Inconnu des profanes en questions énergétiques, au début de cette année encore, le gaz russe domine l’actualité depuis qu’il est placé comme centre d’intérêt prioritaire dans l’opinion publique un peu partout dans le monde, après les sanctions unilatérales prises contre la Russie par les pays liés à l’OTAN, à cause de la crise en Ukraine.
Des médias français ont rapporté que le gestionnaire du réseau français transport de gaz GRTgaz a annoncé vendredi ne plus recevoir de gaz russe par gazoduc depuis le 15 juin, avec l’interruption du flux physique entre la France et l’Allemagne. Selon le média russe RT France, les livraisons de gaz par Gazprom, à travers le gazoduc sous-marin qui relie la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique depuis 2012, ont été réduites d’à peu près 60% pour des problèmes techniques. La même source indique que Gazprom a aussi réduit ses livraisons à l’Italien ENI de 15% pour la journée du 15 juin. Au début de ce mois, le vice-Premier ministre russe chargé de l’Énergie, Alexandre Novak, avait averti les consommateurs européens qu’ils seraient les premiers à être affectés par les sanctions antirusses. Cela est confirmé par des observateurs français qui craignent que la Russie décide de ne pas rouvrir ses vannes de gaz. Car, expliquent-ils, si l’hiver prochain est particulièrement froid, la France n’aurait pas assez de gaz à la fois pour les ménages qui se chauffent avec ce type d’énergie, mais aussi pour ses centrales à gaz qui fabriquent de l’électricité. Les Français seraient contraints à réduire leur consommation d’énergie et même une partie de l’industrie pourrait être privée de gaz. En réalité, les effets de la réduction de l’approvisionnement en gaz russe, indispensable aux centrales électriques, risquent de se faire sentir dès cet été, du fait de l’utilisation massive des ventilateurs et des climatiseurs. Les médias français s’inquiètent de la vague de chaleur qui touche actuellement la France et qui est en train de faire exploser la consommation d’électricité, dépassant les capacités de son parc nucléaire. Et encore, précisent les spécialistes français, les niveaux atteints sont très loin des records ou des pics historiques, même en période estivale. Ils signalent que certains pays comme l’Italie et l’Espagne ont récemment limité le niveau de la climatisation, pour économiser l’énergie et mettre fin à la dépendance européenne au gaz russe. On entend parler, en France, de l’éventualité de couper le gaz aux gros consommateurs, c’est à dire l’industrie et les entreprises, pour pouvoir assurer l’approvisionnement des établissements prioritaires comme les hôpitaux, les Ehpad ou encore les écoles. De plus, la hausse des prix du gaz va faire grincer même la machine économique touchant à la fois les agriculteurs ainsi que les petites et moyennes entreprises dont les plus vulnérables ont déjà fermé et d’autres pourraient suivre, si la tendance aux sanctions anti-russes se poursuit. Il y a sans doute une grande part de désinformation dans ce que véhiculent les médias français. Le président Poutine vient de déclarer que la hausse du prix du gaz n’a rien à voir avec l’opération militaire de la Russie en Ukraine. Par ailleurs, d’après RT France, Gazprom a précisé dans un communiqué que les exportations vers les pays ne faisant pas partie de la Confédération des États indépendants qui regroupent neuf des quinze anciennes Républiques soviétiques, avaient baissé de 28,9% du 1er janvier au 15 juin par rapport à la même période l’an dernier. Pour rappel, ces dernières semaines, Gazprom a interrompu ses livraisons de gaz à plusieurs clients européens – Bulgarie, Pologne et Finlande notamment – qui ont refusé le schéma de paiement avec un compte en rouble. Toutes les craintes liées au risque de réduction, voire l’arrêt, des approvisionnements européens en gaz russe, alors que l’alternative n’existe pas encore, font prendre conscience aux dirigeants européens de la nécessité d’aller vers une solution négociée pour mettre fin au conflit. Ce mercredi, le président Emmanuel Macron, en visite en Roumanie, a appelé le président ukrainien à négocier avec la Russie.
M’hamed Rebah