Beaucoup de familles rurales et oléiculteurs ont retrouvé, depuis quelques jours, le chemin des vergers et des champs à la faveur du lancement de la cueillette des olives à travers les différents villages de la wilaya de Bouira, a-t-on constaté. Le retour d’un soleil clément a favorisé la sortie des villageois pour mener leur cueillette avant la détérioration des conditions météorologiques.
Accompagnées de leurs enfants, les familles se précipitent chaque jour pour reconquérir les champs et cueillir leur produit en déployant tous les outils indispensables à la campagne, dont échelles, bâches, scies, ciseaux et peignes. Les filets de récolte placés sous les arbres ont permis aux champs de reprendre les couleurs de la saison oléicole. Il s’agit d’une belle image, qui reflète l’ampleur de l’attachement des paysans à leurs terres et à l’olivier. La cueillette des olives est une tradition ancestrale et un mode de vie social pour la Kabylie et pour beaucoup de régions du pays, où ce sont les familles qui se mobilisent pour aller mener la campagne en allant engranger les récoltes dans les champs. « Il s’agit aussi d’un travail qui procure de la joie et du plaisir pour les familles et pour les enfants notamment pour les citadins, qui ont la nostalgie de leur terre ancestrale », a estimé Amar, un sexagénaire venu de Blida avec sa famille pour cueillir ses olives à El Asnam (Est de Bouira). Dans les champs, une ambiance particulière née des cris de joie et des brouhahas des enfants, remplissait les lieux. La cueillette des olives est souvent caractérisée par un esprit de solidarité et d’entraide entre les familles, une action appelée « Tiwizi » qui leur permet de récolter le produit et de partager des moments de convivialité. Malgré la nette régression de la production, due essentiellement à une faible pluviométrie, les paysans gardent toujours l’espoir de voir leur production augmenter la saison prochaine. « Cette régression est due au manque de pluies durant les deux dernières années (2019 et 2020), mais l’olivier est un arbre généreux et il est connu pour son cycle d’alternance », a expliqué à l’APS Mohamed Saïd, un oléiculteur du village d’Aguouillal (El-Adjiba). « Nous sommes optimistes quant au rendement de la saison prochaine, qui sera plus important surtout que la pluviométrie enregistrée jusque là est considérable », a-t-il dit A Aguouillal, à l’instar des autres localités environnantes, la campagne a démarré depuis quelques jours dans un climat d’ambiance. « C’est vrai qu’il s’agit des travaux durs, mais la cueillette des olives constitue aussi un moment de loisir et de détente », a souligné Mohamed Saïd. Le coup d’envoi de la campagne oléicole a été donné jeudi dernier par le wali, Lekhal Ayat Abdeslam, à partir d’une oliveraie d’Ouled Bellil. Sur place, le directeur des services agricoles (DSA), M’Hamed El Bouali, a exposé un rapport général sur la situation de l’oléiculture et des prévisions de production concernant la saison en cours. D’après les chiffres communiqués par le DSA, une production de moins de 9 millions de litres d’huile d’olive est attendue à Bouira, où la superficie de récolte globale est estimée à plus de 27 000 hectares. Ces chiffres sont en baisse par rapport aux saisons précédentes et « il s’agit de prévisions qui pourraient être revues à la baisse, en raison du déficit hydrique enregistré depuis deux ans », a souligné M. El Bouali. Pour ce qui est du rendement de la production de l’huile, le même responsable a précisé qu’il pourrait atteindre les 16 litres par quintal cette année. Cette baisse est à l’origine de la hausse des prix de l’huile d’olive. Le prix d’un litre d’huile d’olive est passé de 500 dinars il y’a quelques mois, pour atteindre 650 à 700 dinars actuellement. « Les prix oscillent entre 650 et 700 dinars. La hausse des prix est expliquée par une régression de la production cette année », a expliqué à l’APS Ahmed, un propriétaire d’une huilerie semi-automatique à Semmache (El-Adjiba). Au total 288 huileries, dont 41 traditionnelles, 81 semi-automatiques et 106 autres automatiques, ont rouvert leurs pores à l’occasion de la saison oléicole à Bouira. « Jusqu’à présent, une quantité de 9 150 quintaux a été triturée et la campagne se poursuit toujours », a conclu le DSA.