C’est un constat peu reluisant que celui qui prévaut au niveau du secteur de la Santé. Que ce soit du point de vue des pouvoirs publics, de la société civile ou encore du commun des citoyens, l’avis est partagé. Devant cette situation, Abdelmalek Boudiaf, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, tente de tempérer les ardeurs. À travers un entretien paru, hier, sur le site d’information «Tout sur l’Algérie», Boudiaf mise sur la nouvelle loi sanitaire, palliative, selon lui, à même de mettre de l’ordre dans le secteur. En outre, le ministre est revenu sur la démarche engagée par son secteur pour le maintien efficace des établissements de santé à travers le pays. Il est revenu aussi sur les projets prévus dans son programme, consistant à moderniser le secteur, pour suivre la tendance des standards internationaux. Tout en reconnaissant qu’il y a crise, Boudiaf ne veut pas pour autant verser dans l’alarmisme. Ainsi, il a indiqué au cours de cet entretien que des «dysfonctionnement» sont effectivement enregistrés concernant la «gestion et l’organisation» des établissements sanitaires. C’est le constat qui ressort de l’opération d’audit menée par le secteur, laquelle opération a été lancée, pour rappel, depuis septembre 2013. Les exemples en la matière sont légion, ceci pour n’en rappeler que la situation considérée de «chaotique» observée au service maternité du CHU de Constantine, obligeant le ministre, lui-même, jusqu’à intervenir pour décider de sa fermeture. Qu’en est-il des mesures urgentes à prendre dans pareille situation? Pour répondre à cette interrogation, laissons écouter le plan du ministre, qui, même s’il considère les dysfonctionnements enregistrés de «cas isolés», entend mettre en œuvre un plan s’articulant autour de deux axes. À travers la même source, il a expliqué sa démarche. Dans un premier temps, il y a lieu de traiter ces problèmes de manière «conservatoire». Ceci entend maintenir le fonctionnement minimal des établissements par la mise en place de mesures consistant à mieux gérer le personnel de la santé, à la levée de la dette et, enfin, à la disponibilité des spécialités basiques, le tout au niveau des établissements sanitaires. Pour plus d’efficacité dans le respect de ces mêmes mesures, le ministre semble prendre toutes les dispositions nécessaires pour un suivi rigoureux, en mettant en place un travail d’inspection des équipes dirigeantes au sein des structures sanitaires. C’est du moins ce qu’il a affirmé sur les colonnes de «TSA». Dans un second temps, le premier responsable de la Santé parle de sa nouvelle loi sanitaire, dont il a loué les vertus. L’avant-projet du texte a été déjà examiné par le gouvernement. Il sera soumis au Parlement, selon le ministre, lors de sa prochaine session d’automne. En effet, cette loi se veut une réforme profonde et une «réorganisation globale du système de Santé», à travers, notamment, la modernisation de la gestion des établissements dans un souci de performance et de souplesse administrative, ceci d’une part. D’autre part, elle prévoit la réhabilitation du principe de la priorité des soins, la mise en place d’une nouvelle carte sanitaire, et création d’un réseau de prise en charge des malades. Des mesures, somme toute, qui tendent à moderniser le secteur en restant attaché au principe de la gratuité des soins, a précisé Boudiaf.
Fermeture des établissements sanitaires : un arbre qui cache la forêt ?
Entre autres mesures que l’on peut mettre à l’actif de solutions «oppressives», prises par le ministre, il y a la mise en berne de certains établissements qui présentent des dysfonctionnements. Ainsi, l’arrêt du service maternité du CHU de Constantine, et la fermeture de vingt cliniques, relevant du secteur privé sur le territoire national, sont des exemples qui illustrent un secteur en souffrance. S’agit-il enfin de l’arbre qui cache la forêt ? Pour le ministre, cela ne reflète pas pour autant la réalité du secteur sanitaire, si l’on prend en compte dans la mesure du seul paramètre du fonctionnement d’un hôpital, a-t-il précisé. En revenant sur les structures privées fermées sur sa décision, Boudiaf ne compte pas s’arrêter là. Au contraire, pour lui, les dysfonctionnements de tous bords constatés au sein des hôpitaux sont regrettables. C’est ce qui l’emmène à persévérer dans les sanctions, sachant, a-t-il rappelé, que cela va de la santé du citoyen, et parfois même de sa vie, gageons de le dire. «On n’a pas le droit de jouer avec la santé des citoyens…», a-t-il lancé à l’adresse des établissements, aussi bien publics que privés. Car, pour lui, il n’y a pas de distinction entre les deux, quand cela enfreigne surtout la réglementation inhérente aux normes de la pratique médicale. S’agissant des responsables des défaillances, le ministre accuse des personnels «indignes» qui ternissent l’image du secteur de manière générale, a-t-il relevé, comme pour mettre en garde tous les intervenants dans le domaine de la Santé. D’ailleurs, dans la loi, il est prévu la création d’une agence d’évaluation du travail du personnel médical. Il sera question, justement, a expliqué le ministre, de distinguer les éléments performants et les moins-performants d’entre eux. À ce titre, même le financement des établissements de santé se fera en fonction de ce paramètre, a-t-il ajouté, selon la même source.
Des hôpitaux modernes, comme panacée
Entre plan de «requalification» des établissements hospitaliers et les nouvelles structures modernes, qui seront réalisées à l’horizon 2019, la tâche du ministre n’est pas de tout repos. En effet, se basant sur l’audit réalisé par son administration, Boudiaf a fait part de la vétusté de la majorité des établissements, rien que ceux situés dans la capitale, Alger. C’est ce que commande justement, explique-t-il à travers la même source, les travaux de rénovation engagés, récémment, au sein de ces mêmes structures. Pour assurer la continuité de leur fonctionnement, il a précisé qu’il y a eu transferts de services auprès d’autres unités qui présentent plus ou moins un fonctionnement meilleur. À ce titre, il a rassuré qu’il y a eu bien «continuité de service», contrairement, a-t-il indiqué, à ce qui se dit à propos de la pénurie de service médical. D’autre part, partant du fait que le parc hospitalier est dépassé, le ministre est revenu sur le mégaprojet de réalisation de 10 hôpitaux modernes, basés sur les standards internationaux. Ce n’est sans doute pas demain la veille. Et pour cause, le ministre a bien reconnu un état de fait, de par, notamment, le retard accusé dans la réalisation, déjà perceptible, alors que ces infrastructures sont censées être toutes fin prêtes en 2019. Pour rappel, les wilayas concernées par ces projets dans une étape initiale sont : Alger, Tizi Ouzou, Constantine, Tlemcen et Ouargla. Puis, il sera question de réaliser la partie restante, notamment à : Annaba, Batna, Béjaïa, Sidi-Bel-Abbès et Béchar. Le ministre incombe les raisons du retard de réalisation aux «négociations financières avec les entreprises présélectionnées», en considérant que leur offre de service dépasse largement les pratiques internationales, a-t-il révélé.
Farid Guellil