Comment booster notre commerce extérieur ? Les chiffres avancés par différents services, concernant la balance commerciale et les produits importés, reflètent-ils la réalité de notre économie et nos besoins de consommation des produits importés ?
Telles ont été, entre autres, les questions auxquelles les participants à la conférence de presse tenue, hier à Alger, sous le thème: «les importations en Algérie », ont tenté d’apporter des réponses. Organisée au siège de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), aile Boulenouar, la rencontre intervient dans une conjoncture marquée par la baisse des cours du baril, constituant 98% de nos exportations, et actuellement sous le seuil des 60 dollars. À l’entame de la rencontre, le président de l’Ugcca, Hadj Tahar Boulenouar, a tenu à alerter sur l’absence d’une réelle stratégie d’importation des produits de consommation en fonction des besoins réel exprimés à l’intérieur du pays. Estimant, dans ce contexte, que l’Algérie « jette beaucoup d’argent par la fenêtre, puisque prés de 1/3 des produits importés ne représentent pas le vrai besoin en la matière ». Pour appuyer ses dires, le président de l’Ugcaa donne l’exemple de certaines marques de médicaments peu prescrites par les médecins.
À qui incombe la responsabilité? L’ensemble des intervenants pointe du doigt le gouvernement qui a opté pour des contrats d’échanges commerciaux n’allant pas souvent avec l’intérêt de l’économie nationale. Boulenouar regrette le fait que, par exemple, la France, qui est notre premier partenaire économique avec qui nous partageons des relations solides sur tous les plans, s’affiche en troisième place dans les échanges commerciaux, après l’Espagne et l’Italie.
De son coté, l’économiste M’Hamed Hamidouche met le point sur des défaillances en matière d’évaluation globale et effective de notre commerce extérieur, ainsi que le manque d’informations fiables concernant l’importation et exportation de plusieurs produits. Pour lui, le libre échange ne consiste pas seulement à adhérer à l’OMC, mais plutôt faciliter au simple citoyen l’accès à la marchandise extérieure, et surtout permettre aux opérateurs économiques d’avoir, en temps réel, les informations nécessaires.
Une responsabilité qui incombe notamment à la Chambre de commerce et d’industrie qui, selon lui, ne fournit pas les informations nécessaires concernant le commerce extérieur. M’Hamed Hamidouche, a étalé son discours autour du manque d’informations nécessaires et l’orientation des importateurs. Appelant à la création d’un observatoire national du commerce extérieur, qui aura pour mission de maîtriser et fournir en permanence les données concernant chaque secteur, les étudier et élaborer des recommandations adéquates à la prise de décisions.
«Il est aujourd’hui difficile de glaner les informations nécessaires, éparpillées actuellement au niveau de différents ministères, l’ONS (Office nationale des statistiques) et autres associations…», déplore l’économiste. Évoquant la chute des prix des hydrocarbures, Akli Moussouni, agronome expert en développement, voit, quant à lui, le verre à moitié plein. Pour lui, hormis les retombées sur le déficit de la balance extérieure, l’événement est une aubaine, voire une obligation de concrétiser le projet de construction d’une économie hors hydrocarbures, et concrétiser ainsi l’objectif de l’indépendance alimentaire.
Un projet qui ne pourrait être concrétisé sans la création d’un nouvel environnement politique de la sécurité alimentaire, et la restructuration du secteur de l’agriculture pour prévoir de meilleurs horizons. L’amélioration de la production agricole se base, selon Akli Moussouni, sur trois piliers à savoir: l’encouragement des recherches universitaires en agronomie, la mise en valeur du rôle des économistes dans la gestion, et surtout aider et accompagner les agriculteurs pour améliorer aussi bien la production que la productivité.
Salim Nasri