Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a visité une unité de la marine et supervisé un test de missiles de croisière stratégiques, ont rapporté lundi les médias d’État, avant des exercices militaires conjoints de la Corée du Sud et des États-Unis.
M. Kim a inspecté l’une de ses flottes en mer de l’Est, appelée aussi mer du Japon, et a observé l’équipage dans sa préparation d’un exercice de lancement de « missiles de croisière stratégiques », a rapporté l’agence de presse officielle KCNA.
L’agence n’a pas précisé quand la visite avait eu lieu ni livré de détails sur le type de missiles lancés. Elle a toutefois précisé qu’ils « ont rapidement frappé leurs cibles sans une seule erreur ». Mais selon Séoul, les informations de KCNA sont « exagérées et comportent de nombreuses divergences par rapport à la vérité ». « La Corée du Sud comme les Etats-Unis surveillaient en temps réel les indices relatifs que nous avons détectés à l’avance », a déclaré lundi l’état-major interarmées de Séoul dans un communiqué.
« Une puissance écrasante »
« Notre armée maintiendra une attitude de préparation inflexible (…) en menant des exercices et des entraînements conjoints avec une intensité et une rigueur élevées, afin d’être en mesure de répondre avec une puissance écrasante à toute provocation de la Corée du Nord », a-t-il précisé.
L’annonce nord-coréenne précède les exercices annuels Ulchi Freedom Shield. Ces manoeuvres américano-sud-coréennes de grande ampleur, prévues jusqu’au 31 août, visent à répondre aux menaces croissantes de la Corée du Nord dotée d’armes nucléaires. Pyongyang, qui estime que ces exercices conjoints préparent en réalité une invasion du Nord, a averti à plusieurs reprises que des actions « écrasantes » y répliqueraient. Des pirates informatiques nord-coréens présumés ont déjà mené des attaques, par le biais de courriers électroniques, contre des sous-traitants sud-coréens travaillant au centre de simulation de guerre des exercices alliés, a indiqué la police. L’annonce du test de missiles de croisière intervient trois jours après que le président américain Joe Biden a reçu à Camp David le dirigeant sud-coréen Yoon Suk Yeol et le Premier ministre japonais Fumio Kishida.
Lors d’une conférence de presse vendredi, ils ont déclaré que s’ouvrait, après ce sommet, un « nouveau chapitre » d’étroite coopération tripartite en matière de sécurité, impensable jusqu’à récemment en raison des tensions entre Tokyo et Séoul liées à la dure histoire de l’occupation de la péninsule coréenne par le Japon de 1910 à 1945.
« Un nouveau chapitre »
C’était la première fois que les dirigeants des trois pays se rencontraient pour un sommet autonome. Et si la Chine en était le principal sujet, la Corée du Nord figurait également au menu. Les trois dirigeants ont convenu d’un plan pluriannuel d’exercices réguliers dans tous les domaines, allant au-delà des exercices ponctuels en réponse à Pyongyang. Ils ont pris l' »engagement formel de se consulter » pendant les crises, via une ligne de communication directe. Ils se sont également accordés sur le partage des données en temps réel relatives à la Corée du Nord et de se réunir en sommet chaque année.
« L’approfondissement de la coopération trilatérale Etats-Unis-Japon-Corée du Sud peut favoriser la diplomatie avec Pyongyang en poussant la Chine à faire pression sur la Corée du Nord pour la reprise des pourparlers », estime Leif-Eric Easley, professeur à l’Université Ewha de Séoul. Mais, selon lui, « avant que cela ne se produise, le régime de Kim amplifiera ses menaces nucléaires et continuera de lancer des missiles ».