Le résultat de la conférence virtuelle des donateurs, co-organisée par la Suède et la Suisse pour essayer d’empêcher la famine au Yémen, était «décevant» selon les Nations unies qui ont imploré sans succès les donateurs internationaux.
«Les promesses de dons annoncées s’élèvent au total à environ 1,7 milliard de dollars. C’est moins que ce que nous avons reçu pour le plan de réponse humanitaire en 2020. Et un milliard de dollars de moins que ce qui avait été promis lors de la conférence que nous avons tenue en 2019», a regretté le SG de l’ONU, Antonio Guterres, dans une déclaration à la presse à l’issue de la conférence. «Des millions d’enfants, de femmes et d’hommes yéménites ont désespérément besoin d’aide pour vivre. Couper l’aide est une condamnation à mort», a-t-il ajouté. M. Guterres a remercié ceux qui se sont généreusement engagés et a demandé aux autres «de réfléchir à nouveau à ce qu’ils peuvent faire pour éviter la pire famine que le monde ait connue depuis des décennies. L’ONU continuera d’être solidaire du peuple affamé du Yémen», a-t-il ajouté. L’ONU estime avoir besoin de 3,85 milliards de dollars cette année pour venir en aide à plus de 16 millions de Yéménites qui en ont désespérément besoin.
Plus de 16 millions de Yéménites confrontés à la faim
Selon les derniers chiffres de l’ONU, plus de 16 millions de Yéménites, soit environ la moitié de la population de 29 millions d’habitants, risquent d’être confrontés à la faim cette année. Près de 50 000 d’entre eux «meurent déjà de faim dans des conditions proches de la famine» et 400 000 enfants de moins de 5 ans pourraient mourir de malnutrition aiguë «sans traitement d’urgence». En septembre 2020, l’ONU a révélé que l’aide essentielle avait été supprimée dans 300 centres de santé du Yémen en raison du manque de financement, et que plus d’un tiers de ses principaux programmes humanitaires avaient été réduits ou interrompus. Plusieurs organisations humanitaires ont exprimé leur frustration à l’issue de la conférence de lundi. «Le Yémen a désespérément besoin d’une augmentation et non d’une réduction de l’aide», a déclaré dans un communiqué Muhsin Siddiquey, directeur d’Oxfam pour le Yémen. Appel à mettre fin au conflit Le Secrétaire général a appelé à mettre fin à ce conflit qui «engloutit toute une génération de Yéménites. Il n’existe pas de solution militaire au Yémen», a-t-il rappelé, ajoutant que «la seule voie vers la paix passe par un cessez-le-feu immédiat à l’échelle nationale et un ensemble de mesures de confiance, suivis d’un processus politique inclusif dirigé par le Yémen sous les auspices des Nations Unies et soutenu par la communauté internationale». Le chef de l’ONU a exhorté toutes les parties prenantes à travailler avec son Envoyé spécial, Martin Griffiths, pour parvenir à un règlement pacifique du conflit. Alors que la situation humanitaire au Yémen est dramatique, le financement humanitaire a chuté l’an dernier, a noté M. Guterres. La communauté humanitaire a reçu la moitié de ce dont elle avait besoin, alors que, dans le même temps, la monnaie yéménite s’est effondrée et les envois de fonds des Yéménites à l’étranger se sont taris sur fonds de pandémie de Covid-19. Face au manque d’argent, les organisations humanitaires ont réduit ou même fermé leurs programmes. Le Secrétaire général a rappelé qu’en 2018, grâce à la générosité des donateurs, les agences humanitaires ont contribué à prévenir la famine qui menaçait alors le Yémen. «Aujourd’hui, réduire l’aide est une condamnation à mort pour des familles entières. Ce n’est pas le moment de se désengager du Yémen», a-t-il dit. Il a indiqué que «la famille des Nations Unies et nos partenaires à travers le Yémen sont prêts à intensifier les opérations d’aide». L’aide que vous promettez aujourd’hui n’empêchera pas seulement la propagation de la famine et sauvera des vies. Elle contribuera à créer les conditions d’une paix durable», a-t-il conclu.