mur de séparation et les barrages militaires. Ces mesures s’ajoutent aux projets coloniaux annoncés par le ministre extrémiste Bezalel Smotrich, qui prévoit des milliers de nouvelles unités de colonisation dans la zone dite « E1 », visant à couper El-Qods de son environnement palestinien et à enterrer définitivement la perspective d’un État palestinien viable. Ces incursions en Cisjordanie se déroulent en parallèle au génocide en cours à Ghaza. Depuis le 7 octobre 2023, les attaques israéliennes ont coûté la vie à plus de 65 000 Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants, et fait plus de 166 000 blessés. Dans la Cisjordanie et à El-Qods-Est, les opérations militaires se sont intensifiées, avec plus de 1 042 martyrs, près de 10 200 blessés et plus de
19 000 arrestations documentées. Le blocus et les violences menées sur les deux fronts — Ghaza et la Cisjordanie — traduisent une stratégie globale d’occupation et d’annexion, appuyée par l’impunité internationale. Tandis que Ghaza est ravagée par la famine et les bombardements, la Cisjordanie occupée se retrouve, chaque jour, davantage morcelée, isolée et placée sous la botte d’une répression systématique.
M.S.
