Le groupe terroriste armé ayant lancé des attaques simultanées, très tôt hier matin, contre les postes de la Garde nationale et de la police ainsi qu’une caserne militaire, à Ben Guerdane, au sud-est de la Tunisie, proche de la frontière avec la Libye, a été éliminé par les unités sécuritaires et militaires tunisiennes.
D’après le dernier bilan, à l’heure où nous mettons sous presse, 28 terroristes ont été éliminés, au terme de la riposte des forces de sécurités tunisiennes, lesquelles ont perdu six gendarmes, deux policiers, un douanier et un militaire, au terme de cette opération, selon les ministères de l’Intérieur et de la Défense dans un communiqué conjoint, déplorant, également la mort de sept civils. Dans un bref communiqué, le ministère de l’Intérieur a invité, hier matin, les habitants de la ville de Ben-Guerdane, secoués par cet acte terroriste à ne pas quitter leurs maisons, mettant un numéro vert à leur disposition. La ville de Ben Guerdane n’étant pas loin de la frontière tuniso-libyenne, les services de sécurité ont procédé à la fermeture des routes menant à Zarzis et Djerba, plus au nord, par mesure de sécurité. Cet attentat, faut- il le rappeler, intervient à moins d’une semaine, après l’opération réussie des unités et de la Garde nationale-gendarmerie- de Ben Guerdane, mercredi dernier, au terme de laquelle cinq terroristes, venus de Libye et retranchés dans une maison, ont été éliminés, quatre étaient de nationalité tunisienne, le cinquième avait fini par se faire exploser, selon les autorités tunisiennes. Il ne se passe pas un jour, sans que les services de sécurité du pays ne réussissent leur opération contre des terroristes, ce qui a amené le Premier ministre à déclarer la semaine passée que «des actions terroristes ont été déjouées» avait-il indiqué. Après l’attaque d’hier, des patrouilles de l’armée « se sont déployées dans la ville de Ben Guerdane et ont sécurisé ses accès », a indiqué, hier, Rachid Bouhoula, le chargé de communication du ministère de la Défense tunisien, demandant aux habitants de cette ville « d’informer les autorités de toute présence suspecte» pour mettre en échec toute éventuelle autre action terroriste dans cette ville ou ses environs. Il a été aussi question de la fermeture du poste frontalier avec la Libye, Ras Jedir. De son côté, le ministère de l’Intérieur a annoncé, via un communiqué, l’instauration d’un couvre-feu nocturne, à Ben Guerdane, de 19H à 05H du matin, en vigueur, depuis hier. Selon la TV publique tunisienne, El-Wataniya, les affrontements ont commencé suite à une attaque contre un poste de la Garde nationale et d’une autre contre une caserne militaire, lesquelles attaques terroristes ont été repoussées, par la riposte des éléments militaires et des services de sécurité, jusqu’à l’élimination de 28 terroristes.
Le chef du Gouvernement charge les ministres de la Défense et de l’Intérieur de se déplacer à Ben Guerdane. au terme de la réunion du chef du Gouvernement, Habib Essid, hier matin, avec les ministres de la Défense et son homologue de l’Intérieur, consacrée au suivi de l’évolution de la situation sécuritaire à Ben Guerdane et les différentes régions du Sud-Est du pays. Après la mise en échec de l’attaque terroriste en question, l’une des décisions prises à cette rencontre, était de procéder à un large ratissage «minutieux de toute la zone Sud ». Il a été aussi question de la décision du déplacement des ministres de la Défense et de l’Intérieur à Ben Guerdane, pour s’enquérir, sur place, de la situation et le suivi des opérations sécuritaires et militaires. Il faut rappeler que la Tunisie a été frappée par des attentats, ciblés au départ, dont été victimes, en 2013, les deux figures emblématiques du mouvement progressiste tunisien, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, puis c’était les éléments des services de sécurité qui ont été la cible des terroristes jusqu’aux attentats spectaculaires de l’attaque terroriste contre le Musée de Bardo et celles contre deux hôtels touristiques dans la ville tunisienne de Sousse. Par ailleurs, les autorités en Tunisie et la société tunisienne craignent les conséquences du retour des milliers de Tunisiens qui ont été mobilisés, par des réseaux locaux et internationaux pour être envoyés, durant plus de cinq ans, semer la terreur en Irak et en Syrie, lesquels sont remobilisés à nouveau pour faire le chemin inverse, en direction de la Tunisie ou bien pour aller grossir les rangs des terroristes en Libye qui, après que ce pays a été mis en chaos, depuis cinq ans, les terroristes de Daech ont pris pied en Libye. Un chaos qui fait craindre le pire aux pays voisins, à la Libye, dont la Tunisie, achevant récemment la construction d’un « système d’obstacles » sur près de la moitié des 500 km de sa frontière avec la Libye, qui risque sous peu d’être le théâtre d’une nouvelle intervention militaire étrangère, qui aggravera davantage le chaos libyen.
Karima Bennour