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Assad aux Emirats : Première visite dans un pays arabe depuis le début du conflit en Syrie

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Le président syrien Bachar al-Assad s’est rendu vendredi aux Emirats arabes unis pour sa première visite dans un pays arabe depuis le début en 2011 du conflit qui a ravagé son pays. Le président syrien, au ban du monde arabe depuis une décennie, a été reçu par le dirigeant de facto des Emirats, le prince héritier d’Abou Dhabi Mohammed ben Zayed, pour discuter des « relations fraternelles » entre les deux pays, selon l’agence officielle émiratie Wam. Les deux hommes ont évoqué « la coopération et la coordination entre les deux pays frères » en vue de « contribuer à la sécurité, la stabilité et la paix dans le monde arabe et au Moyen-Orient », ajoute-t-on de même source. Selon Wam, les deux dirigeants ont par ailleurs insisté sur « la préservation de l’intégrité territoriale de la Syrie et le retrait des forces étrangères », Mohammed ben Zayed qualifiant le pays de « pilier essentiel de la sécurité arabe ». Selon un communiqué officiel syrien, Mohammed ben Zayed a souligné que « la position des Emirats est cohérente dans son soutien à l’intégrité territoriale de la Syrie et de sa stabilité. » « Le prince héritier a exprimé le souci des Emirats de renforcer la coopération avec la Syrie pour répondre aux aspirations des deux peuples frères », selon le communiqué publié par l’agence de presse officielle syrienne Sana et la présidence syrienne sur les réseaux sociaux. La Syrie avait été exclue de Ligue arabe dès la fin 2011, les pays arabes, dont ceux du Golfe, protestant contre la répression menée par le pouvoir de Damas contre des manifestations pro-démocratie, déclenchant une guerre dévastatrice. La répression des manifestations s’est rapidement transformée en un conflit complexe aux multiples acteurs, dont plusieurs puissances étrangères et groupes jihadistes, qui a fait un demi-million de morts et a déplacé des millions de personnes. En février 2012, les Emirats et d’autres pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) avaient annoncé le retrait de leurs ambassadeurs de Syrie, dénonçant le « massacre collectif » commis par le pouvoir syrien.

Diplomatie affirmée
Mais fin 2018, Abou Dhabi, qui assume de plus en plus ses positions divergentes sur la scène diplomatique, avait rouvert son ambassade à Damas, alors que la question du retour de la Syrie dans la Ligue arabe continue de diviser. Les Emirats arabes unis, riche pays pétrolier proche des Occidentaux, marquent leur différence dans la région en normalisant récemment leurs relations avec Israël ou en affichant leur proximité avec la Russie, en pleine crise ukrainienne. Un autre pays du Golfe, Bahreïn, qui avait fermé sa mission diplomatique à Damas en mars 2012, avait annoncé lui aussi en 2018 la « poursuite » des travaux à son ambassade en Syrie, signifiant son intention de la rouvrir. A l’époque Bahreïn s’était dit « soucieux de poursuivre les relations » avec la Syrie. Le ministre émirati des Affaires etrangères, cheikh Abdallah ben Zayed Al-Nahyane, avait rencontré en novembre dernier le président syrien à Damas lors de la première visite effectuée par un haut responsable de cette monarchie du Golfe depuis le début de la guerre en Syrie en 2011. Bachar al-Assad, qui a achevé sa visite en fin de journée vendredi, y a également rencontré Mohammed ben Rached al-Maktoum, le dirigeant de Dubaï, l’autre grand émirat du pays où il avait atterri plus tôt. Cette visite du président syrien, dont le régime contrôle aujourd’hui les deux tiers de la Syrie, semble être un pas de plus vers une normalisation des relations entre Damas et certains pays arabes. Si la suspension de la Syrie à la Ligue arabe ne semble plus faire l’unanimité, un autre pays influent du Golfe, le Qatar, s’y oppose toujours. Le mois dernier, Doha a même accueilli des chefs de groupes de l’opposition syrienne, décidés à tenter de s’unir face au président Bachar al-Assad malgré leurs divisions. Outre le front diplomatique, les autorités syriennes cherchent également à relancer les liens avec les voisins régionaux pour la reconstruction économique du pays dévasté par la guerre.

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