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Boumerdès : la filière lait otage des spéculateurs

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Les éleveurs de la région est de Boumerdès sont confrontés à de véritables problèmes à cause de la cherté de l’aliment de bétail. Cet état de fait a poussé un grand nombre d’éleveurs à jeter carrément l’éponge car ne pouvant plus assurer la prise en charge de leur cheptel, qui revient de plus en plus cher à nourrir. Kamel un éleveur de la localité de Benchoud a vendu toutes ses vaches. « Je reviendrais à l’élevage une fois que le prix de l’aliment ‘’ le son’’ redescend à 500, 00DA »lancera-t-il avec colère, en dénonçant la spéculation faite autour de cet aliment. Il ajoutera que l’état ne fait rien pour aider les éleveurs et laisse les spéculateurs détruire la filière. Il nous a expliqué les pratiques spéculatives de la ‘’mafia’’ autour de l’aliment de bétail, en déclarant que l’état importe le blé pour 300 millions d’habitants et non pour 40 millions. Cette importante quantité importée du blé subventionné est cédée aux minorités publiques et privées lesquelles après avoir extrait le son à hauteur de 20 à 30%, le revendent aux éleveurs à plus de 2500,00DA. Il est à préciser que le blé subventionné est à 1 280 DA. Les minoteries demandent de plus en plus de quantités de blé pour la transformation en semoule et farine mais surtout pour le son objet de spéculation. Les grossistes l’achètent à 1500,00 DA pour le revendre sur place aux éleveurs à plus de 2500,00 DA et des fois certains privés le revendent à des prix dépassant les 3500,00 DA précisera-t-il. Cela n’est pas sans conséquences sur les éleveurs qui trouvent d’énormes difficultés à nourrir leurs vaches laitières, sachant qu’une bête bien nourrie ‘’ bouffe’’ plus de 1000,00DA/jour. Ami Hadj Hamoud qui possédait 20 vaches en 2014 vit le même calvaire lui qui a toujours exercé dans l’élevage ainsi que ses enfants. Il ne lui reste que 12 vaches laitières à cause des difficultés liées à leur alimentation qui est devenue très chère dira-t-il en déclarant qu’à chaque fois, il vend l’une pour pouvoir subvenir aux autres. «Et c’est ce que je vais continuer de faire jusqu’à la fin » s’inquiète-t-il en ajoutant que ses enfants sont découragés et ils veulent faire autre chose que l’élevage. Cette situation a engendré des conséquences graves sur la filière lait. Le nombre de vaches a diminué et le volume de production en lait a sensiblement baissé. « Le prix du revient du lait est de 70,00DA et il est cédé par l’éleveur entre 30,00et 35,00 DA en plus des 12,00DAde subvention de l’état ce qui engendre une perte de plus de 20,00DA à l’éleveur » s’inquiète-t-il. Plus 300 éleveurs ont cessé l’activité car n’étant plus rentable. Il est constaté également la diminution du nombre de vaches laitières qui ont désormais pris le chemin des abattoirs. Notre interlocuteur a dénoncé l’absence de protection de la génisse et la mauvaise répartition de la subvention qui lui a été allouée. Des milliers de génisses ont été vendues et égorgés car elles reviennent moins cher que la viande de bœuf. L’insémination artificielle pratiquée ne réussit qu’à hauteur de 20%. Sur les 10.000 doses de semence pratiquées, seulement 2000 sont réalisées avec succès, ce qui est un échec pour notre interlocuteur à cause du trafic dans le domaine ainsi que l’insuffisance alimentaire du bétail. Cet état de fait pousse les éleveurs encore en activité à recourir à l’ancienne méthode c’est-à-dire par ‘’le taureau’’. « Je me suis senti que c’est moi qui travaillait chez la vache », résuma-t-il sa vie d’éleveur avant de vendre toutes ses vaches. Dressant le même constat sombre sur le secteur de l’agriculture en général et la filière laitière en particuliers, le président de «l’ ONDA » l’Office national du développement agricole, Rabah Ouniach, appelle les autorités à une véritable prise en charges des problèmes des agriculteurs pour amorcer un véritable développement agricole. Il préconise le retour à l’authentique fellah, la libération des associations pour toutes les filières activant dans le domaine agricole, l’amélioration et une meilleure gestion des subventions et des aides qui doivent profiter directement aux agriculteurs. Il cite également l’instauration des laboratoires d’analyses (sols, semences, engrais, pesticides et autres) ainsi que la réhabilitation et la réalisation d’autres barrages.

B. Khider

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