Mustapha Mékidèche, président du Panel du mécanisme africain d’évaluation par les pairs de l’Union africaine, estime que contrairement aux bailleurs de fonds traditionnels qui sont le Fonds monétaire internationale (FMI) et la Banque mondiale qui octroient des prêts désavantageux aux pays nécessiteux, les prêts chinois sont avantageux à tous points de vue. Il a, même conseillé à l’Algérie d’émarger à ce type de financement sans complexe, expliquant que le recours aux prêts chinois permet de passer cette crise pétrolière à cycle long sans pour autant hypothéquer les investissements dans les infrastructures qui sera la croissance de l’Algérie. Mustapha Mékidèche a estimé que les conditions sont «extrêmement avantageuses» pour le développement des relations économiques en particulier entre le géant chinois et l’Afrique. Mékidéche a motivé son avis par trois raisons essentielles. La première consiste en le fléchissement du modèle de croissance chinois tiré par la consommation des ménages et non plus par les exportations, a-t-il dit, soulignant que cela amène la Chine à produire à l’extérieur. Le deuxième point a trait à la disponibilité et à l’importance des recettes financières mises en place par la Chine pour accompagner ses opérations d’investissement à l’international ; il s’agit, là, des prêts à long termes à des taux d’intérêts extrêmement bas.
La troisième raison évoquée par Mustapha Mékidèche concerne les grandes entreprises chinoises qui sont en situation d’endettement et qui sont en quête de nouveau marché à travers des investissements à l’internationale pour régler leurs problèmes de dettes. S’exprimant, hier, sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, le président du Panel du mécanisme africain d’évaluation par les pairs de l’Union africaine a expliqué que l’une des caractéristiques de l’inflexion du modèle de croissance chinois, c’est finalement de dégager des capacités de production et de les réaliser à l’extérieure de la Chine. Une telle option est justifiée par deux raisons : la première est énergétique. Selon Mékidèche, la Chine cherche à diminuer son exploitation du charbon pour réduire un tant soit peu son émission du gaz à effet de serre. Et pour atteindre cet objectif, la Chine est dans l’obligation de freiner son développement industriel, en allant réaliser des investissements dans d’autres pays a-t-il ajouté. Cela ouvre la voie à des partenariats dans les domaines de l’industrie manufacturière.
L’Algérie pourrait largement en tirer profit. Mustapha Mékidèche a évoqué la possibilité pour l’Algérie d’envisager des partenariats avec la Chine dans les industries du phosphate, de la pétrochimie et autres. L’invité de la Chaîne III s’est interrogé sur l’absence des investissements chinois en Algérie alors les échanges commerciaux entre les deux pays avoisinent les 10 milliards de dollars.
Cette absence des investissements du géant chinois en Algérie et qui ne reflète pas le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a intrigué Mustapha Mékidèche qui demande de corriger certains aspects liés à la coopération Algéro-chinoise. Celui lui, le premier pas vient d’être franchi dans ce sens à travers l’acceptation par la Banque d’Algérie de payer les transactions avec la Chine par le Yuans (monnaie chinoise) qui partie du panier des cinq monnaies utilisées par le Fonds monétaire international (FMI). Une telle option permet, selon Mustapha Mékidèche, d’avoir un nouveau regard sur les échanges commerciaux avec la Chine à travers des investissements et la favorisation de la coproduction.
La Chine peut également accompagner l’Algérie dans les investissements dans la réalisation des infrastructures, que la situation financière de l’Algérie ne permet pas de réaliser. Plus explicite, il a cité l’exemple du transfert d’eau entre la région de Menéa et les Hauts Plateaux peut-être financé par les Chinois d’autant plus, les plans de charges des entreprises chinoises en Algérie connaît une réduction. Cette coopération avec un pays fortement présent en Algérie dans le domaine de la construction et une force de travail constituée de 40 000 ressortissants, en même temps qu’elle permettrait d’«effacer ses risques de change», contribuerait, souligne-t-il, à lui permettre d’atténuer les effets d’une crise dans laquelle « nous sommes installés, au moins jusqu’en 2020».
Hacène Nait Amara