Dès avant-hier, vendredi, la Ligue 1 a repris ses droits, le NA Hussein-Dey et le MO Béjaïa, dans un plateau inédit qui, hier encore, constituait un des sommets de l’antichambre de l’élite, ayant ouvert la course à la succession d’une USM Alger, champion sortant, qui vient d’entamer avec une pointe de déception l’exercice 2014-2015 en perdant un de ses titres, la supercoupe d’Algérie, au profit de son adversaire de toujours, le MC Alger à l’arrivée d’un énième derby qui, s’il n’a pas atteint (les conditions climatiques ayant été pour beaucoup) des sommets sur le plan technique, pourrait déjà suggérer une redistribution des cartes à tous les niveaux de la hiérarchie. Notamment au sommet où, et avec un «souk» des transferts fidèle aux traditions et qui a vu pratiquement tous les clubs céder à la frénésie en recrutant à tout-va et ne lésinant donc pas sur les dépenses malgré les éternels et inévitables levées de boucliers quant à des finances constamment au rouge et des sources se tarissant au fil des éditions, la tendance est à l’optimisme parmi les traditionnels postulants aux rôles essentiels. Après un été s’annonçant des plus fructueux avec la belle prestation des Verts en Coupe du Monde qui rend plus que jamais les espoirs possibles quant à une prochaine refonte de la discipline et l’élévation du niveau d’ensemble, dont celui d’un championnat local très décrié et incapable d’alimenter la sélection nationale en talents, la caravane de la Ligue1 a pris ainsi le départ vendredi, avant que le reste des troupes, avec un somptueux duel entre deux champions, n’entre en lice 24 heures plus tard, pour un exercice où les attentes sont désormais grandes côté public et les responsabilités encore plus, côté joueurs, dont le moindre des objectifs est, entre autres, de réhabiliter le label national sujet à des polémiques sans fin et des débats plus qu’infructueux, les pour et les contre se perdant en conjectures sans jamais faire avancer les choses.
CAN, CHAN, J.O…
La saison 2014-2015 a donc démarré. Non sans ouvrir la voie, comme chaque année à pareille période, à bien des interrogations, même si, ici et là, fort à propos d’ailleurs, le camp des algéro-optimistes s’agrandit, et c’est assez nouveau pour ne pas le souligner, l’envie d’investir dans la récente virée à tout le moins sympathique de l’E.N parmi le gotha universel, n’a d’égal que ce moral en hausse de nos joueurs du cru et leur désir de progresser, sortir le grand jeu pour convaincre le nouveau sélectionneur national, le Français Gourcuff, sur leur potentiel, le successeur du Bosnien Halilhodzic ayant d’entrée rassuré qu’il donnera la chance à tout le monde dans un contexte marqué par la proximité et l’enchevêtrement de nombreuses échéances importantes pour le football algérien, comme les éliminatoires de la CAN 2015 qui débute le mois prochain (le 6 septembre, à Addis-Abeba) à partir de la lointaine Ethiopie, celles du CHAN qui concerne les joueurs évoluant intra muros (ou l’E.N «A’») et qui constitue, en plus, en principe, un véritable vivier de la sélection fanion dont les portes ont été rouvertes par l’ex-coach de Lorient, qui en est également le responsable technique, et, enfin, des «Olympiques» en passe d’être ressuscités avec la nomination (enfin !) de l’entraîneur suisse, André Pierre Schurmann, connu principalement pour avoir dirigé avec un certain succès les sélections de jeunes de la Suisse entre 2001 et 2009 et dont l’objectif est de qualifier l’Algérie (heureux hasards, espère-t-on vivement) aux Jeux olympiques de … Rio de Janeiro. 2014-2015 une saison à forts enjeux ? Plus que sûrement, d’autant que, et côté équipes de clubs et en plus de l’ES Sétif, qui postulera légitimement de nouveau à la couronne nationale et concernée par les demi-finales (voire une consécration possible) de la champions league africaine (une des meilleures nouvelles de la dernière décennie en terme de représentativité au niveau continental), c’est pratiquement trois de nos plus prestigieux sigles (l’USM Alger, la JS Kabylie et le MC Alger, un trio qui ne manque ni d’arguments ni d’ambitions) qui est appelé à représenter (on peut leur faire confiance, d’autant que les Mouloudéens et les Kabyles, exhibent fièrement leurs étoiles de champions consacrés sur leurs maillots depuis des années, en attendant d’autres, mais quand ?) les couleurs nationales dans des compétitions où l’Algérie semble avoir revu très largement à la baisse ses prétentions de titres depuis que nos clubs ont opéré une régression pour le moins inféconde.
Du Déjà-vu ?
Qu’annonce donc cette saison où l’on risque de retrouver les mêmes sigles à postuler aux tout premiers rôles, toujours les mêmes à assurer leur maintien, les relégables désignés presque au coup d’envoi ? Des questions, il y en a évidemment comme à l’entame de chaque exercice. Mais des questions dont on peut, à deux ou trois «erreurs» près, deviner les réponses. Des formations annoncées en fanfare pour s’imposer d’entrée dans la lutte féroce à la succession d’une USM Alger qui affiche des ambitions toujours plus grandes en prévenant qu’elle jouera sur tous les tableaux : celui bien sûr de la Ligue 1 qui sera à nouveau son objectif prioritaire doublé d’une réussite (et Sétif donne pour l’instant le bon exemple) en Ligue des Champions qui figure, au risque de le répéter, dans la liste des objectifs prioritaires du club de Soustara qui, rappelons-le, a toujours été incapable de briller en C1. Dure mission pour les hommes du Français Hubert Velud, qu’on dit meilleurs (sur le papier) que la défunte version avec l’arrivée de bons éléments à l’image notamment de Belaili enfin qualifié après intervention de la FIFA, et forts d’un banc de touche de qualité, ne voudront pas trop s’éparpiller en ne lâchant pas trop de points pour faire monter encore plus la concurrence. Montrer d’entrée que le spectacle sera assuré. Que, comme en 2013-2014, tuer très vite le suspense dans la course au titre pour se consacrer pleinement, finalement, à cette Ligue africaine des champions qu’elle devrait aborder avec des ambitions nouvelles. Qu’il sera là lors de la grande cérémonie de remise des prix en juin prochain. Que, craignent toutefois ses bruyants et inégalables supporters, que le seul danger pourrait venir d’eux-mêmes, les « Rouge et Noir », comme toujours, ayant pour seul ennemi… eux-mêmes. Alors, l’USMA reparti pour une saison tranquille, être champion ? Qu’il n’y a donc rien à l’horizon, même si le MC Alger, en sacré rival, est venu, le temps d’une supercoupe qui ne veut peut-être rien dire, annoncer la couleur qu’il faudra compter avec lui et pas seulement, à l’exemple d’écuries ambitieuses comme la JS Kabylie, l’ES Sétif ou certains trouble-fêtes parmi des noms comme l’USM Harrach ou le CS Constantine qui ont des chances de jouer le titre? Avec des effectifs revus et corrigés, ces formations ne manquent pas de ressources pour suivre les Usmistes jusqu’à la ligne d’arrivée, la course à l’Afrique constituant au passage une réelle source de motivation concernant les habituels favoris (nonobstant évidemment dans quel ordre elles termineront) aux places de consolation, sans parler de la Coupe d’Algérie dont on connaît la magie qu’elle exerce toujours.
Le temps de changer
Régulières, des équipes comme le quatuor ESS-MCA-JSK-USMH, qui possèdent des collectifs solides basés sur des individualités de qualité (en tout cas ce qui s’est fait de mieux sur le marché cet été, en affolant carrément la bourse des transferts et fait reculer la plupart des présidents de club dans leur quête de plafonner, finalement sans succès, les salaires des joueurs) en mesure de surprendre. Un peloton de tête pour la majorité aux effectifs remodelés et en mesure de candidater, prétendre aux rôles majeurs dans un championnat finalement fermé à double tour au reste des troupes contraint de jouer la survie. Qui, avant même que le rideau ne se lève, donne le ton à un exercice où, à l’avance, on peut écarter d’éventuelles surprises. Auxquelles ne devraient pas trop penser les nouveaux promus (le NAHD, l’USM Bel-Abbès et l’ASM Oran qui ont toutefois fière allure à voir la qualité du recrutement opéré) dont l’objectif est de jouer la carte du maintien, l’apprentissage de la Ligue risquant de s’avérer difficile, voire douloureux et la relégation, qui devrait être leur souci majeur, si ce n’est pas la peur d’au moins la moitié de la composante de la Ligue 1, beaucoup de formations, parmi lesquelles celles ayant rarement quitté le ventre mou du classement la saison dernière, à l’instar du MC Oran ou du MO Béjaïa, étant appelées à vivre un autre exercice compliqué. Le reste ? Avec un Mondial réussi, le public a changé. Veut que les choses changent. Veut tout simplement du jeu. Premiers éléments de réponse dès l’amorce de la 5e étape comme veulent toujours nous le faire croire (on attendra) des techniciens dont la plupart, et une fois les contre- performances s’enchaînant, ne devraient pas survivre à l’automne. Bien avant peut-être. Au moment où le couple NAHD-MOB s’apprêtait à déclarer l’exercice 2014-2015 officiellement sur les rails, on pouvait légitimement espérer, côté tribunes, que la «révolution» promise de longue date, ce qui apparaît toujours comme un «pari» pour l’avenir, est enfin à portée de pied de nos si décriés animateurs de nos mornes week-ends sportifs qui nous doivent une revanche sur le sort et sur eux-mêmes en nous sortant le grand jeu. Enfin le spectacle attendu. Un vœu pieux encore une fois ? On veut croire que non. Que les choses (on se répète ?) sont en train de changer. Vont vraiment changer. Une question inévitable pour finir: Quel sera le premier entraîneur à sauter ?
A. A.