Première banque au Maroc et dans la région en termes d’actifs et de clients, Attijariwafa Bank Europe, filiale du holding Al Mada qui est la propriété directe de la famille royale, a été éclaboussée par un grossier scandale financier en France. Blanchiment de capitaux et financement du terrorisme, rien que ça ! Les accusations évoquent un manque de transparence et de vigilance sur les transactions. Mais, et à dire vrai, ses dirigeants ont fermé les yeux sur d’énormes fonds ainsi blanchis à dessein pour finir dans les réseaux terroristes.
Suite à ses graves manquements, le consortium bancaire marocain a été sanctionné par une amende de 500 000 euros et s’est vu notifié un blâme pour plusieurs griefs liés à une violation flagrante des règles de transparence dans la gestion des fonds. C’est dire l’origine du business prospère des dignitaires marocains. À commencer par la tête de la hiérarchie, où « Sa Majesté » le roi, lui seul, dispose d’une fortune de 8,2 milliards de dollars. À l’affaire de blanchiment de l’argent de la drogue s’ajoute ainsi donc une affaire de financement du terrorisme à l’actif de Mohammed VI.
C’est en tout cas ce qu’a révélé, dans un rapport étoffé de 13 pages, la Commission des sanctions de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution. Après avoir mené des investigations poussées dans les mailles de la division Europe d’Attijariwafa, cet organisme de contrôle financier français a découvert le pot aux roses. En effet, le consortium bancaire marocain est accusé d’avoir manqué de rigueur dans le contrôle des transactions financières, lesquelles se se sont avérées au final des fonds blanchis servant au financement du terrorisme.
Au total cette banque est poursuivie dans 18 dossiers concernant le transfert douteux de fonds et de banque de détail et auxquels s’ajoutent 4 autres dossiers inhérents à l’activité de correspondance bancaire.
Selon le document relatif à ces sanctions, dont la décision a été rendue le 24 décembre dernier, les transactions douteuses ont été opérées à l’insu de l’Agence française gouvernemental Tracfin (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins). Or les règles et les lois bancaires sont claires à ce sujet.
AWBE traine les casseroles
Également sur la liste des griefs, 13 autres infractions ayant trait aux transferts de fonds. Cite notamment le document : « Dans ces dossiers, la société AWBE aurait dû soupçonner un possible blanchiment des capitaux en raison des éléments suivants: le montant élevé des opérations réalisées au regard des revenus connus du client (…), des opérations impliquant des mouvements d’espèces importants au regard des revenus(…), l’absence de tout justificatif ou de justificatif probant de l’origine des fonds en raison, notamment, de la nature du justificatif (…) ou de son ancienneté par rapport aux opérations effectuées. »
Il est bon de rappeler qu’en 2019 déjà, au cours d’une opération d’audit dans ses locaux en Italie, AWBE a été sanctionnée par la Banque centrale italienne pour des infractions liées aux transactions bancaires. Comme décision, la banque marocaine s’est vue limiter le champ de ses activités financières.
Farid Guellil