Sur fond de bruit de bottes de la Cedeao qui s’apprête à intervenir militairement au Niger, le 12e sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), dédié à l’Afrique, se tient à partir d’aujourd’hui, 22 août, jusqu’au 24 août, à Johannesburg, en Afrique du Sud, pays qui assure la présidence tournante du Groupe en 2023.
Le thème du sommet est significatif : « Les BRICS et l’Afrique : un partenariat pour une croissance mutuellement accélérée, un développement durable et un multilatéralisme inclusif ». Le décor est déjà planté à Johannesburg, rapporte Sputnik : « la couleur nationale du pays hôte est mélangée aux symboles des BRICS dans le quartier où se dérouleront les principaux évènements du sommet, dont la prochaine entrevue des leaders du groupe. Dans le Sandton Convention Center, une fontaine côtoie un bas-relief de Nelson Mandela – le Premier président d’Afrique du Sud libérée de l’apartheid – et des banderoles annoncent le sommet ».
Le «Sud global»
Le sommet réunira plus de 60 États du Sud global défini comme un ensemble de pays qui «s’opposent tous, dans une mesure ou une autre, à la domination occidentale et cherchent des mécanismes de coopération alternatifs ». Parmi les questions principales qui seront débattues lors du sommet et qui concernent directement l’Algérie, celle de l’élargissement des BRICS à de nouveaux États qui en ont fait la demande et qui présentent la caractéristique commune de faire partie du «Sud global » Des pays qui aspirent à la « multi-polarisation » du monde et à la reconnaissance de sa diversité et de sa pluralité. « Vingt-deux pays se sont formellement adressés aux pays des BRICS pour devenir des membres à part entière. Un nombre égal de pays ont posé de manière informelle des questions sur l’adhésion aux BRICS », a déclaré Anil Sooklal, ambassadeur de l’Afrique du Sud pour les BRICS. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a donné son explication dans un article pour le magazine sud-africain Ubuntu, cité par le site d’information Sputnik: « Notre union a pas mal de partisans des mêmes idées à travers le monde entier. On y voit une force positive qui est capable de renforcer la solidarité des pays du Sud global et de l’Est, de devenir l’un des piliers d’un nouveau monde, d’un ordre mondial plus juste ». Il tient à préciser que les BRICS ne visent pas à substituer les mécanismes multilatéraux existants ni à devenir « un nouvel hégémon collectif ». Les BRICS s’élargissent pour construire un monde plus juste, affirme Sergueï Lavrov. Pour Dr Souhila Berrahou, docteur en économie et chercheuse en relations internationales de l’École nationale des sciences politiques à Alger, dans une interview à Sputnik, « Cette expansion donnera au groupe des cinq beaucoup plus de poids sur la scène internationale pour pouvoir diluer l’influence de l’Occident dans le monde économique et diplomatique ». Le groupe des BRICS se constitue et est un poids démographique […], c’est un poids financier, un poids technologique, un poids diplomatique aussi. Ces pays possèdent une forte croissance économique […]. Tous ces atouts économiques ont favorisé la volonté d’adhésion à d’autres pays aussi importants économiquement et diplomatiquement à rejoindre ce groupe », a-t-elle indiqué.
La dédollarisation
Autre indice de la volonté de distanciation vis-à-vis de «l’Occident collectif» (c’est à dire l’ensemble des pays membres de l’OTAN): les BRICS devront discuter de l’augmentation du rôle des devises nationales dans les échanges et du potentiel de la Nouvelle banque de développement. De nombreux pays du « Sud global » multiplient les initiatives, en privilégiant le recours aux monnaies locales dans les transactions commerciales bilatérales, pour se débarrasser du dollar, qui est le pilier par excellence de l’hégémonie occidentale. Atout supplémentaire des BRICS : au plan politique, l’attachement au droit international sur les questions de décolonisation en Palestine et au Sahara occidental, et la démarche pour le règlement des tensions et des crises, favorisant la voie diplomatique et la solution pacifique, contrairement à l’OTAN et ses alliés.
M’hamed Rebah