Le candidat à la présidentielle et chef de la formation islamiste, Mouvement El-Binaa, Abdelkader Bengrina, s’est engagé hier lors d’un meeting populaire organisé à Médéa de libérer, s’il accéderait à la Présidence, le moudjahid Lakhdar Bouregâa, ancien commandant de l’ALN, 86 ans, emprisonné depuis le 30 juin dernier suite à ses déclarations publiques pour lesquelles il a été poursuivi pour “ outrage à corps constitué” et “atteinte au moral de l’armée.” Bengrina a exhorté également les pouvoirs publics à “être plus cléments” à l’encontre de ceux qu’il a qualifiés de “jeunes induits en erreurs” et de procéder de la sorte à leur libération. “Comme on avait fait preuve de clémence de par le passé avec les jeunes qui avaient porté les armes, il faut l’être aussi aujourd’hui avec ces jeunes avec lesquels nous avions des visions différentes mais qui sont quand-même nos frères,” a-t-il lancé devant ses sympathisants. Mais, a précisé Bengrina, “Cela ne veut aucunement dire que je réclame la libération des membres de la 3issaba (la bande) qui croupissent en prison. Je ne peux me permettre d’interférer dans des décisions et jugements rendus par la Justice à l’encontre de ceux qui ont conspiré contre l’État, encouragé la corruption et semé la discrimination entre Algériens”. Jouant la carte de président fédérateur et rassembleur, le candidat islamiste a promis, s’il était élu Président, de donner plus d’aspects à la “réconciliation nationale”, – un projet amené par le président sortant Bouteflika mais que Bengrina s’approprie depuis le début de sa campagne -, afin de “rendre justice aux enfants de certains responsables qui avaient été dans des partis politiques qui n’étaient pas dans les grâces des autorités dans un passé récent”. Avant de poursuivre : “Mon objectif sera de bannir toute discrimination entre Algériens, et d’œuvrer à réaliser un partage équitable des richesses pour tout le peuple sans exclusion”. Bengrina, hué, a été encore une fois interpellé hier à Médéa par un jeune qui lui a demandé de partir estimant que lui aussi «fait partie» du système de Bouteflika. Titillant de nouveau la fibre du Hirak malgré le rejet qu’il essuie à chacune de ses sorties sur le terrain, Bengrina estime être «victime de la propagande de la 3issaba qui avait œuvré à entacher la notoriété des hommes honnêtes», se disant toutefois «ouvert» à toutes les critiques. “Vous avez raison de vous faire des doutes à mon égard, parce que la 3issaba a semé entre nous les graines de désespoir et de doute. Mais, jamais je n’ai volé, avoir menti ou avoir été un laudateur. J’étais toujours le premier à répondre à l’appel de l’Algérie,” a renchéri Bengrina. Dans sa réaction sur le nouveau découpage administratif du pays, Bengrina s’en est pris énergétiquement au chef de l’État par intérim et à son Premier ministre. “La promotion au rang de wilaya est une prérogative du futur Président et non pas de ce gouvernement de gestion des affaires courantes.
Il ne s’agit nullement des prérogatives de Bensalah ou de Bedoui d’y toucher,” a-t-i critiqué, s’interrogeant : “est-ce pour promouvoir les walis délégués désignés par la 3issaba que vous aviez décidé de promouvoir les wilayas déléguées au rang de wilayas?” D’autre part, Bengrina a pointé du doigt des “anomalies” durant la campagne et menacé de se retirer en pleine course si les autorités n’y remédient pas à cette situation. Il est allé même jusqu’à accuser l’un de ses concurrents, qu’il s’est gardé de citer toutefois, d’“intentions de fraude”, menaçant de révéler son identité et ses pratiques, qu’il affirme avoir des preuves dans les wilayas d’Alger, Chlef, en plus de deux autres wilayas. Il a dit qu’il portera plainte auprès du chef d’état-major de l’Armée, Ahmed Gaïd Salah, qu’il a sollicité pour “protéger les élections présidentielles de la fraude.”
Hamid Mecheri