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« El Ghorabae la Yachrabouna El kahwa » : un plaidoyer sur fond de pamphlet dédié à la cause palestinienne

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La générale de la pièce de théâtre « El Ghorabae La Yachrabouna El Kahwa » (Les étrangers ne prennent pas de café), un plaidoyer sur fond de pamphlet dédié à la cause palestinienne, a été présenté, jeudi à Alger, devant un public recueilli.

Adapté et mis en scène par l’académicien et critique de théâtre Makhlouf Boukrouh sur un texte du dramaturge égyptien Mahmoud Diab (1932-1983), le spectacle a livré « une radiographie » de la situation actuelle en Palestine occupée. Présentée durant près de 50 mn à la salle Mustapha-Kateb du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA), la pièce, puisant ses traits entre tragédie, théâtre symbolique et comédie noire, traite avec pragmatisme le rapport disproportionné oppresseur-opprimé. Moquerie sarcastique dans le ton et l’attitude, le spectacle raconte l’histoire de Tayeb, brillamment campé par Abdenour Issad, occupant une maison, héritage de ses aïeux, qui reçoit la visite inopinée d’un étranger et son acolyte, venus lui confisquer son passé et spolier son bien. Les deux Intrus de l’histoire et dans l’Histoire, incarnés par Khaled Gherbi et Kamel Djaib, refusaient l’hospitalité du propriétaire des lieux qui les invitait naïvement à siroter un café avec lui, affichant une passivité inquiétante à leur égard. Tayeb saisit les intentions malveillantes des deux étrangers au moment où ces derniers occupèrent sa maison et déchirèrent tout document établissant formellement son passé d’autochtone et son appartenance à la mère patrie. Le reste de l’histoire sera livré à la mémoire, indélébile, perçue par Tayeb comme unique salut pour rétablir la vérité. Le spectacle, également à dimension symbolique a usé de métaphores et de dialogues allusifs dans un microcosme social illustrant une réalité amère dédiée aux réfugiés palestiniens, injustement dépossédés de leurs terres. La scénographie, grande réussite de ce spectacle signée Abderrahmane Zaboubi, a été servie par un décor intelligemment conçu, avec deux longs pantalons (rideaux) vert et noir séparés par un drap blanc coiffé d’un petit triangle rouge, le tout représentant une façade de maison aux couleurs de l’emblème palestinien.
Au milieu de la cour intérieure de la maison un tronc d’arbre bien enraciné, au diamètre large, servant de bureau et suggérant le passé ancestral de Tayeb. Des images et des vidéos projetées sur le grand drap blanc qui a fait office d’écran- du drapeau palestinien ont alterné la trame de la pièce, montrant les « Ksours » de l’Andalousie, berceau de la civilisation musulmane en Europe, puis finissant en terre de Palestine suivie d’une vidéo de réfugiés quittant leur territoire. « Nous ne devons pas perdre la Palestine comme on a perdu l’Andalousie », a réagi Noureddine Boukrouh à sa propre conception qui a été « des plus concluantes », de l’avis des connaisseurs présents dans la salle. Madjid Mansouri, à l’origine des projections et des extraits de chansons qui ont mis en valeur le patrimoine palestinien, a su ponctuer les différents moments de la trame. Par un jeu qui, par moment, a puisé sa force dans le registre grotesque, les comédiens ont évolué dans un théâtre de situations au rythme soutenu, portant un texte d’une exigence majeure que Makhlouf Boukrouh a su traiter avec réalisme et conviction.
« J’avais accueilli cette révolte de la même façon qu’une oreille musicienne reconnaît la note juste », a écrit le metteur en scène sur la fiche de présentation, citant un extrait de l’ouvrage de Jean Genet (1910-1986) « Un captif amoureux », dédié à la cause palestinienne et publié l’année de son décès à titre posthume. Le public, saisi par la force du spectacle dans sa forme et son contenu, a longtemps applaudi les comédiens. Produit par la Coopérative culturelle « El Boudhour Lil’Intadj » d’Oran, présidée par le comédien chevronné Mohamed Adar, le spectacle « El Ghorabae La Yachrabouna El Kahwa » attend d’entamer une tournée à travers plusieurs villes d’Algérie.

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