Les dernières purges opérées dans les rangs de hauts gradés des Forces armées royales, ont entamé le moral des troupes, qui sont aujourd’hui placées sous la surveillance de la sécurité des armées qui épie les moindres faits et gestes des soldats. I l y a quelques jours, des militaires de grades différents qui étaient affectés dans les provinces orientales, ont été présentés au procureur militaire de Rabat qui a prononcé la révocation de plusieurs d’entre- eux pour différents motifs. D’autres, qui étaient de service dans la caserne de Béni Mtahar, dans la région de Oujda, ont été interpellés et conduits devant la section militaire du tribunal de Rabat pour les délits de rébellion, insubordination et atteinte au moral de l’armée. Le procureur du roi et après, audition a placé 13 accusés de différents grades en détention provisoire dans l’aile militaire de la prison d’ElArdja, non loin de Rabat en attendant leur procès. De nombreuses sources affirment que le moral des soldats marocains est sérieusement affecté par la reprise des combats au Sahara occidental. Des soldats ne se cachent plus pour raconter la misère de leurs anciens collègues qui avaient servi dans les territoires sahraouis occupés et qui vivent aujourd’hui dans des conditions sociales précaires. Certains, blessés, ont été privés d’indemnité, alors que les prisonniers qui avaient fait l’objet d’un échange avec le Front Polisario, ont subi des séances d’interrogatoire musclées avant d’être démobilisés sans bénéficier d’indemnité de retraite ou de compensation pour les années passées sous les drapeaux. Les conditions sociales ajoutées aux orientations politiques de l’actuel gouvernement ont fini par saper le moral des soldats, dont certains ont fait preuve de rébellion voire d’insubordination aux ordres de leur hiérarchie. La purge qui avait ciblé au départ des officiers supérieurs dont des généraux de brigade et qui touche aujourd’hui même les hommes de troupe donne du crédit aux craintes du Makhzen de voir se répéter la tentative de putsch du palais de Skhirat du 10 juillet 1971, quand des militaires avaient tenté de renverser Hacen II, ou encore la tentative de coup d’état d’août 1972 quand des avions de chasse avaient tenté d’abattre en plein ciel l’avion du roi. Le Makhzen qui est conscient que son armée vit très mal les options politiques du gouvernement, la situation sociale difficile de l’ensemble du peuple, la reprise des combats au Sahara occidental et l’absence du roi des affaires du royaume, veut anticiper tout danger pouvant venir des troupes. C’est sur les conseils avisés d’André Azoulay et des ordres de conseillers de l’armée israélienne qui avaient fourni, à l’inspecteur général du ministère de la Défense, une liste d’officiers supérieurs classés dangereux pour le processus de normalisation, que la machine s’est mise en branle pour radier certains militaires ou encore jeter en prison certains autres. Aujourd’hui, c’est un véritable climat de suspicion qui règne dans les casernes marocaines et il est encore plus présent parmi les troupes engagées dans les territoires occupés ou encore dans les provinces orientales notamment dans la région d’Oujda. Il y a quelques mois, des opposants marocains avaient fait état d’une véritable bataille, avec des munitions vives, entre des soldats marocains et des conseillers émiratis en poste au niveau d’une base dans les territoires occupés. Les conseillers et les formateurs aussi bien israéliens qu’émiratis ou encore américains font le paon dans leur comportement avec les soldats marocains et cela n’est pas fait pour arranger le moral des troupes engagées dans la guerre contre les combattants du Front Polisario. L’anecdote du soldat marocain servant comme garçon de chambre pour les soldats marocains lors des exercices « African Lion », de juin 2022, a fait beaucoup mal à des soldats des FAR, qui avaient montré de la mauvaise volonté durant les opérations au point où des officiers du Pentagone avaient protesté avec véhémence auprès du palais et au point où les USA ont décidé de retirer le Maroc de la liste des prochaines éditions de ces manœuvres militaires.
Slimane B.