Après avoir passé près de quatre mois à la prison d’El Harrach, le commandant de la Wilaya IV historique, Lakhdar Bouregâa, qui devait être entendu dans le fond par le juge d’instruction du tribunal de Bir Mourad Raïs, a refusé de répondre aux questions de celui-ci. Et pour cause, le moudjahid, connu pour son soutien au mouvement populaire et pacifique, a considéré que «la justice n’est pas indépendante», réitérant à cet effet, son engagement à qualifier le gouvernement de gestion des affaires courantes d’«illégitime».
C’est ce qui a été affirmé par ses avocats ayant pris part à l’audience. «On a trouvé Si Lakhdar avec un moral d’acier », a lancé Maître Sahli Youcef du collectif de défense, avant de relever que celui-ci a rappelé au juge d’instruction qu’il «ne reconnaît pas cette justice qui est sous l’autorité d’un gouvernement illégitime». Signalant que le moudjahid a «utilisé le moyen de défense de rupture», l’avocat a précisé que «ce moyen a été utilisé durant la Guerre de libération nationale par les militants FLN quand ils passaient devant les tribunaux d’exception». Ainsi, selon Me Sahli, « Si Lakhdar a pu dire au pouvoir politique, par l’intermédiaire du juge d’instruction, et en présence de 16 avocats, qu’il ne reconnaît pas cette cabale judiciaire».
Plus loin, l’avocat a encore signalé que le commandant de la Wilaya IV historique était ferme dans sa position de soutenir le mouvement populaire. «J’ai prêté serment pour la Révolution. Je ne vais pas trahir le Hirak», a lancé Bouregâa au juge d’instruction du tribunal de Bir Mourad Raïs.
Pour sa part, l’avocate Nabila Smaïl, a expliqué à la fin de l’audition que le juge «a refusé» de noter les déclarations de son client. «Ce qui a énervé ce dernier,qui a décidé de ne plus répondre aux questions ». Notons que le Moudjahid a été reconduit, après cette audience, à la prison d’El Harrach. Il est utile aussi de souligner que ce n’est pas la première fois que le moudjahid adopte des positions fermes en soutien au mouvement populaire et pacifique. Bien qu’il soit incarcéré à la prison d’El Harrach, le commandant de la Wilaya IV historique continue de militer, à sa manière, pour la libération de tous les détenus d’opinion. D’ailleurs, il y a une semaine, il avait annoncé à ses avocats qu’il refusait toute initiative visant sa libération avant celle de tous les détenus d’opinion. «Je refuse toute tentative de libération avant la libération de tous les jeunes du Hirak et sans exception. Même si on me propose de sortir, je dirai non», a-t-il dit, selon ses avocats. Pour rappel, Lakhdar Bouregâa, est poursuivi pour «outrage à corps constitués et atteinte au moral de l’armée», et placé, depuis le 30 juin dernier, sous mandat de dépôt.
Lamia Boufassa