Les gigantesques incendies qui touchent le Canada ont obligé les autorités à faire évacuer, vendredi 18 août, une ville du Grand Nord. Ils menacent une région de Colombie-Britannique, à 2 000 km de là.
L’état d’urgence y a été déclaré. « La situation est imprévisible à l’heure actuelle et des journées difficiles nous attendent », a assuré, au soir du vendredi 18 août, le Premier ministre de Colombie-Britannique (ouest), David Eby. Dans le grand nord du pays, les 20 000 habitants de la ville de Yellowknife ont eu jusqu’à midi, vendredi, pour partir. Une course contre la montre compliquée car la capitale des Territoires du Nord-Ouest est très isolée. Certains évacués sont arrivés vendredi soir à l’aéroport de Calgary, munis de petits sacs, avec parfois un animal de compagnie. « Je me sens perdu, je n’ai aucune idée de ce qui va se passer maintenant », s’est inquiété Byron Garrison, un employé du bâtiment de 27 ans, accompagné de sa petite amie et d’un copain, tous trois visiblement apeurés. Les réfugiés du Grand Nord sont accueillis dans une petite pièce pour être enregistrés et répartis dans des hôtels. Des fruits, des biscuits et de l’eau sont à leur disposition. Les chiens aussi ont leur ravitaillement. « Le gouvernement nous a dit : il faut partir. Alors ma femme et moi avons pris quelques vêtements et Rosy (ndlr: leur chien), a confié Richard Manubag, 53 ans, salarié dans un café de Yellowknife. Je suis triste. Je pense à tout ce que j’ai dans ma maison et je ne sais pas ce qui va arriver. C’est ma seule maison, vous comprenez ? » Comme d’autres, il espère n’avoir à rester que « trois ou quatre jours » à Calgary.
Plus d’un millier de feux
Un pilote d’avion chargé des évacuations, Chad Blewett, a expliqué à la chaîne CBC que Yellowknife, où l’armée est mobilisée, était désormais « plutôt vide. » La majorité des évacuations ont eu lieu par la route. Environ 4000 personnes ont choisi la voie aérienne, selon les autorités. Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, s’est rendu vendredi soir à Edmonton, à environ 1 000 km de Yellowknife. Il y a rencontré des évacués du Nord dans un centre d’accueil. Devant la presse, il a assuré : « Nous allons nous sortir tous ensemble de cet été incroyablement difficile. » Il a, en outre, évoqué des « temps incertains et effrayants » alors que plus d’un millier de feux ravagent actuellement le pays d’est en ouest. Plus de 230 sont actifs dans les Territoires du Nord-Ouest et plus de 370 en Colombie-Britannique.
« L’équivalent de 100 ans de feux en une nuit »
Dans cette dernière province, quelque 15 000 habitants de cette région sont désormais concernés par un ordre d’évacuation. Son chef de l’exécutif, David Ebby, a déclaré un état d’urgence vendredi soir. Les incendies touchent notamment West Kelowna (plus de 30 000 habitants), où « un nombre conséquent » de maisons a brûlé, selon les autorités, et où certaines zones ont déjà reçu l’ordre d’évacuer. Le feu a parcouru 6 800 hectares en 24 heures dans ce secteur. Quelque 2 500 bâtiments ont été évacués de leurs occupants et 5.000 autres pourraient l’être. La situation est également critique de l’autre côté du lac Okanagan, à Kelowna (environ 150 000 habitants). L’espace aérien de la région a été fermé pour aider les efforts des avions de lutte contre les incendies. Vendredi, le chef des pompiers de West Kelowna, Jason Brolund, a reconnu que la nuit précédente a « probablement été l’une des plus dures de (s)a carrière. Nous avons combattu l’équivalent de 100 ans de feux, le tout en une nuit. » « Tous les efforts ont été déployés pour atténuer l’impact du feu. Mais au bout du compte, Mère Nature a été trop forte, a reconnu un responsable local de Kelowna, Loyal Wooldridge. Malheureusement, nous ne sommes pas tirés d’affaire. » Le Canada est confronté ces dernières années à des événements météorologiques extrêmes dont l’intensité et la fréquence sont accrues par le réchauffement climatique. Le pays connaît cette année une saison des feux de forêt qui bat tous les records: 168 000 Canadiens ont été évacués à travers le pays et 14 millions d’hectares – environ la superficie de la Grèce – ont brûlé, soit le double du dernier record datant de 1989.