L’usine de céramique implantée dans la commune de Sidi-Akkacha, daïra de Ténès, a été réalisée en 1975 par les Italiens. Depuis cette date, ce fleuron de l’industrie céramique a traversé plusieurs étapes, notamment après sa restructuration, en 1982, au cours de laquelle elle sera connue sous le nom de Céramit. En 1998, la Céramit se voit transformée en SPA (Société par actions), dont le capital social d’un milliard de dinars est détenu à 100% par l’État. L’usine Gamme Vitreous a été réalisée par le constructeur italien «Sacmi Impianti» et ses premiers produits sortirent de la chaîne de production en avril1978. Il s’agit en fait d’articles sanitaires en Vitreous, composant les gammes économique et luxe et qui sont destinés à équiper les salles de bains et les installations sanitaires diverses. En terme physique, l’usine produit annuellement plus de 200 000 pièces, réparties comme suit : 54% d’éviers, 19% de sièges turcs,15% de receveurs de douches 6% de lavabo, 4% de sièges anglais et enfin 2% d’accessoires. Cependant, pour la fabrication de ses produits l’usine importe la matière première traitée d’origine européenne, notamment d’Angleterre, de France ou d’Espagne. Généralement, les matières premières importées sont le kaolin, l’argile blanche et le feldspath. Il faut noter que les recherches entamées dans le sous-sol algérien n’ont pas permis de découvrir à ce jour les matières premières utilisées dans la fabrication des sanitaires. Ainsi, c’est par bateaux que sont acheminés, jusqu’à ce jour, depuis l’Europe, ces produits stratégiques pour l’usine.
«Sauver sa peau et son outil de travail»: le crédo en vogue, lors de la décennie noire.
Malgré les années de braise qu’a connues notre pays au cours de la Décennie noire où, faut-il le rappeler, on a vu de très nombreuses entités économiques brûlées et saccagées par les hordes sauvages, la Céramit de Ténès fut épargnée grâce à la mobilisation générale de ses ouvriers et responsables soutenus par les services de sécurité (armée et gendarmerie nationale). À ce sujet, Braikia Mohamed, P-DG de la Céramit se remémore cette période difficile où il était question «de sauver aussi bien sa peau que son outil de travail», mais malgré la menace terroriste l’usine a continué à fonctionner sans discontinuité. Certes, la production a légèrement diminué du fait de la situation qui prévalait à l’époque où les entreprises de réalisation de nouveaux logements ont été, elles aussi, astreintes à réduire considérablement leurs activités. Mais une fois que la situation sécuritaire s’est rétablie, les responsables de l’usine ont entrepris un programme d’investissement en 2000, qui consistait à moderniser partiellement les équipements existants afin de fabriquer des produits de qualité qui peuvent trouver acquéreurs sur le marché extérieur. Ainsi, est née l’usine «Gres Fin». La période de 2005 à 2010 fut celle de la mise en œuvre du projet qui nécessita une étude, puis une consultation et enfin l’attribution du marché . Bien entendu, une société italienne fut retenue pour la réalisation d’une nouvelle chaîne de production, en raison du savoir-faire reconnu mondialement à ce pays en la matière. L’opération a été inscrite dans le cadre du plan quinquennal 2014-2019. Les travaux débutèrent fin 2013, et devront s’achever, sauf imprévu, en 2017. À noter que des entreprises étatiques et privées ont été associées au projet. Parmi celles-ci figure la société Batimétal de Ain-Defla. En application de la résolution du CPE n° 12/125 adoptée le 1er avril 2012, l’usine a bénéficié d’un financement pour son plan de développement, de réhabilitation et de mise à niveau de l’outil de production d’un montant de 3 330 millions de DA. De même, elle a pu bénéficier d’un rééchelonnement d’un découvert bancaire de 697 millions de DA auprès de la Banque Extérieure d’Algérie (BEA). Ce dernier sera rééchelonné sur une durée de 10 ans à un taux d’intérêt bonifié de 3,5%, et dont la date du 1er échéancier a été fixée à juin 2017. L’extension des capacités de production a mobilisé un crédit d’un montant de 2 252 millions de DA, étalé sur une période de 15 ans et à un taux d’intérêt bonifié de 3,5%. Quant à l’investissement immatériel, un crédit de 211 millions de DA a été consacré à ce projet. Une fois achevée, cette nouvelle unité de production devra fabriquer de la «grosse pièce», notamment avec l’assistance de constructeurs de renommée mondiale tels que «Riedhammer» d’Allemagne, «Porvair» de Grande-Bretagne ou Setec et Siti» d’Italie. En effet, la gamme variée de produits qui seront fabriqués par cette usine devra non seulement satisfaire la demande locale tant par la qualité que par la quantité mais également trouver des acquéreurs potentiels auprès de nos voisins maghrébins.
Notre ambition, dira Braikia Mohamed, c’est de se positionner en acteur principal sur le marché national, et à une moindre mesure mondial. Pour cela, l’usine a présenté un dossier aux pouvoirs publics pour un investissement en vue de moderniser davantage l’outil de production pour pouvoir être plus compétitifs sur un marché ouvert à la libre concurrence. Par ailleurs, M. Braikia tient à préciser que pour ne pas mettre les ouvriers en chômage technique d’une part et surtout continuer la production pour que nos clients puissent continuer à s’approvisionner de nos produits au risque de les voir se tourner vers d’autres fournisseurs, nous avons privilégié la modernisation des équipements par étapes.
D’ailleurs, on prévoit après la mise en marche de cette nouvelle unité une production d’un million d’articles alors qu’elle avoisine aujourd’hui les 400 000 articles. M. Braikia nous dira avec une certaine fierté qu’une partie de la production sera destinée à l’exportation, et l’autre destinée au marché local notamment avec les besoins exprimés par les entreprise de réalisation du million de logements programmé par les pouvoirs publics. Bien entendu pour cette usine qui demeure, doit-on le signaler, parmi les entreprises qui n’ont cessé de recruter au fil des ans de nouveaux travailleurs, pour arriver aujourd’hui à un effectif de 520 salariés dont 120 recrutés uniquement dans le cadre du nouveau projet, le volet de la formation n’as pas été omis puisque des stages de perfectionnement sont régulièrement organisés en Italie, Portugal et récemment en Chine. Par ailleurs, il faut noter que parmi le personnel de maitrise, l’usine emploie 15 filles sur les 50 cadres que compte l’usine, généralement ce sont des ingénieurs de production et de soutien.
Par ailleurs, il est imporant de signaler que lors de la dernière visite du Premier minsitre, Abdelmalek Sellal, en Espagne, le 21 mai passé, un accord a été également signé entre le groupe industriel algérien Divindus et l’entreprise espagnole ROCA pour la production de céramique à Ténès (Chlef) et à Ghazaouet (Tlemcen). Cet accord figure parmi la dizaine qui ont été signés au terme de la 6 eme réunion de haut niveau algéro-espagnole qui s’est tenus dans la capital ibérique, Madrid. Selon le P-DG de l’usine Ceramit, «ce nouveau partenariat avec un leader mondial de la céramique nous permettra de placer nos produits à l’étranger plus facilement, sachant que la concurrence est rude sur le marché mondial ».
Bencherki Otsmane