Le discours, prononcé par le viceministre de la Défense nationale et chef de l’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, à Constantine, a suscité plusieurs réactions au sein de la classe politique. Nous avons recueilli ici les déclarations du FFS, Jil Jadid, MDS et du FJD.
Le FFS : «Gaïd Salah n’a aucun droit d’imposer sa propre feuille de route»
«Le chef d’état major de l’Armée, Ahmed Gaïd Salah, n’a aucun droit d’imposer sa propre feuille de route politique aux millions d’Algériennes et d’Algériens qui ont manifesté une volonté inusable de mettre fin aux simulacres électoraux et de s’inscrire enfin, dans un processus de transition démocratique» considère le Front des forces socialistes dans un communiqué. «Le FFS rappelle que seule l’élection d’une assemblée constituante souveraine est à même de prendre en charge les aspirations légitimes du peuple algérien. Le Front des forces socialistes ne se lassera jamais de rappeler à l’Institution militaire ses missions constitutionnelles qui se limitent à sauvegarder l’unité du peuple et de son territoire et à se porter garante de protéger le processus démocratique qui aura lieu indiscutablement» précise le premier secrétaire Hakim Belahcel, en ajoutant «malheureusement, le viceministre de la Défense ne semble pas comprendre ou il ne veut pas admettre que le peuple algérien n’accorde aucun crédit et aucune confiance à ses discours hebdomadaires». «Gaïd Salah vient aujourd’hui de réitérer sa volonté opiniâtre, de maintenir, advienne que pourra, une élection présidentielle, en transgressant encore une fois les limites constitutionnelles qui l’empêchent de s’interférer dans les affaires politiques du pays» conclut le FFS.
Jil Jadid : «Une préparation pour prolonger les présidentielles»
«C’est un pas en avant deux pas en arrière» a réagi hier Sofiane Djilali, président de Jil Jadid au discours de Gaïd Salah, «c’est clair que le chef d’étatmajor s’attache toujours à la mise en application de l’article 102, mais il dit que les élections présidentielles doivent se dérouler le plus tôt possible», donc c’est autrement dit, explique l’exmembre du mouvement Mouwatana «qu’il commence à préparer l’opinion publique que les élections ne peuvent pas se dérouler le 4 juillet» plus exactement, précise-t-il, «Le plus tôt possible signifie que la date n’est pas fixée». En général c’est une façon pour nous dire qu’il y aura probablement une prolongation » affirme Djilali qui, par la suite, aborde le discours du chef d’État par intérim, Abdelkader Bensalah, en disant : «Pour Bensalah, on l’a oublié déjà. Certes il est président mais personne ne fait attention à ce qu’il dit». conclut-il.
Le MDS: «Un discours caduc»
Le coordinateur national du Mouvement Démocratique Socialiste (MDS), Gheres Fathi, a qualifié hier le discours du chef d’état-major de «caduc», en insistant à ce que Gaïd Salah réponde aux revendications du peuple en quittant son poste le plus tôt possible. «Il faut que Gaïd Salah accélère son départ et non pas l’organisation des élections» nous a-t-il déclaré hier, «c’est pareil pour Bensalah» «les Algériens sont déterminés que la transition démocratique ne pourra pas se faire avec ces figures», préciset- il avant d’ajouter : «actuellement, on ne peut pas organiser des élections, c’est un décalage flagrant entre la réalité politique dont les algérien sont en train de définir le contour et entre la volonté du pouvoir qui n’arrive pas à voir et à écouter les citoyens». Selon notre interlocuteur le moment n’est pas venu pour organiser des élections en précisant que l’Armée populaire doit jouer son rôle principale d’accompagner et d’assurer une transition démocratique» conclut-il.
FJD : «Le mouvement risque de se diviser et de s’affaiblir»
Le président du Front de la Justice et du Développement (FJD), Abdallah Djaballah, a appelé, dans une publication sur sa page Facebook, à des reformes profondes et à un changement radical à travers un consensus entre tous les acteurs du changement de la Nation ; «classe politique, personnalités nationales et société civile» pour trouver, selon lui, une solution de sortie à la crise afin d’éviter «la division du mouvement populaire. En ajoutant que cette division ne servira en fin de compte que le «lobby Bouteflika», prévient-il.
Propos recueillis par Sarah Oubraham