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Bouira : un été de tous les soucis

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L’été a été, particulièrement, chaud cette année. Chaque wilaya y a fait face avec les moyensn, dont elle dispose. La façon, dont Bouira l’a vécu, mérite qu’on revienne sur les moments forts de cette saison caniculaire.

Un Ramadhan particulièrement chaud
Cela a commencé avec les premiers jours du mois sacré. Les températures ont grimpé de façon inquiétante, atteignant des records rarement égalés. Le mercure oscillait entre 43 et 45° à l’ombre, mettant les jeûneurs à rude épreuve, les contraignant à garder la maison toute la journée. Conséquence: la campagne moisson-battage était retardée dans une large mesure, elle ne devait connaître sa clôture que tout dernièrement.
Affronter ce soleil de plomb, qui a accompagné le mois de Ramadan de bout en bout et même au-delà, était un risque, un suicide. Alors que les journées se caractérisaient par de grosses chaleurs, plongeant les villes et les villages dans une profonde torpeur, les nuits étaient plus clémentes offrant leurs soirées ruisselantes de lumière et chargées de bruits et d’effluves nourricières. Les rues éclaboussées de néans accueillaient une foule en quête d’un peu de fraîcheur et de distractions. Mais elles offraient également des rafraîchissements et des sandwichs. Les cafés, eux, étalaient leurs tables jusque sur les trottoirs pour accueillir, dignement, les consommateurs et les familles désireuses de marquer une pause dans leurs longues déambulations, à travers les rues et les ruelles. En matière de spectacle, deux lieux entraient en compétition durant tout le mois au niveau du chef-lieu de wilaya: la maison de la Culture et la maison de l’Environnement. Pour avoir fait appel à des artistes locaux, pour la plupart des soirées, celles-ci n’ont été pas moins splendides et attiraient un grand public. La wilaya de Bouira dormait le jour et s’éveillait la nuit pour faire la fête.

Sécurité
Sur le plan sécuritaire, l’été, en dépit des gros moyens mobilisés par les services de sécurité pour assurer l’ordre et la sécurité du citoyen, aura été également chaud, très chaud au propre, comme au figuré. Si, dans chaque coin de rue et carrefour, des policiers marquaient leur présence de façon permanente donnant l’impression que toutes les conditions de paix étaient réunies, si dans toutes les routes reliant les villes et les villages entre eux des patrouilles étaient effectuées à tout moment de la nuit, il reste que les groupes terroristes, qui cherchaient à trouver une faille sur ce plan de sécurité, ont déclenché quelques attentats qui se sont soldés par un échec cuisant. Ces attentats venaient en réponse à l’élimination d’un important groupe de sanguinaires, dont on estime le nombre à une vingtaine, dans la région de Lakhdaria. Le plus marquant est celui commis, alors que le mois de Ramadhan touchait à sa fin. Vers minuit, des inconnus à bord d’une voiture de marque Clio ouvraient le feu sur une patrouille de police près du pôle universitaire, blessant légèrement deux policiers avant de prendre la fuite. Mais l’acte qui a défrayé la chronique est celui perpétré par un officier de la Gendarmerie intervenu deux semaines après la fête de l’Aïd.
Amoureux d’une fille qu’il voulait épouser, mais essuyant un refus de la part de ses parents, le jeune éconduit, fou de douleur, a cherché à se venger, en vidant le chargeur de son arme automatique sur la jeune fille, sa mère et sa sœur les blessant grièvement. Ce drame horrible se passait dans la wilaya de Boumerdes. Comme il se rendait chez lui dans la wilaya de Annaba, dont il était natif, l’auteur de cet abominable crime a été intercepté au niveau du barrage de Oued-Hous, à la sortie Est de la ville, spécialement renforcé en l’occurrence pour l’accueillir. L’échange de tirs qui a eu lieu entre les forces de sécurité et l’officier en fuite a duré près d’une heure. Le bilan de cet accrochage violent est de deux blessés parmi les gendarmes et la mort de l’officier. Du côté de l’Armée nationale populaire, les nombreuses opérations enclenchées dans différentes zones montagneuses ont permis la destruction de plusieurs casemates et la récupération d’un important lot d’armes et de munitions. Dans l’ensemble, la situation sécuritaire durant cette période estivale a été assez mouvementée pour être assez alarmante.

Epidémiologie
Chaud, chaud, chaud l’été l’a été également sur le plan épidémiologique. En effet, et alors qu’une réunion se tenait au milieu du mois de carême, présidée par le secrétaire général de la wilaya, et à laquelle assistaient les directeurs de l’exécutif et les chefs des daïras en vue d’un plan d’action, relatif aux maladies à transmission hydrique (MTH) et autre toxico-infection, le premier juillet, et contre toute attente, se déclarait le premier cas de brucellose, dans la commune de Taghzout à une dizaine de kilomètres à l’Est de Bouira, plongeant la wilaya dans une profonde panique. En effet, la maladie non jugulée, en dépit de la campagne de vaccination qui a ciblé tout le cheptel bovin, se transformait en une véritable épidémie. On a même trouvé deux cas à Oued-el-Bardi, une localité distante d’une trentaine de kilomètres du foyer infectieux. La brucellose menaçait toute la wilaya : pas moins de dix-huit cas ont été enregistrés jusqu’alors. Le dernier cas remontait à dimanche dernier. La patiente, une femme de 44 ans, originaire de Taghzout, a été hospitalisée ce jour-là à l’hôpital Mohammed-Boudiaf de Bouira. Ce qui a fait craindre une recrudescence de l’épidémie, alors qu’on croyait qu’elle était vaincue. L’explication fournie par quelques éleveurs qui ont vu leurs troupeaux frappés par cette maladie, en dépit de la campagne de vaccination qui a ciblé tout le cheptel est que le vaccin utilisé à cette fin était périmé. S’il s’avère en effet que les vaches ayant été contaminées par la bactérie de brucellose ont été effectivement vaccinées (ce qui reste à prouver) force et de conclure que le vaccin utilisé pendant la campagne n’était pas efficace. Selon la version officielle, la bactérie incriminée n’a pas été portée par le cheptel vacciné mais par des troupeaux vivant dans un état semi-sauvage, et ayant par conséquent échappé à la campagne de vaccination. Il reste que cette maladie intervient dans un contexte marqué par une crise qui frappe durement la filière du lait, et que le boycott maintenant de ce produit de première nécessité, met à mal un secteur fragilisé par une grande pénurie. Le plus étonnant est que le ministre de l’Agriculture qui a sillonné toute la wilaya, s’enquérant de la situation régnant dans différentes filières (pomme de terre, céréales, pêche, lait, aviculture) n’ait pas été informé de cette situation, alors qu’il a visité une étable à Haïzer, et que la maladie progressait rapidement dans les parages. Où étaient les autorités? Comment croire qu’elles n’aient pas fait leur rapport sur cette maladie, et que le ministre n’ait pas été mis au courant, par ses propres services, de ce fléau qui menaçait le secteur ?

Les exclus des piscines exposés aux risques de noyade
La chaleur a eu d’autres incidences, et celles-ci se sont répercutées sur une jeunesse désœuvrée et exclue des nombreuses piscines nouvellement construites, et dont l’accès est tarifié, honteusement, à des prix hors de portée de leurs bourses. S’il y a lieu de se féliciter que dans chaque daïra il existe une piscine semi-olympique qui a permis de former de nombreux athlètes de haut niveau, il reste à déplorer que les avantages de ces infrastructures sportives ne profitent à toute la jeunesse dans ses multiples composantes et spécialement celle issue des milieux défavorisés qui se trouve, ainsi, de facto exclue de ces acquis sociaux. Comment s’inscrire en droite ligne dans le combat qui vise à l’éradication des fléaux sociaux sans penser aux jeunes défavorisés et à leur réinsertion sociale par l’extension de mesures sociales, visant à supprimer les clivages sociaux et à faire en sorte que chaque jeune Algérien se sente concerné par les nombreux programmes de développement mis en œuvre par les différents secteurs? Il convient de poursuivre notre interrogation et se demander si les jeunes qui continuent à fréquenter les barrages et les retenues collinaires, en dépit des appels pour attirer leur attention sur les risques liés aux baignades en ces endroits, seraient restés sourds à ces appels et si, en leur ouvrant l’accès des piscines, l’on n’aurait pas évité les six noyades enregistrées durant la saison. Mais parce que ces infrastructures à caractère éducatif, sportif et social sont scandaleusement tarifiées, parce que la catégorie de jeunes s’est trouvée exclue de leur bénéfice, et que la saison a été très éprouvante, alors la wilaya a enregistré six noyades dans les barrages et les retenues collinaires dont l’âge varie entre douze et dix-sept ans.

Sur le plan festif
Paradoxalement, cet été chaud a été très propice à la célébration des fêtes de mariages. Et c’est généralement pendant la nuit que les fêtards se manifestent par un carrousel de voitures, un concert de klaxons et surtout par des pétards et la diffusion de musiques folkloriques, où la manifestation dure toute la nuit. Mais cette joie n’est pas partagée par tous, car la fête se prolonge à des heures indues troublant le sommeil de ceux qui travaillent et ont besoin de repos aux heures où les températures deviennent supportables. D’autre part, les feux d’artifices et les pétards, ainsi que la diffusion de musique de façon non-stop pour illustrer ces soirées sont une vraie torture pour les oreilles sensibles, car leur puissance est telle que pétards et feux d’artifices font penser à de vraies explosions.
Ajoutés à la prolifération extraordinaire des moustiques, les nuits, en cette période estivale étouffante, tous ces bruits intempestifs deviennent vraiment un calvaire pour les habitants de nos villes et de nos villages. En effet, ces bestioles carnivores qui rendent nos nuits cauchemardesques trouvent dans un environnement dégradé par suite de la multiplication exagérée des décharges sauvages des conditions idéales à leur prolifération. Lutter efficacement contre toutes les sources de pollution reviendrait à prendre d’abord conscience de phénomènes dégradants, dont nous sommes souvent les premiers responsables, et à faire acte de civisme, en respectant notre environnement. Il est permis de s’amuser et de partager sa joie et ses plaisirs, mais sans pour autant remettre en cause la quiétude de toute la communauté par des débordements inqualifiables qui font douter de son civisme et de son appartenance à cette communauté.
Ali D. et Omar S.

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