Aucune victime n’est à déplorer après l’effondrement d’un immeuble de quatre étages au cœur de la commune d’El Achour. Au lendemain de l’effondrement spectaculaire d’un immeuble en construction dans le quartier «Urba 2000», sis à El Achour sur les hauteurs d’Alger, la peur se lisait toujours sur les visages des habitants des bâtisses limitrophes. Remettant en cause le non- respect des normes de construction, les habitants de ce quartier « chic » de la capitale déplorent qu’aucune explication n’ait été fournie quant aux réelles causes de l’incident. Même si aucune victime n’est à déplorer, les habitants remettent en cause les normes de construction dans tout le quartier qui abrite des habitations luxueuses. Ainsi, après l’effondrement des vieilles bâtisses à Alger- centre et ses environs, c’est au tour des constructions sensées être des plus « conformes et sécurisées». Lors de notre déplacement hier sur les lieux, le cordon de sécurité a été mis en place et quelques pompiers continuaient à inspecter les décombres afin de s’assurer qu’aucune victime n’est bloquée. Les travailleurs du chantier sont toujours sous le choc et chacun d’eux se livre à une analyse bien propre à lui. « Selon les vieux habitants d’El Achour, le terrain n’est pas conforme, il y’avait un oued qui traversait par ici », nous dira l’un d’eux qui affirme que les normes de construction n’ont pas été respectées par le promoteur. Un autre ouvrier a alerté que « les terrains dans cette région sont marécageux. Les anciens connaissent très bien ce lieu. Moi-même je me souviens quand l’oued passait par ici.
C’est très dangereux ». D’autre part, rencontrée sur place, une dame nous dira qu’elle avait « réservé deux appartements dans la bâtisse ». Peu affectée par le drame, elle nous a assuré qu’elle n’a rien payé d’avance, vu que le promoteur n’avait pas les documents administratifs requis. Plus explicite, notre interlocutrice certifie avoir réservé ces appartements mais par défaut de délivrer le certificat de conformité, le promoteur n’a pas pu vendre.
«Dieu soit loué», s’est-elle réjouie ! Par ailleurs, pour d’autres habitants, qui ont toujours les images du séisme de 2003 dans leurs têtes, il est difficile de faire confiance à ces constructions qui naissent comme des champignons à gauche et à droite. « Je n’imagine même pas ce qui se passera au prochain tremblement de terre dans la zone. Décidément, ça tombe tout seul », affirme une habitante du quartier.
L’autre point d’interrogation souligné par les occupants, est le rôle du CTC Centre. « Le sol sur lequel a été érigé cette bâtisse ne semble guère avoir été approprié.
Le bâtiment s’est écroulé tel quel sans se décomposer en pièces. Pourquoi Le CTC Centre, organisme de contrôle technique de la construction, n’a pas vérifié la conformité de ce chantier ? », s’est interrogé l’un d’eux, qui souligne néanmoins que le drame a été évité de justesse. En effet, des innocents pouvaient être à l’intérieur ! Pis encore, il regrette que « la vie de centaines de citoyens ne doit coûter pas si chèr aux yeux de certains entrepreneurs qui bâclent de bout en bout les logements qu’ils réalisent sans le moindre respect des normes urbanistiques ». Une chose est sûre, les enquêtes judiciaires ultérieures pourront permettre de situer les responsabilités de cet incident.
Lamia Boufassa