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Bibliothèque nationale : une mémoire à la dimension du pays

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La Bibliothèque nationale peut se comprendre comme une mémoire collective à la dimension d’un pays. Elle renferme toute l’histoire d’un peuple. Et plus cette histoire s’enrichit de nouveaux travaux et de nouvelles publications, plus cette mémoire augmente de nouveaux apports. Cette mémoire est donc vivante et présente à tous les événements culturels qu’elle illustre de ses formidables documents. Ainsi, a-t-on pu la trouver à Alger, à Timimoun, à Timgad et dernièrement à Bouira, à l’occasion du Salon du livre amazigh et des multimédias, où deux types d’échantillons de livres sur l’histoire de la Kabylie et la langue berbère ont été exposés. Ce qui frappe a priori le regard, la variété et la rareté des ouvrages qu’elle expose. Ainsi, en était-il, par exemple, de ces deux échantillons de livres, dont nous parlions plus haut : le premier échantillon est écrit par des experts français et sont forts anciens, certains datant du début du 20e siècle, le second est rédigé par des écrivains contemporains, et tous ou presque algériens. Quoi qu’il en soit, et c’est l’honneur de cette institution culturelle qui incarne la mémoire collective par les trésors du passé qu’elle renferme, de pouvoir s’en targuer, la douairière de nos bibliothèques n’a jamais manqué un rendez-vous culturel, et l’on peut être certain de la rencontrer aujourd’hui, à Bouira, à Tizi Ouzou, à Béjaïa ou Boumerdès avec cet important lot de livres, qu’on chercherait en vain ailleurs, comme on est sûr de la retrouver demain à Alger, à Constantine, à Annaba, à Oran ou Béchar, et toujours en variant à l’infini son exposition en fonction de la culture et des traditions de la région.

Plus de 1 000 titres sur Tamazight
À en croire la chargée de la reliure d’art à la Bibliothèque nationale, NoraTayeb, et Bouzid Khlili qui nous prêtent leurs lumières en l’occurrence, ladite bibliothèque renferme plus de mille titres différents qui traitent de la Kabylie, de son histoire, de sa géographie, de sa langue, de ses traditions et de ses rapports souvent, trop souvent conflictuels avec les invasions. Peuple fier et courageux, il ne s’est jamais accommodé d’une quelconque soumission avec aucune d’elle. Aussi, son histoire à travers les âges est-elle remplie de magnifiques pages relatant de très glorieux faits d’armes, de Massinissa à Jughurtha à Amirouche, Didouche Mourad, Ouamrane, en passant par Lala N’Soumer, et d’autres grandes figures de la résistance qui ont précédé la Révolution de Novembre 54. À cet égard, le livre de «Le Roux» qu’il consacre à la langue berbère et à sa morphologie, renseigne dans sa magistrale introduction que fut et ce que reste le Kabyle : un peuple jalousement, et farouchement attaché à sa terre natale, à sa langue et à sa culture amazighe à travers le temps et l’espace. En cela, le mot race appliqué à ce groupe humain qui a conservé jusqu’au bout ses caractères ancestraux prend tout son sens et sa noblesse : le Kabyle est à part. À part, non isolé, non replié sur lui-même, mais prodigieusement ouvert vers les autres cultures et les autres langues dans un souci d’enrichissement, de compréhension et de respect, mais parfaitement intégré au territoire et à la nationalité algérienne. C’est en cela qu’il est différent, donc à part. Et c’est cette particularité qui fait sa force et sa fierté : fier d’être Algérien et Kabyle. On lira aussi avec intérêt les Études historiques que Dumas et Falorni consacrent à la grande Kabylie (Édition Hachette), La femme kabyle, de René Vigier et l’incontournable ouvrage intitulé
«L’insurrection de 1856» et 57 rédigé par le colonel Robin en 1902. Enfin, on a les trois volumes de
Honneteau et Le Tourneaux sur la Kabylie, et qui ont été réédités par la maison Bouchène en 2003. Quoi qu’il en soit, ce petit échantillon ne représente qu’une infime partie de ce patrimoine culturel immatériel qui dort à la Bibliothèque nationale, et qu’il serait heureux que quelques plumes férues d’histoire exploitent ce trésor fabuleux, et contribuent non pas à l’écriture de l’Histoire, puisqu’elle existe, mais à sa vulgarisation.

La BN à l’heure de la numérisation
On a dit plus haut quel rôle joue la bibliothèque nationale dans la conservation des vieux ouvrages et manuscrits ainsi que les efforts qu’elle fait pour être présente à tous les événements culturels marquants qui ont lieu à l’échelle nationale pour en souligner la richesse et la diversité. On tâchera de montrer, en nous appuyant sur l’entretien accordé par les deux représentants de la BN à Bouira, quel rôle cette dernière joue encore par rapport au livres nouveaux qui s’éditent et aussi par rapport aux étudiants et des chercheurs désireux de connaître une période donnée de notre histoire. D’abord, nous apprenons – de nos deux interlocuteurs que la BN comporte un fichier où tous les livres ont-ou s’ils viennent d’être édités reçoivent- un numéro international, ISBN, unique au monde qui permet de les identifier, et d’éviter donc qu’il ne se perde ou que quelqu’un d’autre ne se l’approprie indûment. Lorsqu’un ouvrage-et le secrétaire général du Haut-Commissariat à l’aamazighité l’a assez souligné dans son allocution d’ouverture de la 9e édition du livre amazigh et des multi-média et dans la conférence de presse qu’il a tenue à cette effet lorsqu’un ouvrage paraît, la BN le reçoit aussitôt par le biais du dépôt légal. On est ainsi sûr de le retrouver grâce au fichier où il figure sous son numéro international (ISBN).
Mais la BN est aussi ouverte aux lecteurs, qu’ils soient simples lecteurs, lisant pour leur plaisir, ou des lecteurs faisant de la recherche-étudiants et chercheurs, donc. Et pour les aider dans leurs efforts à se procurer un livre ou un document rare, la BN qui s’est ainsi mise à l’heure de la numérisation peut fournir des CD de tel ou tel ouvrage demandé, ou simplement le photocopier, quand elle n’est pas sollicitée pour un prêt. «Notre mission, explique un de nos interlocuteurs, est d’accompagner (les événements culturels), de conserver et de communiquer». Lors de la visite du ministre des Ressources en eaux, un certain dimanche d’octobre, au Salon du livre amazigh et des multi média-visite de courtoisie, faut-il le rappeler ?- ce dernier s’est arrêté plus longuement devant le stand de la BN, à l’entrée de la maison de la culture, pour témoigner de l’intérêt particulier qu’il portait à cette exposition exceptionnelle et saluer une mémoire à la dimension d’un pays.
Ali D.

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