Accueil ACTUALITÉ CISJORDANIE OCCUPÉE : La terreur se poursuit à Naplouse et Tulkarem

CISJORDANIE OCCUPÉE : La terreur se poursuit à Naplouse et Tulkarem

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La Cisjordanie occupée connaît une nouvelle escalade de violence. Au cœur de cette intensification des opérations militaires israéliennes, les villes de Naplouse, Jénine et Toulkarem sont le théâtre d’attaques brutales, de destructions systématiques et d’arrestations arbitraires, aggravant la souffrance déjà immense de la population palestinienne.
Le ministère de la Santé palestinien a annoncé mercredi 11 juin la mort de Raëq Béchara, 47 ans, tué par balles par l’armée israélienne dans la localité de Tamon, au sud-est de Tubas, dans le nord de la Cisjordanie. Selon le communiqué officiel, l’homme a succombé à ses blessures après un raid militaire nocturne. L’armée israélienne, de son côté, a justifié l’opération en affirmant avoir « éliminé le chef d’un réseau terroriste impliqué dans la planification et l’exécution d’attaques contre des civils et des soldats israéliens ». Deux autres Palestiniens auraient été arrêtés durant cette opération. Mais pour les organisations palestiniennes de défense des détenus – notamment la Commission des Affaires des prisonniers et le Club des prisonniers – Béchara était un ancien prisonnier politique ayant passé plus de neuf années dans les geôles israéliennes. En 2002, il avait perdu ses deux bras à la suite de sa détention. Son parcours est emblématique des souffrances infligées aux Palestiniens : poursuivi, emprisonné à plusieurs reprises (notamment en 2003, 2019, puis 2021), il avait mené une grève de la faim de 53 jours pour protester contre sa détention administrative sans inculpation. Sa femme a été tuée et son fils grièvement blessé au cours des précédentes attaques.
Naplouse : 30 heures de siège et de dévastation
La vieille ville de Naplouse a vécu, entre mardi minuit et mercredi matin, l’un des assauts militaires les plus longs et violents depuis des années. Pendant près de 30 heures, les forces israéliennes ont envahi les ruelles historiques, déclenchant des échanges de tirs, lançant des grenades lacrymogènes et saccageant les infrastructures. Les témoins rapportent que l’objectif de cette opération dépassait largement une simple poursuite de résistants : des habitations ont été perquisitionnées de force, des familles expulsées, des commerces pillés et détruits, et des bâtiments historiques transformés en postes militaires. Parmi les lieux ciblés figure le Khan Al-Wikala, un caravansérail vieux de plus de 400 ans. Selon Sirin Titi, directrice du complexe hôtelier et restaurant qui s’y trouve, les soldats israéliens ont occupé le site depuis mardi après-midi, détruit la salle de réception, forcé les coffres et vandalisé 22 chambres d’hôtel. « Même les caméras de surveillance et les documents administratifs ont été détruits », témoigne-t-elle. Le secteur commercial a aussi subi de lourds dommages, notamment dans la zone de Dakhlet Jarwan, où deux frères, Nidal et Khaled Amira, ont été exécutés de sang-froid. Des dizaines de magasins ont été dévastés. Des commerçants racontent comment les soldats ont volé des vêtements, détruit des caméras, transformé les boutiques en centres d’interrogatoire, et profané des images de martyrs palestiniens, dont Shireen Abu Akleh. Les violences ont également visé les habitants. L’un d’eux, Ihab Kalbouna, raconte avoir été réveillé à 2 heures du matin par une intrusion violente dans sa maison. Lui et sa famille ont été expulsés, et lui-même a été battu et emmené pour interrogatoire. Le bilan humain est lourd : deux frères tués, sept blessés par balles réelles, plusieurs autres frappés ou blessés lors de chutes, dont une fillette d’un an et demi intoxiquée par le gaz lacrymogène. À Toulkarem, l’armée israélienne poursuit, pour le 136e jour consécutif, ses opérations dans la ville et dans le camp de réfugiés de Nour Shams, pour le 123e jour d’affilée. Des renforts militaires ont été dépêchés ce mercredi matin, accompagnés de chars et de bulldozers, bloquant les rues principales et multipliant les perquisitions. Les quartiers de Dhannaba, Iktaba, et Haret al-Salam ont été pris pour cibles durant la nuit, avec des barrages routiers, fouilles systématiques, et interrogatoires de civils. Des dizaines de bâtiments résidentiels ont été démolis, notamment dans les quartiers de Balawna et Okasha, conformément au plan israélien de destruction de 106 bâtiments entre les camps de Toulkarem et Nour Shams. L’armée empêche toujours les familles de rentrer chez elles pour vérifier les dégâts ou récupérer des effets personnels. Des tirs à balles réelles visent quiconque tente d’approcher les zones bouclées. Selon les derniers chiffres, cette campagne a provoqué La mort de 13 civils, dont un enfant et deux femmes (l’une enceinte de 8 mois). Des dizaines de blessés par balles ou frappes, et plus de 25 000 personnes déplacées. La destruction totale de 400 maisons et la détérioration partielle de 2573 autres. Des voies d’accès bloquées, des rues défigurées par les obstacles de terre, et un étouffement total de la vie civile dans les camps. Les organisations palestiniennes dénoncent une politique israélienne de répression ciblée des anciens prisonniers, qu’ils soient libérés dans le cadre d’échanges ou au terme de leurs peines. Ces derniers sont régulièrement victimes de nouvelles arrestations, voire d’exécutions extrajudiciaires. Les événements récents confirment une tendance lourde de militarisation de la Cisjordanie : destruction des infrastructures civiles, ciblage des civils et des bâtiments historiques, usage disproportionné de la force, et pressions continues sur les zones peuplées pour forcer les déplacements. Face à cette spirale de violence, les appels palestiniens à l’intervention internationale restent largement ignorés. Les forces d’occupation continuent d’opérer en toute impunité, alors même que les preuves de crimes de guerre s’accumulent, documentées par les institutions locales et les médias internationaux. La situation humanitaire dans les camps de réfugiés devient chaque jour plus dramatique. Le droit international humanitaire est bafoué, les civils ne sont plus épargnés, et la Cisjordanie devient peu à peu une zone de guerre où les principes de protection des populations civiles ne sont plus respectés. Les derniers jours en Cisjordanie confirment une réalité devenue insupportable pour des milliers de Palestiniens : une occupation brutale et sans limites, marquée par la répression, la destruction, l’exil forcé, et une volonté manifeste d’effacer la mémoire et l’identité palestinienne. Alors que l’attention mondiale reste focalisée sur la bande de Ghaza, la Cisjordanie vit elle aussi une catastrophe silencieuse, à laquelle il devient urgent de répondre, avant qu’il ne soit trop tard.
M. Seghilani

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