La responsabilité dans la crise, qu’a connue en janvier dernier, la distribution d’huile de table, qui s’est traduite par une pénurie de ce produit, est partagée entre le ministère du Commerce et certains producteurs.
C’est l’une des conclusions de l’enquête menée par une commission parlementaire, dont les premiers résultats ont été présentés hier à la presse par le président de la Commission des affaires économiques, du développement, de l’industrie, du commerce et de la planification à l’Assemblée populaire nationale, Smaïl Kouadria. Certains producteurs ont refusé d’accroître les quantités de production sous prétexte que la marge bénéficiaire n’a pas été augmentée, et d’autres ont fait valoir qu’ils n’avaient pas perçu la compensation financière résultant de la vente au prix subventionné, a-t-il fait savoir.
Smaïl Kouadria a révélé que la commission d’enquête parlementaire a rencontré un producteur d’huile à Aïn M’lila (wilaya d’Oum El-Bouaghi) qui n’avait pas reçu sa compensation depuis janvier 2021 à ce jour. Il a également fait observer que la circulation de fausses informations sur les réseaux sociaux a exacerbé la crise de l’huile de table et influencé le comportement des consommateurs. Il a également évoqué des dysfonctionnements dans le dispositif de contrôle périodique, ce qui a conduit à des décisions qui relèvent de l’improvisation, comme celle d’interdire la vente de l’huile de table aux enfants. Smaïl Kouadria a fait état de données erronées émanant des services du ministère du Commerce, ce qui a eu pour effet d’aggraver la situation. Pour Smaïl Kouadria, la faible marge bénéficiaire des distributeurs et des détaillants a conduit à des réticences de leur part à acheter l’huile. Il a souligné que les producteurs ont contribué de manière significative à créer la crise de pénurie d’huile de table, en se limitant à la fournir uniquement à leurs distributeurs exclusifs agréés par eux, alors que les grossistes et les détaillants n’obtiennent que des quantités limitées et de façon intermittente.
La commission d’enquête parlementaire sur la pénurie d‘huile de table a été installée le 13 janvier par le président du Conseil de la Nation, Salah Goudjil. Les parlementaires ont mis à profit la prérogative que leur accorde l’article 159 de la Constitution de 2020, qui leur permet d’intervenir dans la sphère du commerce intérieur. La commission a commencé son travail trois jours après sur plusieurs wilayas et dans les grandes villes, et s’est rendue également dans certains départements ministériels et services concernés par la crise de l’huile de table. Les membres de la commission sont allés voir les principaux producteurs ainsi que les grossistes, les détaillants et les distributeurs.
À l’issue de son enquête, la commission a recensé une douzaine de points qu’elle considère comme étant les causes de la crise de l’huile de table que le pays a vécue à diverses périodes, la dernière ayant eu lieu au mois de janvier. La commission estime que la marge bénéficiaire des distributeurs
-5 DA par bidon de 5 litres- n’est pas incitative, ni encourageante. De même, les membres de la commission ont noté que la taxe sur l’activité professionnelle correspond à peu près à la marge bénéficiaire des distributeurs, des grossistes et des détaillants, ce qui a amené certains détaillants à éviter d’acheter ce produit. La commission a révélé les manipulations des producteurs dans la domiciliation bancaire et la réalisation de gains indus en raison de l’instabilité du cours du dinar, ce qui a un impact sur la valeur des compensations. La commission recommande d’appliquer aux producteurs d’huile le même système de soutien que celui qui est appliqué pour le lait et la farine. Au début de cette année, l’attention a été fortement focalisée sur l’huile de table, mais, par la suite, d’autres produits alimentaires ont été l’objet de pratiques illégales sur leurs prix avec des hausses surprises, portant atteinte au pouvoir d’achat d’une grande partie de la population.
M’hamed Rebah