Plusieurs villes du pays ont été inondées suite aux fortes pluies diluviennes qui s’y sont abattues durant la nuit de jeudi dernier. Une demi-heure de pluie aura suffi pour mettre la Capitale sous l’emprise des eaux. Le niveau de pluviométrie est-il pour quelque chose ? Pour l’architecte et expert international, Djamel Chorfi, ce n’est pas une pluviométrie exceptionnelle qui a occasionné ces inondations, mais c’est plutôt la qualité des travaux qu’il met en cause. «La pluie est venue encore une fois mettre à nu le travail bâclé de la part des acteurs de l’acte de bâtir», a souligné hier cet expert, dans une déclaration accordée à notre journal. Preuve en est, l’architecte estime que le niveau de la pluviométrie enregistré à Alger reste modéré. Autrement, «la catastrophe a été évitée de justesse», déplore l’expert, en précisant que « si les précipitations étaient plus importantes, les dégâts seraient considérables. » Par rapport justement au risque d’inondation, l’expert notera que «l’urbanisation anarchique contribue de manière considérable à accroître les risques», ajoutant que «la réalisation de projets importants et des infrastructures ont été érigées sur «des zones de danger». Chorfi en veut pour exemple les bâtisses construites sur des nids d’Oued comme le quartier de Sidi Yahia, situé dans la commune de Hydra, à Alger et la station de métro du Ruisseau. «Une erreur donc fatale», estime l’expert. «On n’accorde pas d’importance à notre environnement et à ce qui nous entoure. C’est ce qui fait que lorsqu’une catastrophe arrive, les dégâts humains et matériels peuvent être énormes», prévient-il encore, ajoutant que la priorité pour les pouvoirs publics était d’éradiquer les bidonvilles. Mais, et en conséquence à cette politique d’urbanisation non-réfléchie, «on a éradiqué les bidons villes pour faire une bidonvilles !», déplore l’expert. Autrement dit, les règles de l’urbanisme n’ont pas été respectées ? «Au vu de ce qui s’est passé, il est clair que les règles basiques en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire sont occultées, et qu’elles ont été bafouées par les personnes en charge du respect de la gestion des cités», répond Chorfi. Depuis jeudi soir, plusieurs vidéos montrant les dégâts provoqués par les dernières précipitations continuent à faire le tour de la toile. L’une met à jour une fuite d’eau à travers le plafond du nouvel Aéroport d’Alger Houari-Boumediene. Une scène qui n’a pas laissé indifférent l’expert Djamel Chorfi. Il a qualifié ainsi l’infrastructure d’«œuvre maquillée, résultat du Made in China.» Par ailleurs, Djamel Chorfi revient sur la loi 08/15 portant mise en conformité des constructions, dont le texte, selon lui, «a permis de régulariser l’anarchie urbaine». Enfin, l’expert en architecture et urbanisme accuse d’avoir manqué de prévention dans la lutte contre les catastrophes naturelles. «Les autorités concernées ne tirent pas de leçons de nos expériences», a-t-il dit avant de rappeler les inondations tragiques de Bab El Oued, en 2001, ayant coûté la vie à plusieurs centaines de personnes.
Mohamed Amrouni
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