Conformément aux principes et objectifs de la charte des Nations unies (ONU) et de l’accord conclu entre, la République colombienne et la République arabe sahraouie démocratique (RASD) le 27 février 1985, les deux parties ont annoncé la reprise de leurs relations diplomatiques, à quelques jours, après l’investiture, du nouveau président colombien, Gustavo Petro, le premier président de gauche accédant à la tête de ce pays d’Amérique Latine de 51 millions d’habitants. Dans son annonce de la décision de Bogota de la reprise de ses relations avec la République sahraouie et son peuple en lutte pour l’indépendance du Sahara occidental, sous occupation marocaine, depuis 1975, le ministère colombien des Affaires étrangères sous la présidence du premier chef d’Etat de gauche, de ce pays, Bogota a tenu à préciser, que sa décision est une correction radicale de la posture, adoptée, des années durant par la Colombie en faveur de l’occupant marocain, en violation des principes et objectifs de la charte de l’ONU. Le ministère colombien a souligné que le rétablissement des relations entre Bogota et la République sahraouie est dicté par « le respect de la charte et des principes de l’Onu » et aussi « de l’accord conclu entre les deux pays le 27 février 1985 » précise le communiqué du département des affaires étrangères de Colombie. L’annonce en question a été rendue publique, à l’issue de l’audience accordée par le président colombien, Gustavo Petro, au palais républicain à Bogota, au ministre sahraoui des Affaires étrangères Mohamed Salem Ould Salek, en sa qualité d’envoyé spécial du président de la RASD, secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali. Encore une fois, la diplomatie marocaine et ses soutiens dans son occupation du Sahara occidental viennent de perdre une autre bataille, sur le terrain d’Amérique Latine, dans une conjoncture mondiale de mutations de rapports sur la scène mondiale, que la voix des pays et des peuples de la sphère Sud, l’Afrique et l’Amérique Latine comptent peser pour garantir non seulement les intérêts des Africains et Latinoaméricains, mais également renouer avec les principes et les valeurs des luttes de ces peuples pour leur libération, du colonialisme et l’esclavagisme, dont le soutien de bon nombre de pays d’Amérique Latine, que vient enfin de rejoindre la Colombie. L’Association colombienne des amis du peuple sahraoui (Acaps) qui a milité et soutenu la cause du peuple sahraoui, dans sa lutte contre l’occupant marocain pour l’indépendance du Sahara occidental, n’avait cessé d’appeler à la tenue du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, allant à contre sens de la position complice avec le Maroc, des précédents gouvernements de droite et néolibérale en Colombie. Des années durant les ex-responsables colombiens ont mené des batailles calomnieuses, via des manœuvres, notamment par des déclarations mensongères d’ex-hauts responsables de Bogota ou de rapports de bureaux d’études et de réflexion créés, pour mener une propagande pro-marocaine et de son système colonial au Sahara occidental, que Rabat récompensait par des enveloppes financières ou de séjours de rêves dans un des palais du royaume, comme ce fut le cas, pour des membres du supposé think-tank appelé CPLATM, qui s’est attaqué, à titre d’exemple en avril 2020, au soutien de l’Afrique du Sud à la cause du peuple sahraoui, par un tissu de mensonges, décousu et mis à nu par L’Association colombienne des amis du peuple sahraoui (Acaps), indiquant en cette même période que « les informations (de CPLATM) ont trouvé un écho et une propagande chez l’ambassade marocaine en Colombie, qui les diffuse comme quelque chose de crédible et de véridique contre Pretoria, visant en vain l’isolement de l’Afrique du Sud à l’ONU, un souhait marocain ». Par ailleurs, la reprise des relations entre Bogota et la République sahraouie sera non sans impact sur Madrid, qui pour cette ex-puissance coloniale enregistre un recul de son rôle sur le continent latino-américain, pour de nombreuse raisons, vient de recevoir un camouflet, quelques mois après la décision du Premier ministre espagnol, de s’aligner, en violation du droit international, sur la position de l’occupant marocain, à persister dans sa colonisation du Sahara occidental.
Karima Bennour