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DISPONIBILITÉ DES DENRÉES ALIMENTAIRES ET SPÉCULATION : Les carences persistent malgré les assurances de l’État

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Les autorités publiques affirment maitriser la situation, celle d’assurer l’approvisionnement du marché national, répondre à la demande croissante des citoyens en termes de denrées alimentaires et produits de première nécessité.

Mais sur le terrain, la réalité semble tout autre, car se procurer certains produits en cette période de confinement est, pour beaucoup, un luxe. Si les produits agricoles (fruits et légumes) sont disponibles à des prix abordables, ce n’est pas le cas pour le sachet de semoule ou de farine qui se font rares. Le constat ne concerne pas seulement les zones éloignées, mais touche même les grandes agglomérations. Le citoyen est entre le marteau de la rareté de certains produits et l’enclume de la spéculation. Ces deux phénomènes accablent le quotidien des familles algériennes contraintes de rester chez-elles pour se prémunir contre le Coronavirus. Certains, grâce à leur bon réflexe celui de stocker avant que la situation se serre, ont pu surpasser ce problème. Mais ceux qui souffrent maintenant sont les citoyens qui n’ont pas de moyens de s’offrir certains produits de base.
Dans certaines localités, les citoyens se plaignent du phénomène de la spéculation exercé par des commerçants véreux, que ce soit dans les points de vente réguliers ou ceux du circuit informel. À défaut de contrôle, ceux-là ne trouvent aucune gêne d’augmenter les prix à leur guise, profitant ainsi de la situation pour s’enrichir. L’absence de l’État et d’un contrôle efficace et régulier accentue la souffrance des citoyens contraints de faire face à cette conjoncture.
Lors de son passage hier-matin, à la Chaîne 3 de la Radio nationale, le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Omar Chérif, a encore une fois rassuré quant à la capacité de l’État d’assurer la disponibilité des produits alimentaires de première nécessité et de stabiliser les prix.
Se référant aux indices réalisés par son département liés à la production agricole et le stock stratégique existant, le ministre a éloigné l’hypothèse d’une crise alimentaire. Il a affirmé que toutes les dispositions nécessaires ont été prises pour assurer l’approvisionnement alimentaire de la population dans le temps normal et dans les conditions extraordinaires. « Je rassure l’ensemble de la population de la disponibilité de tous les produits alimentaires notamment les produits de base, tels que la semoule, le blé, la pomme de terre, les produits agricoles : fruits et légumes ; le lait, les viandes rouges et blanches. On a des stocks stratégiques qui peuvent nous permettre d’assurer correctement et de manière très stable nos marchés. Donc ce n’est pas la peine de prendre des comportement de panique et de s’affoler pour prendre la semoule et autres produits », a déclaré M. Omari qui rappelle l’approche de la saison de la récolte qui débutera la semaine prochaine.
En outre, les producteurs des produits de la large consommation et les agriculteurs sont mobilisés et produisent toujours dans cette situation exceptionnelle. D’autre part, l’élan de la solidarité s’allonge entre les différentes franges de la société. Des caravanes de solidarité sillonneront les zones qui enregistrent un manque, souligne M.Omari.
« On s’attend à une saison prometteuse malgré le stress hydrique connu au mois de janvier et février derniers. Heureusement, il y a des précipitations en ce mois de mars. Les cultures se portent bien. La campagne de récole s’annonce très prometteuse d’après les premiers éléments d’appréciation notamment à l’Est et au Centre du pays. Des champs de blé se portent très bien. Le programme des semences est gardé avec la nécessité de l’adapter aux aléas climatiques. Les efforts vont dans le sens du renforcement de la capacité d’irrigation, la reconquête des espaces dans les Hauts-Plateaux pour l’extension des cultures, et la facilitation des investissements allant dans ce sens », a souligné le ministre relevant que la production céréalière sera identique à celle de l’année passée qui a dépassé 56 millions de quintaux, dont une quantité de blé dure stockée. « Avec nos capacités de stockage, la situation est confortable », a rassuré l’invité de la Rédaction.

« Des instructions pour inonder le marché en blé dur »
Expliquant la forte pression sur la semoule et certains produits alimentaires stratégiques enregistrée ces derniers temps, sur fond du Coronavirus et l’approche du mois sacré, M.Omari a souligné que l’Algérie est un grand consommateur du blé tendre vues les habitudes alimentaires basées sur le pain blanc. « Aujourd’hui il y a une ruée considérable sur la semoule, ce qui explique qu’il y a un retour vers les habitudes alimentaires du fait du confinement intégral ou partiel, dans certaines zones  où le recours à l’utilisation de cette matière qui rentre dans la préparation classique des produits de base comme la galette, le couscous enregistre une hausse de la demande. Et pour faire face à cette demande excessive exprimée ces deniers jours, des instructions ont été données afin d’inonder le marché en termes de matière première, en termes du blé dur. On a approvisionné les semouleries, les transformateurs, et on leur a donné même un stock pour travailler le week-end et exploiter au maximum leurs capacités de trituration et mettre à disposition des consommateurs des quantités importantes de la semoule. Maintenant, reste à améliorer le système de la distribution dans les zones reculées et les zones d’ombres, et sensibiliser pour une consommation rationnelle ».
Afin d’assurer l’approvisionnement du marché et faire face à la demande, le ministre a fait savoir qu’en janvier l’Algérie a importé 660.000 tonnes de blé tendre pour reconstituer le stock. «  En cette matière, on est en train de consommer sur la production nationale. Le stock stratégique de plus de 20 millions de quintaux récoltés l’année passée suffit largement à couvrir nos besoins des six mois à venir », a-t-il dit tout en signalant que le pays se dirige vers une sécurité alimentaire en matière de semences. «  Depuis quelques années notre production nationale nous permet de couvrir les besoins de la demande locale. C’est un acquis réalisé par l’Algérie », a –t-il souligné ajoutant qu’un programme national encourage les variétés autochtones.
Le ministre a noté que les efforts vont dans le sens du renforcement des capacités existantes afin de mieux gérer les stocks, et barrer la route aux spéculateurs.
H. Hadjam

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