La brucellose humaine enregistre une avancée effrayante. Le cri d’alerte nous vient du Sud du pays, exactement de Ghardaïa. Il émane du directeur de la Santé et de la population, Bachir Bahaz, qui affirme, sur la base du bilan arrêté au 22 février 2016, que 205 cas de brucellose, – zoonose contractée au contact des animaux d’élevage – y ont été enregistrés depuis janvier 2016, contre 427 cas durant toute l’année 2015, 277 cas en 2014 et 116 cas en 2013.
À ce rythme, si des mesures appropriées ne sont pas prises opportunément, on frôlera les 1000 cas ! Parmi lesdites mesures, il est recommandé le contrôle du cheptel, le renforcement de l’hygiène, la régulation du transport de bétail et sa chaîne alimentaire, ainsi que la vaccination. La prescription de ce remède est motivée par un fait causal : la consommation de lait cru et de produits laitiers à base de lait cru, notamment un fromage traditionnel du terroir, appelé « Kamaria ». C’est ce que, d’ailleurs, confirment les enquêtes épidémiologiques menées par les services de la santé : 119 cas sur les 205 cas ont consommé le fromage traditionnel « Kamaria » préparé à base de lait non pasteurisé ou bouilli, 55 autres avaient bu du lait de chèvre cru, et 13 cas avaient été touchés en consommant du lait de vache. Le restant du nombre, à savoir 18 cas, n’a pas, à ce jour, eu d’explication probante de la cause de sa contamination. L’enquête menée a également mis en relief la contribution de beaucoup de facteurs dans le déclenchement, et surtout, la hausse du nombre des cas de brucellose. Non-respect des règles d’hygiène et sanitaires, à la réticence de quelques éleveurs de procéder à la vaccination de leurs cheptels au motif, infondé, que celle-ci provoque des avortements chez les femelles en gestation, et l’usage qu’on en fait, toujours les éleveurs, d’un géniteur male porteur de bactéries ». La région la plus touchée demeure la vallée du M’Zab. Les quatre communes (Bounoura, El-Atteuf, Ghardaïa et Daya Ben Dahoua) qui la constituent, ont recensé, à elles seules, 135 cas depuis le début de l’année en cours, soit 65.85% du taux global. Berriane avec 50 cas et Métlili avec 9 ferment le podium. Guerrara est lanterne rouge avec 4 cas. Par ailleurs, selon les services vétérinaires de la wilaya de Ghardaïa, 36 cas de brucellose bovine au niveau de 7 foyers à travers la wilaya ont été enregistrés. On est, quand même, encore loin, mais proportionnellement, des chiffres de l’année 2015, durant laquelle 87 cas de brucellose bovine circonscrits dans 33 foyers et 110 cas de brucellose caprine dans six (06) foyers ont été détectés. À titre préventif, les services vétérinaires avaient, opportunément, procédé à l’abattage systématique des cas contaminés. Actuellement, une opération de dépistage est en cours, ciblant le cheptel caprin, bovin, ovin et camelin, dont la finalité est d’abattre l’espèce infestée en prévention contre la contamination pouvant, logiquement, en découler.
L’aspect psychologique dans cette recrudescence n’est pas en reste. L’enquête a, également, révélé que les habitants de Ghardaïa vouent une adoration sans limites au lait naturel cru, croyant qu’il est un produit aseptisé naturellement, donc qu’il est inutile de le faire bouillir pour le boire. Ce qui n’est pas l’avis des spécialistes qui croient, eux, que le lait cru et les produits dérivés fabriqués et vendus sans étiquetage sont douteux quant à leur origine et leur salubrité ». « La vente de lait non pasteurisé de vache, de caprin et de camélidé, à l’état brut dans des bouteilles usitées, destinées initialement à l’eau minérale, l’absence de contrôle et de répression contre la commercialisation de lait cru non étiqueté et d’origine douteuse », sont également à cataloguer parmi les causes de la brucellose. Celle-ci est considérée comme une maladie infectieuse causée par les bacilles du genre brucella, est transmise à l’homme par des animaux domestiques (bovidés, porcins). Ses symptômes chez l’animal sont l’avortement épizootique, alors que chez l’homme elles sont identifiées par des poussées irrégulières de fièvre (fièvre ondulante ou fièvre de Malte), des douleurs musculaires et une grande fatigue. Pour rappel, à ce propos, beaucoup de wilaya en ont fait les frais l’année dernière. On peut citer Bouira, où 49 personnes, dont 17 vétérinaires, ont été atteints de brucellose humaine, dans le cadre de leur exercice professionnel. La contamination des 17 vétérinaires a été causée par défaut d’observance des mesures de prévention les plus élémentaires (port de gants, de lunettes et de masques) surtout en période épidémique, alors qu’ils s’attelaient à guérir les patients selon un protocole standardisé par le ministère de la Santé sur recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Quatre cas sont aussi à comptabiliser dans la wilaya de Tarf, durant le mois de juillet passé, au niveau de trois communes de la wilaya, notamment à Bougous, Cheffia et Boutelja. Les personnes touchées ont eu droit, également, à un traitement spécifique durant trois jours.
Zaid Zoheir