Abdelaziz Belkhadem, ce fils prodige de Aflou, qui a toujours caressé le rêve de devenir, un jour, président de la République est-il prêt à enterrer cette ambition après les sanctions sévères prises, avant-hier, par le chef de l’État à son encontre ? Ceux qui connaissent parfaitement l’homme savent pertinemment que celui-ci va tout faire pour atteindre cet objectif, et ce, quitte à rejoindre l’opposition. Cette dernière (l’opposition, ndlr) est en effet la seule carte que le désormais ex-conseiller du président de la République peut jouer en prévision de la présidentielle de 2019. Abdelaziz Belkhadem, s’engagerait, du coup, dans un champ, le moins que l’on puisse dire, miné. Lui, qui croyait que la prochaine élection serait l’occasion tant attendue pour accéder au Palais d’El Mouradia. D’autant plus, qu’il faisait partie des hommes de confiance du chef de l’État.
Croyant en son destin, surtout après que Bouteflika l’eut nommé conseiller à la présidence, le secrétaire général déchu du FLN a fait des pieds et des mains pour revenir aux manettes de ce parti qu’il voulait utiliser, selon ses adversaires, comme tremplin afin d’exaucer son rêve. Et pour convaincre son monde, Belkhadem se targuait, indirectement, du fait qu’il jouissait du soutien du président d’honneur de l’ex-parti unique, en l’occurrence Abdelaziz Bouteflika. L’ancien représentant personnel du président de la République, qui tombe de très haut, pourrait-il ainsi se relever et tout reconstruire ? Difficile, certes, mais pas impossible pour le prédécesseur de Saâdani, dont les proches collaborateurs affirment que l’homme est «charmé» par la «chaise».
Des observateurs de la scène politique soutiennent même que le désormais ex-conseiller du président de la République avait annoncé la couleur après avoir accepté de prendre part aux travaux de l’université d’été du Front de changement (FC), ouverts dimanche dernier, au niveau de la wilaya de Boumerdès. De «mauvaises langues» estiment même que cette «démarche» serait la goutte qui a fait déborder le vase. Une «hypothèse» plausible surtout lorsque l’on rappelle que Sid Ahmed Ghozali, Ali Benflis et Ahmed Benbitour faisaient partie des «V.I.P» invités à cette activité. L’on parle aussi d’une réunion «secrète» qui aurait regroupé Belkhadem, Hamrouche et Menasra, le numéro un du FC à la maison de ce dernier la veille de la tenue des travaux de cette université d’été.
Si l’information est vraie, et cela doit être le cas, d’autant plus que la décision du chef de l’État de mettre fin aux fonctions de ce dernier intervenait une journée après l’ouverture de la rencontre précitée, il serait légitime d’en avoir des doutes sur le «jeu trouble» de Belkhadem qui, pourtant, jouissait de la confiance du Président. Bref, le secrétaire déchu de l’ex-parti unique aura comme ultime recours de rejoindre l’opposition s’il compte poursuivre son parcours et, par ricochet, ne pas rentrer chez-lui. Sur ce point, Mohcine Belabbas, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui est un des animateurs de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), a, en quelque sorte, «dragué» Belkhadem, et ce, en qualifiant ce dernier d’un «acteur qu’il faut écouter». «Si jamais Belkhadem assume l’idée d’une transition démocratique et d’un changement de système politique, il serait un acteur qu’il faut écouter», a estimé le successeur de Saïd Sadi dans une déclaration faite au journal électronique «TSA». Il faut rappeler, dans le même sens, que l’ancien président du MSP, Bouguerra Soltani, qui était à un moment donné l’allié de Belkhadem dans le cadre de la «défunte» alliance présidentielle, avait, lui aussi, choisi la voie de l’opposition après avoir brutalement claqué la porté du pouvoir, en croyant surfer, à ce moment, sur la vague du printemps arabe.
Pour rappel, le président de la République a pris, avant-hier, «un décret en vertu duquel il a mis fin aux fonctions de Abdelaziz Belkhadem en qualité de ministre d’État, conseiller spécial à la présidence de la République, ainsi qu’à toutes ses activités en relation avec l’ensemble des structures de l’État», selon une source à la présidence citée par l’agence de presse officielle APS. La même source a précisé, par ailleurs, «que contact a été pris avec le secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN) à l’effet de prendre les mesures nécessaires afin de mettre fin aux fonctions de ce dernier (Belkhadem, ndlr) au sein du parti et interdire sa participation aux activités de l’ensemble de ses structures».
Soufiane Dadi