Les passes d’armes entre Washington et Pékin s’intensifient sur la gestion de la crise du coronavirus par l’OMS, dont les 194 pays membres reprennent leurs débats mardi lors d’une téléconférence inédite consacrée à la pandémie qui a fait plus de 316.000 morts dans le monde. Accusant l’Organisation mondiale de la santé (OMS) d’être une «marionnette de la Chine», où la pandémie a débuté fin 2019, le président américain Donald Trump lui a donné un mois pour obtenir des résultats significatifs. Avec à défaut la menace de quitter cet organe dont les Etats-Unis étaient traditionnellement le premier contributeur. «Si l’OMS ne s’engage pas à des améliorations notables dans un délai de 30 jours, je vais transformer la suspension temporaire du financement envers l’OMS en une mesure permanente et reconsidérer notre qualité de membre au sein de l’organisation», a-t-il tweeté dans la nuit de lundi à mardi. Pékin a riposté en accusant M. Trump, dont le pays est le plus endeuillé au monde avec plus de 90.000 morts, de chercher à «se soustraire à ses obligations» envers l’organisation.
Malgré ces tensions, l’Union européenne ne désespère pas de faire adopter mardi une motion exigeant «une évaluation impartiale, indépendante» de la riposte internationale et des mesures prises par cette agence onusienne. Elle a également apporté son soutien à l’OMS après les menaces de Washington.
Alors que la pandémie a mis à genoux l’économie mondiale, la France et l’Allemagne ont proposé lundi un plan de relance de 500 milliards d’euros pour tenter de faire repartir l’activité au sein de l’UE, dont les membres peinent toujours à s’entendre sur un plan de relance commun. En pratique, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron proposent que la Commission européenne emprunte sur les marchés «au nom de l’UE», avant de reverser l’argent aux pays européens et «aux secteurs et régions les plus touchés».
La pandémie est considérée comme sous contrôle en Europe, où la majorité des pays ont commencé à déconfiner leurs populations, avec à la clé la réouverture de sites emblématiques comme l’Acropole, le Mont Saint-Michel ou Saint-Pierre de Rome. Mais elle continue de progresser notamment en Inde et en Amérique du Sud.
«Bien public mondial»
Alors que la course au vaccin se poursuit dans le monde, la société américaine Moderna a annoncé lundi de premiers résultats encourageants mais à prendre avec précaution. Des essais à grande échelle sont prévus en juillet. En Chine, la prestigieuse Université de Pékin («Beida») pense pour sa part avoir découvert un remède potentiel à base d’anticorps prélevés sur des patients guéris du Covid-19. Lundi, à l’ouverture de la réunion de l’OMS, le président chinois Xi Jinping avait assuré qu’un éventuel vaccin chinois serait un «bien public mondial». M. Macron a également estimé que «chacun devra pouvoir avoir accès» à un futur vaccin. En attendant une percée médicale, Donald Trump a créé la surprise lundi en révélant qu’il prenait l’hydroxychloroquine, un médicament contre le paludisme dont l’efficacité contre le coronavirus n’a pas été démontrée. «J’en prends depuis une semaine et demie (…) je prends un comprimé par jour», a-t-il déclaré lors d’un échange avec des journalistes à la Maison Blanche, soulignant qu’il n’avait «aucun symptôme» du Covid-19. «Cela ne va pas me faire de mal, c’est utilisé depuis 40 ans pour le paludisme (…), beaucoup de médecins en prennent», a encore dit M. Trump, alors que les autorités sanitaires américaines ont mis en garde contre l’utilisation de cet antipaludéen en dehors d’un milieu hospitalier ou d’essais cliniques.