L’évolution de la situation en Libye et les efforts en cours pour enraciner la solution politique, entre les différents acteurs libyens, sur la base du règlement “politique” de la crise dans ce pays, sont les principales questions au menu de la visite du président du Conseil libyen, Fayez Es-Serraj, effectuée hier à Alger.
Un déplacement du responsable libyen, qui intervient alors que des conclaves sur la crise libyenne s’intensifient, celui des pays voisins de la Libye, à Niamey, de la Ligue arabe, au Caire, et la réunion “Des Amis de la Libye”, en France, annoncé, mercredi dernier, par le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, après avoir rencontré, la veille, Fayez Es-Serraj, à Paris. Un déplacement, à Alger, du responsable libyen, dans le sillage de ses rencontres bilatérales, avec des responsables de bon nombre de pays, dont l’Algérie, pays voisin à la Libye, n’ayant cessé de consentir des efforts politico-diplomatiques, pour aider les Libyens à sortir de la situation difficile, dans lequel a été plongé le pays, depuis plus de cinq ans. Hier, “Les Amis de la Libye” se sont réunis, à Paris, comme l’a annoncé le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, mercredi dernier, au lendemain de la visite de Fayez Es-Serraj en France. Au rendez-vous de Paris, sur la Libye, lui succédera une réunion des pays voisins à la Libye, prévue le mois courant, à Niamey, Niger et celle de la Ligue arabe (LA) au Caire, lors de laquelle, ses membres procèderont à la désignation d’un Envoyé spécial pour la Libye, à l’instar du responsable de l’ONU, Martin Kobler, et l’ancien président tanzanien, Jakaya Kikwete, Envoyé spécial de l’UA en Libye. Si, avant l’opération militaire pour la prise du contrôle par les forces du général Hafter, du Croissant pétrolier, la lutte contre les terroristes de Daech, en Libye, notamment à Syrte, et le processus politique inter-libyen, figuraient en tête des priorités des rencontres internationales sur ce pays, mais, depuis plus d’un mois, les installations pétrolières du Croissant pétrolier libyen figurent en priorité des agendas des rencontres qu’initient, essentiellement, les pays membres de l’Otan, dont celle de Paris.
Après la nouvelle donne survenue sur la scène libyenne, relative à la prise de contrôle du Croissant pétrolier, par Hafter, le cours du traitement de l’échec du Parlement libyen de voter la confiance au gouvernement d’Es- Serraj connaîtra, sans nul doute, un nouveau tournant. Il est, en effet, depuis, question de l’incontournable rôle du général Haftar sur la scène libyenne, notamment dans la suite et le cours des évènements à venir, à la lumière des conclaves précités, notamment celui tenu à Paris. Après l’échec, en effet, du Parlement libyen de se prononcer sur cette question, le chef de la Mission des Nations unies (ONU), Martin Kobler, a demandé, vendredi dernier, aux membres de la Chambre des représentants de tenir une plénière publique, en présence d’observateurs, pour voter sur le gouvernement d’union nationale. De son côté, le Conseil des ministres de l’Union européenne (UE) a annoncé qu’il «prolongeait de six mois les mesures coercitives et sanctions prises» début avril dernier, contre, cite-t-on, le président de la Chambre des représentants, Aguila Saleh, le chef du gouvernement de salut, Khalifa Ghwell, et le président du Congrès général national, Nouri Bousahmein. Pas plus loin que dimanche denier, à l’occasion de la tenue, pour la première fois, du Forum des municipalités en Libye, Martin Kobler a déclaré que celles-ci «avaient un rôle crucial à jouer», en raison, a-t-il poursuivi, «de leur bonne proximité avec les citoyens et leurs besoins».
À cette occasion, Fayez Es-Sarraj a souligné, dans son discours devant le 1er Forum des maires des municipalités de la Libye, que son Conseil «est attaché à l’unité du territoire libyen, à la souveraineté de l’État et à sa protection contre les divisions et la dispersion». Des déclarations qui, selon des observateurs avérés de la scène libyenne, enseignent sur la teneur et la cadence de la nouvelle phase qu’entame la Libye, suite aux derniers développements sur le terrain libyen, principalement ceux survenus au Croissant pétrolier, et la perte de vitesse des terroristes de Daech, à Syrte. Ce rythme accéléré de réunions successives, lequel intervient, faut-il le noter, quelques semaines après les nouvelles donnes fortement imposées par l’évolution de la situation du Croissant pétrolier, fait craindre le pire pour l’avenir du peuple et le pays.
Si les principaux acteurs libyens persistent dans leur lutte rivale, handicapant, ainsi, toute possibilité de les voir dépasser cette phase cruciale, à laquelle est confrontée la Libye, le pire est à craindre pour ce pays voisin et son peuple, dont principalement l’enracinement de la division entre Libyens, voie par laquelle surgira la question de la partition du pays d’Omar El-Mokhtar, qui ne profitera nullement aux Libyens, mais répondra à l’un des objectifs inavoués de l’opération de l’Otan en Libye, sur fond de la course de pays puissants, pour le contrôle des voies d’approvisionnement en énergie et des ressources énergétiques. La Libye, faut-il le rappeler, possède la première réserve pétrolière en Afrique, 1 800 km de côtes sur la Méditerranée, un des taux d’ensoleillement le plus élevé au monde, avec un désert de dunes, grand, selon les experts, comme deux fois la France.
Karima Bennour