Comme nous l’avions déjà annoncé, le Parti des travailleurs (PT) a connu la semaine passée une démission collective de certains membres de son comité central.
En effet, le parti a déjà subi en son sein, depuis le début du mouvement populaire du 22 février 2019, l’incarcération de sa charismatique secrétaire générale, Louisa Hanoune, dans la prison de Blida. La patronne du PT était impliquée, avant qu’elle soit innocentée neuf mois plus tard, dans l’affaire de Athmane Tartag, Mohamed Mediene et Saïd Bouteflika, le frère de l’ex-Président déchu. Hanoune, condamnée à trois ans de prison dont neuf mois ferme, a été libérée en février passé par le même tribunal après avoir purgé sa peine. À souligner que la SG du PT n’a pas, depuis, repris ses activités politiques, qu’après un certain temps, avant de faire, de temps à autre, des entrevues avec les médias. Entre temps, et pendant que Hanoune était en détention, les militants de son parti se sont mobilisés pour revendiquer et demander sa libération « inconditionnelle ». Des conférences de presse ont étés organisées dans ce but, des pétitions signées par des personnalités nationales et politiques appelant à sa libération.
Sauf que ce qui se passait dans les « coulisses » était, contraire à ce qu’on pourrait penser, puisque le parti de Hanoune souffrait d’une crise interne qui commence à se manifester à travers cette démission en cascade, dont le parti vient de perdre des membres siégeant dans son comité central, de surcroît en cette période charnière dans le devenir du pays. Cette saignée compte plusieurs cadres et militants parmi ceux connus par leur travail syndical et politique. C’est d’ailleurs ce qu’a révélé la lettre de démission des membres du comité central et publiée par les intéressés, dont la décision remonte à plus d’une année. Soit, depuis que la première responsable du parti était en prison, si ce n’est avant.
À ce propos, nous avons contacté le cadre et militant du Parti des travailleurs, Youcef Taazibt, pour avoir de plus amples informations. Abordant la question avec un rire presque « moqueur » depuis l’autre bout du fil, Taazibt s’est interrogé : « Je ne vois pas pourquoi la presse s’intéresse à un sujet pareil », avant de tempérer : « Dans la vie politique il y a des gens qui démissionnent et d’autres qui adhèrent dans le parti. C’est normal ». L’ex député du PT nous a indiqué que les trois membres du comité central qui ont démissionné ont quitté le parti depuis une année et demi pour des raisons « personnelles ». Et de commenter que « ce n’est pas du tout un événement, il s’agit d’une tempête dans un verre d’eau », comme pour minimiser l’impact de cette démission. Abordant l’avenir du parti, il écarte même d’éventuelles « autres démissions » au sein du PT. « Notre parti se porte bien, se construit, nous n’avons absolument aucun problème », conclut notre interlocuteur.
Par ailleurs, nous avons joint Djeloul Djoudi pour mieux éclairer cette affaire. Ce dernier nous a promis de nous rappeler afin de nous communiquer plus de détails sur le sujet, tout en indiquant que le PT « publiera » dans les heures à venir un communiqué. Mais rien de tel, du moins, jusqu’à l’heure où nous mettions sous presse.
Pour rappel, trois membres du comité central du parti ont claqué la porte du parti, dont l’annonce publique a été faite samedi. Il s’agit de Smaïl Kouadria, Mohamed Eddine Hebachi et Houssam Eddine Betihi, tous représentants de la wilaya de Guelma au sein du comité central. «Cette décision survient après près d’une année de gel de leurs activités au sein du parti. La question devait être soumise à la direction nationale depuis plus d’une année, mais nous avons préféré temporiser, prenant en compte la situation de la secrétaire générale qui était emprisonnée, afin d’éviter les fausses interprétations», écrivent les trois cadres du PT dans leurs lettre adressée à la SG. « Maintenant que la SG est remise en liberté et a repris son activité partisane, nous mettons entre vos mains, et de façon officielle, notre démission du comité central et des rangs du Parti des travailleurs », concluent-ils.
Sarah Oubraham