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DR ABDERRAHMANE MEBTOUL NOUS PARLE, AVEC DU RECUL, SUR LE 7E SOMMET DU GECF À ALGER : « Il y a eu un consensus sur l’importance du gaz dans la transition énergétique » 

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Dans cet entretien « débreffage », Docteur Abderrahmane Mebtoul (*) nous dit tout sur l’industrie et le marché mondial du gaz. Après deux semaines de la tenue du 7e Sommet du GECF à Alger, cet expert international a suffisamment pris du recul pour traduire en clair les résolutions de la Déclaration finale du Forum.

Entretien réalisé par Farid Guellil

– Le Courrier d’Algérie : Le 7e sommet du GECF s’est tenu il y a deux semaines à Alger. D’abord, quel est le poids des pays producteurs de gaz membres au sein de l’économie gazière mondiale ?
– Dr Abderrahmane Mebtoul : Le 7e  Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz, tenu à Alger du 29 février au 2 mars 2024 est une organisation dont les membres représentent 70% des réserves mondiales de gaz prouvées, plus de 40 % de la production commercialisée, 47% des exportations par gazoducs et plus de la moitié de la commercialisation du GN. La  structuration du Mix  énergétique mondiale  au 1er janvier 2023 est composée du pétrole 32%, du gaz naturel 24%, du charbon 27%, du nucléaire 3%, du renouvelable y compris l’énergie hydraulique 14%. Elle est appelée à évoluer entre 2030/2040/2050   avec une croissance du gaz qui représenterait plus de 30%, le pétrole 25% , le  nucléaire 10%,  l’hydraulique et les énergies renouvelables dans toute leur composante y compris l’hydrogène vert et bleu 35%. Selon les données internationales donc,  entre 2035/2040/2050 environ  60 à 65% de la consommation mondiale d’énergie  sera constituée de la  combinaison du gaz naturel,  des énergies renouvelables  l’Énergie hydraulique, l’énergie éolienne, l’énergie solaire, la biomasse,  la géothermie et  le développement de  l’hydrogène vert et bleu. On ne doit pas confondre les réserves de gaz tant avec la production que les exportations. À titre d’exemple pour l’Algérie, 15/20% doivent  être réinjectés dans les puits pour éviter leur dessèchement, 55% étant les exportations et 45% la  consommation intérieure. Les réserves se calculent par rapport au coût et à l’évolution du prix international, pouvant avoir des milliers de milliards de mètres cubes gazeux de réserves mais dont une fraction n’est pas rentable. Le  mix énergétique est amené à évoluer et le gaz naturel, comme les autres énergies  «historiques», sera amené à cohabiter avec des énergies renouvelables.

– Et quelle est l’importance de cette source d’énergie qu’est le gaz ?
-Le Centre international d’information sur le gaz naturel (Cedigaz) évalue les réserves prouvées mondiales de gaz naturel à 205 507 milliards de mètres cubes au 31 décembre 2022, quasiment stables (-0,2%) sur un an. Sefe Energy.fr donne par ordre pour les réserves commerciales de gaz : Russie 32 740 milliards de mètres cubes gazeux, l’Iran 32 100, le Qatar 24 700, le Turkménistan 13 600, les USA 12 300, la Chine 8 400, le Venezuela 6300, l’Arabie saoudite 6 000, les Émirats 5 900, le Nigeria 5500, l’Irak 3 500, l’Algérie 2 500 et le Canada 2 400.  Les réserves gazières sont très largement concentrées dans les pays du Proche-Orient (40%) et en Europe (33%), dont 23% pour la seule Russie. Au 31 décembre 2022, le ratio mondial des réserves sur la production commercialisée représente  environ 50 années, au rythme de la production de l’année 2022. Il faut distinguer la production  commercialisée par canalisation  où actuellement contrairement au marché du pétrole qui est un marché mondial coté heure par heure, journée par journée à la bourse selon la loi de l’offre et de la demande, la prédominance  sont les  canalisations  environ 65%, étant prévu 50% en 2030, étant  donc un marché segmenté  géographiquement et  la production commercialisée par  GNL  qui demande des investissements  à la fois pour les complexes  et des terminaux . Le gaz naturel est un combustible plus propre dans le sens où sa combustion produit moins de polluants atmosphériques classiques, comme le dioxyde de soufre et les particules, que la combustion du charbon ou du pétrole.
Le marché du gaz, contrairement au pétrole qui est un marché mondial, est segmenté géographiquement, étant dû à la prépondérance des canalisations, où la part du gaz naturel liquéfié sur ce marché représente en 2023 environ 35%, et devrait monter à 48% en 2030. On ne peut donc pas parler d’un marché mondial de gaz équivalent au pétrole. Avec un investissement étant hautement capitalistique, à rentabilité à moyen et long terme, c’est un marché où les prix sont très fluctuants, jouant sur la rentabilité de l’investissement, prix fonction des fondamentaux mais souvent des impacts relevant de la géostratégie où la majorité des producteurs privilégient actuellement les contrats à moyen et long termes. Le Cedigaz évalue les réserves prouvées mondiales de gaz naturel à 205 507 milliards de m3 au 31 décembre 2022. Selon les prospectives internationales 2040/2050, le bouquet énergétique mondial, avec un effort important pour l’efficacité énergétique (sobriété énergétique) serait composé, avec le déclin du pétrole et du charbon, à 70% de gaz naturel propre, des énergies renouvelables dont le solaire, l’hydrogène vert et bleu. Le gaz Bio pourrait contribuer au sein de ce bouquet énergétique à la transition énergétique. En effet, un intéressant rapport sur le scénario d’un brusque changement de climat et ses implications pour la sécurité mondiale a été publié sous la direction des professeurs Peter Schwartz et Doug Randall, rapport commandé par le ministère de la Défense des États-Unis, sous la présidence de George Walker Bush dont les scénarios ont été calqués sur l’événement qui s’est produit il y a 8200 ans et qui a duré 100 ans. Le rapport étudie en prospective, comment le scénario d’un changement climatique horizon 2040/2100, c’est à dire demain, aussi brusque, pourrait potentiellement déstabiliser la situation géopolitique, entraînant des incidents, des combats et même des guerres dus au manque de ressources telles qu’ un manque de nourriture dû à une baisse de la production agricole mondiale, une baisse de la disponibilité et de la quantité d’eau potable dans des régions clés, due au déplacement des précipitations, entraînant des sécheresses et des inondations. Selon cette étude, au fur et à mesure que la capacité de subvenir aux besoins se réduit au niveau local et global, les tensions pourraient augmenter partout à travers le monde, conduisant à deux stratégies fondamentales : la défensive et l’offensive. Les nations ayant les moyens nécessaires de le faire pourraient construire des forteresses autour de leur pays, conservant ainsi leurs ressources pour elles-mêmes. Les nations moins fortunées pourraient déclencher des conflits pour l’accès à la nourriture, à l’eau potable et à l’énergie.

– Qu’en est-il des perspectives de l’évolution de la  consommation et de la production  mondiale  de gaz ?
-La demande mondiale de gaz devrait augmenter de façon constante dans les 20 prochaines années, dans un contexte de réserves abondantes et d’une utilisation accrue du gaz pour produire de l’énergie, une hausse d’au moins 2% par an, pendant plusieurs décennies, ce qui devrait porter cette demande à 4500 milliards de mètres cubes de gaz par an d’ici à 2030 contre 3861 en 2020 et 4036 en 2021 et 4050 entre 2022 et 2023.   Pour la production au niveau mondial en 2022, nous avons par ordre décroissant : USA 21 027 milliards de mètres cubes gazeux, la Russie 699, l’Iran 244, la Chine 219, le Canada 205, le Qatar 170, l’Australie 162, la Norvège 128, l’Arabie saoudite 105, l’Algérie 102, mais possédant la troisième réserve mondiale de gaz de schiste environ 19 500 milliards de mètres cubes gazeux, la Malaisie 76 et l’égypte 68. Pour le GNL, nous avons la structure suivante au 1er janvier 2023 : USA 40,2% ; Russie 13,2% ; Qatar 13,1% ; Algérie 6,7% ; Norvège 6,6%. Concernant l’Afrique, (source APS), l’Algérie a exporté, en 2023, 13 millions de tonnes de GNL contre 10,2 en 2022, occupant la première place en tant qu’exportateur de GNL pour la première fois depuis 2010, dépassant ainsi le Nigeria.  À fin 2023, nous avons la structure suivante de l’approvisionnement du marché européen par canalisation : Norvège 54%, Algérie 19% Russie   à 17% contre 45% avant les évènements de l’Ukraine, l’Algérie couvrant près de 40% de la consommation italienne et étant devenue pour l’Espagne, fin 2023 le premier client avant les USA et la Russie.

– Vous parlez de l’Afrique, qu’elle est justement sa place dans la production de gaz ?
-N’oublions pas l’Afrique où traditionnellement, ce sont au Nigéria, l’Algérie, l’Égypte  et la Libye  où  se trouvent les réserves et les sites de production de gaz les plus prouvés. Néanmoins, selon  les données de Gloal Energy Monitor  de 2022  la  pré-production se situent chez de nouveaux entrants sur le marché du gaz africain (environ  85%) des nouvelles réserves de gaz naturel en phase de préproduction en Afrique se trouvent dans des  pays qui jusqu’ici n’exploitent pas les combustibles fossiles. Nous avons  le Mozambique abritant 44,9% de ces réserves prouvées,  le Sénégal (15,1%), la Mauritanie (11,2%) et la Tanzanie (10%), l’Afrique du Sud (1,9%), l’Éthiopie (0,8%) et  devant inclure la Guinée équatoriale.  Les réserves cumulées de ces pays étant évaluées  à plus de 5200 milliards de mètres cubes  gazeux  et  si  les 79 projets en phase de préproduction répertoriés en Afrique sont réalisés, la production gazière du continent augmentera d’environ 33% d’ici 2030. La   carte gazière de l’Afrique devrait se modifier progressivement  avec  les nouveaux entrants sur le marché du gaz naturel  les anciens producteurs cités qui avaient accaparé 92% de la production du continent entre 1970 et 2022,  les  futurs hubs gaziers africains représenteront plus de 50% de la production gazière du continent entre 2030/2035. Mais la mise en exploitation concernant  les infrastructures d’exportation, y compris dans les pays producteurs traditionnels, nécessiterait des investissements sur site vierge  estimés à 329 milliards de dollars. Les dépenses d’investissement dans les terminaux de GNL programmés sont estimées à environ 103 milliards de dollars, dont 92 % financeraient les terminaux d’exportation de GNL et les   cinq principaux pays africains qui développeront des terminaux d’exportation sont la Tanzanie, le Mozambique, le Nigéria, la Mauritanie et le Sénégal.

-Le 7e GECF a adopté la Déclaration d’Alger. Quels sont les axes directeurs du document ?
-Il y a eu un consensus   sur l’importance du gaz dans la transition énergétique et un juste prix conciliant les intérêts des pays producteurs et des pays consommateurs, les pays membres du forum ayant exprimé leur détermination à renforcer les rangs et conforter la coopération en vue de défendre leurs intérêts communs et maintenir la fiabilité et la résilience des systèmes de gaz naturel. Ils ont clairement affiché leur détermination à renforcer le rôle du forum, tout en soulignant sa contribution à la sécurité, à l’équité et à la pérennité énergétiques mondiales et ce afin de gérer efficacement les ressources gazières naturelles des pays membres et encourager leur utilisation, dans le but de promouvoir un développement durable qui profite à la fois aux producteurs et aux consommateurs. Quant à la résolution finale, elle tourne autour de six axes directeurs  fondamentaux.   Premièrement, la place du gaz qui devrait favoriser la transition énergétique  et lutter contre les  effets néfastes du réchauffement  climatique,  le bois, le charbon et le pétrole, et devrait être encore plus propre  avec les nouvelles techniques en cours  pour le  développement des gaz renouvelables ou bas carbone (biométhane, gazéification des déchets, e-méthane et hydrogène).

Parallèlement à la sobriété énergétique (efficacité énergétique, évitant les gaspillages, existant de nouvelles technologies permettant  d’économiser l’énergie à plus de 30/40%, des énergies renouvelables dont le solaire, l’hydrogène vert et bleu qui sont appelés à cohabiter avec le gaz,  la contribution du gaz naturel, énergie propre avec le développement des nouvelles technologies axées sur le Biogaz peut contribuer à la  transition énergétique justes, équitables, ordonnées, inclusives et durables, tout en tenant compte des circonstances, capacités et priorités nationales et de la croissance de l’économie mondiale. Cela renvoie aux besoins impérieux de sécuriser la demande et les approvisionnements et la nécessité d’une coopération internationale ouverte et transparente pour protéger les infrastructures sensibles de gaz naturel et renforcer leur résilience aux catastrophes naturelles, aux incidents techniques et aux menaces d’origine anthropique, y compris l’utilisation malveillante des technologies de l’information et de la communication.
Deuxièmement, la stabilisation des prix  très volatils, fluctuant de 2023 et février 2024, entre 30 et 50 dollars le mégawattheure, après avoir atteint plus de 200 dollars au début du conflit Russie/Ukraine, afin de relancer les investissements hautement capitalistiques  et dont la rentabilité est à moyen et long terme, d’où la référence de nombreux producteurs de contrat à moyen et long terme.  Troisièmement, pour assurer l’approvisionnement en énergie au niveau mondial,  il a été décidé une entente entre les pays de l’OPEP+ et le forum des pays exportateurs de gaz  encore que n’existe pas  depuis quelques années une corrélation entre l’évolution du prix du pétrole et celui du gaz  (l’indexation posant problème). Pour la commercialisation du gaz, il faut distinguer la production  commercialisée par  canalisation  où actuellement contrairement au marché du pétrole qui est un marché mondial côté heure par heure, journée par journée à la bourse selon la loi de l’offre et de la demande ,, la prédominance  sont les  canalisations  environ 65%,étant pour l’instant un marché segmenté géographiquement, étant prévu 50% horizon 2030. En cas où la part du GNL quoi connaît une forte croissance depuis la crise de l’Ukraine/Russie, représenterait 80/85% du marché, on pourrait alors parler , sous réserve de certaines conditions, d’un marché équivalent à celui du pétrole. Quatrièmement, la résolution tout en rejetant toute intervention artificielle sur les marchés du gaz naturel, y compris les tentatives de modifier la détermination des prix et la gestion des risques des marchés, ainsi que l’imposition de plafonnements de prix motivée par des raisons politiques, qui ne peuvent qu’aggraver la situation du marché et décourager les investissements nécessaires pour satisfaire la demande énergétique mondiale, préconise la nécessité d’un rapport de confiance entre les producteurs et les consommateurS du fait que l’énergie est au  cœur de la  croissance de l’économie mondiale et de la  sécurité des États et donc   d’assurer la stabilité sur le marché qui renvoie pas  seulement aux fondamentaux  économiques mais également  aux tensions géostratégiques qui peuvent perturber le marché exemple récent  les sanctions européennes  contre la Russie  et les  tensions en Mer rouge ou à des facteurs exogènes imprévisibles comme l’impact du coronavirus.
Cinquièmement, développer le  gaz naturel dans la chaîne des valeurs du secteur pétrochimique et l’industrie chimique en général, pour atteindre les objectifs de développement durable des Nations unies, y compris la production d’engrais pour assurer le développement notamment de l’Afrique et la sécurité alimentaire mondiale et éradiquer la faim. Sixièmement, le développement du XXIème siècle reposant sur la bonne gouvernance et la valorisation du savoir, la résolution stipule la  détermination du GECF  à promouvoir des technologies innovantes pour le gaz naturel et les industries connexes, à travers l’Institut de recherche sur le gaz dont le siège est à Alger.
F. G.

BIOGRAPHIE (*)
Professeur des Universités,  Dr Abderrahmane MEBTOUL , ancien émigré ayant effectué ses études primaires, secondaires, et une fraction du supérieur à Lille (France),  auteur de 20 ouvrages et  plus de  700 contributions locales et internationales notamment sur les relations internationales (plusieurs contributions internationales  sur  les relations Europe/Maghreb ,  les enjeux énergétiques en  Méditerranée)
–  Expert international en management stratégique – expert comptable de l’Institut supérieur de gestion de Lille France-est   Docteur d’état en sciences économiques (1974) à l’âge de 26 ans. Directeur d’Études au ministère de l’Énergie/Sonatrach 1974/1979 – 1984/1987- 1990/1995 – 2000/2008- 2013/2015  ( ayant dirigé plusieurs audits sur Sonatrach) –  Ancien magistrat – Premier conseiller- Directeur général  des Études Économiques à la Cour des comptes (1980/1983) –Président de l’Association nationale de développement de l’économie de marché ADEM (agrément ministère de l’Intérieur 63/92) de 1992 à 2015, président du Conseil algérien des privatisations – Rang ministre délégué (1996/1999) – Directeur d’études au cabinet de la sûreté nationale – DGSN – (1997/1998) Expert au Conseil économique et social (1996/2008) – Expert  à la Présidence de la République 2007/2008.  À représenter au niveau international , l’Algérie au niveau du forum  entre 2019/2020,   de la société civile de la méditerranée orientale des 5+5 + Allemagne  + les  organismes internationaux FMI, Banque mondiale, commission européenne, BIRD, OCDE, où il a présidé la commission transition énergétique.  Membre du  Forum mondial du développement durable et de la revue passages  , contribue régulièrement à la revue   stratégie/ défense de la revue  Vigie,  a dirigé plusieurs études  dont celle de la sphère informelle au Maghreb pour l’Institut Français des Relations Internationales IFRI , étant membre du conseil scientifique de la revue africaine CAFRAD/UNESCO  de 2010  à ce jour.  De 1974 à 2024. Il est  consulté, en tant qu’expert indépendant,  par les différents gouvernements successifs algériens sur différents dossiers économiques.

Les sept impacts du réchauffement climatique
Les impacts du réchauffement climatique au niveau mondial sont globaux car toute action dans une zone déterminée du globe à un impact sur le reste du monde. Depuis 1850, notre planète s’est déjà réchauffée en moyenne de 1,1°C. Selon le sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le réchauffement planétaire en cours pourrait atteindre 1,5°C à 4,4°C d’ici 2100. Les experts du GIEC indiquent que le réchauffement climatique devrait être contenu à +1,5°C au maximum d’ici 2100 pour éviter que notre climat ne s’emballe. Cette limitation sera hors de portée à moins de réductions immédiates, rapides et massives des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2050 : il ne faudra plus émettre dans l’atmosphère plus de CO2 que ce que nous sommes capables d’en retirer. Réussir la transition énergétique nous permettra d’envisager un avenir économique plus solide et plus durable. En favorisant l’essor de nouvelles technologies et industries, cette transition peut contribuer à l’augmentation de la croissance économique absolue, délivrer des retours sur investissement plus durables et garantir à tous un meilleur cadre de vie. Le réchauffement climatique a plusieurs effets : hausse du niveau des mers, modification des océans, amplification des phénomènes météorologiques extrêmes, menaces sur les plantes et les animaux, bouleversement des conditions de vie humaine ; impact sur le système de santé et la crise alimentaire. Si nous échouons à passer à un monde à faible émission de carbone, c’est l’intégrité globale de l’économie mondiale qui est menacée, car le climat mondial est un vaste système interconnecté. Si l’Afrique, l’Asie dont la Chine et l’Inde plus de 4 milliards d’habitants sur les 8 milliards avaient le même modèle de consommation énergétique que l’Europe et les USA, moins d’un milliard d’habitant pour un PIB mondial dépassant les 40%, il faudrait selon les experts trois à quatre fois la planète Terre.
Premièrement : pour la hausse du niveau des mers, le constat est la hausse moyenne des températures, qui provoque une fonte des glaces continentales (glaciers, icebergs, etc.). Le volume de glace fondue vient s’ajouter à celui de l’océan, ce qui entraîne une élévation du niveau des mers.. Près de 30% de cette élévation est due à la dilatation causée par l’augmentation de la température de l’eau. Entre 1901 et 2020, le taux moyen d’élévation du niveau marin s’accélère; il était de près d’1,3 mm par an entre 1901 et 1971; d’environ 1,9 mm par an entre 1971 et 2006, et il atteint près de 3,7 mm par an entre 2006 et 2020. Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) estime que le niveau des mers pourrait augmenter de 1,1 m d’ici 2100. Comme impact, les zones côtières seront confrontées à des inondations dans les zones de faible altitude plus fréquentes et plus violentes et à l’augmentation de l’érosion du littoral.
Deuxièmement : la modification des océans qui absorbent naturellement du gaz carbonique, en excès dans leurs eaux, acidifie le milieu sous-marin. Une acidification trop importante des eaux marines peut provoquer la disparition de certaines espèces, notamment des végétaux et des animaux tels que les huîtres ou les coraux. En plus de son acidification, les activités humaines entraînent d’autres modifications des océans: baisse de sa teneur en oxygène, réchauffement et augmentation de la fréquence des vagues de chaleur marines. Ces changements affectent les écosystèmes marins, et les populations qui en dépendent.
Troisièmement : l’amplification des phénomènes météorologiques extrêmes provoque l’évaporation de l’eau, ce qui modifie le régime des pluies. Cela apporte des pluies plus intenses, avec les inondations qui les accompagnent dans certaines régions, et des sécheresses plus intenses et plus fréquentes dans de nombreuses autres régions. En effet, lors de pluies violentes, les sols ne peuvent pas fixer l’eau. Elle s’écoule alors directement vers les cours d’eau plutôt que de s’infiltrer. Dans ces conditions, les nappes d’eau souterraines peinent à se reconstituer. Le réchauffement planétaire entraîne d’autres dérèglements tels que le dérèglement des saisons et le déplacement des masses d’air qui pourraient, à long terme, accroître le nombre d’événements climatiques extrêmes: tempêtes, ouragans, cyclones, inondations, vagues de chaleur, sécheresses, incendies.
Quatrièmement : le réchauffement climatique est une menace sur les plantes et les animaux car les cycles de croissance des végétaux sauvages et cultivés sont modifiés: gelées tardives, fruits précoces, chute des feuilles tardives, etc. Beaucoup d’espèces ne supporteront pas les nouvelles conditions climatiques et l’agriculture devra s’adapter en choisissant des espèces précoces. Les comportements de nombreuses espèces animales sont perturbés: modification des zones de vie de certaines espèces, modification des aires de migration, etc. Elles devront migrer ou s’adapter rapidement à ce dérèglement climatique sous menace d’extinction. Un réchauffement de 1°C oblige déjà certaines espèces à se déplacer de plusieurs centaines de km vers le Nord ou de plusieurs dizaines de mètres en altitude pour retrouver leurs conditions de vie.
Cinquièmement : l’impact du réchauffement climatique bouleverse les conditions de vie humaine. Certains de ces effets sont irréversibles, ils ont poussé les écosystèmes au-delà de leur capacité d’adaptation. Aujourd’hui, selon le rapport du GIEC, environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des habitats très vulnérables au changement climatique.. Si le niveau des mers augmente d’1,1 m d’ici 2100, près de 100 millions de personnes seront contraintes de changer de lieu d’habitation, et certaines terres côtières ne seront plus cultivables. En raison de la montée des eaux, des famines ou encore des tempêtes, de nombreuses personnes seront contraintes, pour s’adapter au dérèglement climatique, de quitter leur maison ou leur pays: près de 220 millions de migrants climatiques sont envisagés d’ici à 2050 à cause de toutes ces catastrophes. Par ailleurs, le changement climatique accroît les risques sanitaires: vagues de chaleur, cyclones, inondations, sécheresses, propagation facilitée de maladies.
Sixièmement : les dérèglements climatiques perturbent la distribution des ressources naturelles, leur quantité et leur qualité. De plus, les rendements agricoles et des activités de pêche sont impactés. Les rendements agricoles pourraient baisser d’environ 2% tous les 10 ans tout au long du XXIe siècle, avec des fluctuations chaque année. Cela mène à une insécurité alimentaire (augmentation du prix des denrées, difficultés d’approvisionnement, etc.) et des tensions autour des ressources.
Septièmement : les impacts sur les coûts. Ainsi, selon l’AIE, les engagements gouvernementaux actuels ne permettraient d’atteindre que 20% des réductions d’émissions nécessaires d’ici 2030. Pour atteindre les objectifs, il faudrait investir chaque année jusqu’à 4 000 milliards de $ au cours de la prochaine décennie, en dirigeant la majorité de ces investissements vers les économies en développement. Des estimations plus larges sont réalisées pour chiffrer les investissements nécessaires à plus long terme. Morgan Stanley prévoit par exemple qu’il faudrait 50 000 milliards de $ pour transformer ce que le groupe bancaire décrit comme les cinq industries clés: énergies renouvelables, véhicules électriques, hydrogène, captage / stockage du carbone et biocarburants. Selon le réassureur Swiss Re, assureur des assureurs, il faudrait 270 000 milliards de dollars d’ici 2050, et les objectifs de l’accord de Paris ne pourront être atteints qu’en 2069, soit 20 ans de retard, devant miser sur l’efficacité énergétique en premier lieu dans le transport (estimation de l’investissement à 114 000 milliards de dollars, de l’énergie,(78 000 milliards de dollars) du Btph (65 milliards de dollars), de l’industrie(15 milliards de dollars sans compter les coûts dans la santé et l’agriculture et celui des loisirs, nouveaux modes du tourisme nécessitant la réforme du système financier mondial du fait que les obligations vertes représentent en 2021 seulement 2% de la valeur du marché obligataire mondial. Sans changement de trajectoire, le PIB mondial pourrait être en baisse de 7 à 10% vers 2050. Les prévisions du Ngfs, qui s’appuient sur la simple mise en place des politiques actuelles, envisagent une perte de production équivalant à environ 5% du PIB mondial d’ici 2050, et jusqu’à 13% d’ici 2100. L’université de Princeton estime que les USA devront investir 2 500 milliards de $ (soit 11% de leur PIB) d’ici 2030 pour pouvoir atteindre l’objectif net zéro en 2050. La Commission européenne, quant à elle, parle d’un investissement de 3 500 milliards d’euros au cours des dix prochaines années (soit 25% du PIB), tandis que l’université de Tsinghua University prévoit que le plan chinois coûtera au cours des quatre prochaines décennies environ
21 600 milliards de dollars ce qui représente 122% du PIB du pays.

Les cinq axes de la politique énergétique de l’Algérie
L’Algérie axe sa stratégie autour de cinq axes directeurs. Le premier axe est l’amélioration de l’efficacité énergétique avec la révision des méthodes de construction, car les anciennes normes induisent une forte consommation d’énergie, alors que les techniques modernes économisent de 40 à 50% de la consommation (étude réalisée sous notre direction assisté par le bureau d‘études américain Ernst & Young 2008, une nouvelle politique de subventions des carburants Ministère de l’Énergie 2008, 7 volumes 680 pages)expliquant la forte  consommation intérieure  45% de la production restant 55% pour l’exportation  et devant tenir compte d’environ 20% de réinjection dans les puits pour éviter leur épuisement. Le deuxième axe, est relatif à l’investissement en amont pour de nouvelles découvertes d’hydrocarbures traditionnels, la superficie exploitée étant d’environ 45%, pouvant découvrir d’importants autres gisements  en favorisant avec les grandes compagnies un partenariat gagnant-gagnant. Sonatrach  prévoit d’investir  environ 40 milliards de dollars  durant les cinq prochaines années..  Pour accroître ses exportations, l’Algérie entend développer  le projet du gazoduc trans-saharien NIGAL, d’une longueur de 4128 kilomètres (qui suppose la résolution du conflit au Niger) et d’une capacité annuelle de trente milliards de mètres cubes . et également  le projet de Galsi, via la Sardaigne et la Corse, gelé depuis 2012 et qui annonçait alors une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux pour un investissement de 3 milliards de dollars, coût de 2012, devant être relié à la Corse (cf. conférence du Pr A.Mebtoul à la CCI de Corse et son déplacement en Sardaigne pour défendre ce projet).  Le troisième axe  est lié au développement des énergies renouvelables   combinant l’Énergie hydraulique, l’’énergie éolienne, l’énergie solaire. (3000 heures de soleil) la biomasse et  la géothermie. Avec plus de 3 000 heures d’ensoleillement par an. Le programme algérien consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW, dont 12 000 MW seront dédiés à couvrir la demande nationale de l’électricité et 10 000 MW à l’exportation, d’ici 2030, l’objectif étant de produire 40% des besoins internes en électricité à partir des énergies renouvelables alors qu’en 2023, cela représente seulement 1% nécessitant  d’importants financements et un savoir-faire. Dans le  cadre de sa transition énergétique l’Algérie mise sur le développement de l’hydrogène vert et bleu prévoyant  20 à 25 milliards de dollars à l’horizon 2030/2040  prévoyant  de produire  30 à 40 TWh d’hydrogène gazeux et liquide, avec un mix à la fois composé d’hydrogène bleu, produit à partir de gaz, et d’hydrogène vert fabriqué par électrolyse grâce aux importantes ressources solaires du pays, avec pour objectif de fournir à l’Europe 10/15% de ses besoins en hydrogène vert, d’ici à 2035. Le quatrième axe : selon la déclaration de plusieurs ministres de l’Énergie entre 2013/2023, selon laquelle l’Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 à des fins pacifiques, pour faire face à une demande d’électricité galopante. Les réserves prouvées de l’Algérie en uranium avoisinent les 29 000 tonnes, c’est de quoi faire fonctionner deux centrales nucléaires d’une capacité de 1 000 Mégawatts chacune pour une durée de 60 ans. Le cinquième axe : selon les études américaines, l’Algérie possède le troisième réservoir mondial de pétrole-gaz de schiste, environ 19 500 milliards de mètres cubes gazeux, mais cela nécessite, outre un consensus social interne, de lourds investissements, la maîtrise des nouvelles technologies et des partenariats avec des firmes de renom… C’est une étude que j’ai eu à diriger  assisté des cadres de Sonatrach sous le titre : gaz de schiste, opportunités et risques et la nécessaire transition énergétique 8 volume 780 pages, Premier ministère 2015).

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