Accueil ACTUALITÉ Après le verdict du procès Khalifa bank : un goût d’inachevé

Après le verdict du procès Khalifa bank : un goût d’inachevé

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Même si le procès «Khalifa» s’est soldé par la condamnation d’Adelmoumène-Rafik Khalifa, ex-magnat algérien, d’aucuns estiment que l’affaire est entachée de couacs, sachant qu’elle n’a pas livré tous ses secrêts.
Le dossier de l’affaire Khalifa a été clos avec la condamnation du principal accusé, Adelmoumène-Rafik Khalifa, homme d’affaires algérien, à 18 ans de prison ferme, d’une amende d’un million de dinars et de la saisine de tous ses biens. Selon le verdict rendu public, avant-hier, 18 autres personnes parmi les accusés sont condamnées, et 53 ont bénéficié d’acquittement. Le procès a été ouvert, le 4 mai dernier, au niveau du tribunal criminel près la Cour de Blida. Hormis Djamel Guelimi, ex-PDG de Khalifa TV et proche collaborateur de Rafik Khalifa, condamné lui aussi à 10 ans de prison ferme en compagnie de son mentor, les autres condamnés dans cette affaire vont retrouver la liberté, sachant qu’ils ont mené à terme leur incarcération. En effet, le procès a pris fin le 14 juin du mois en cours, au bout de 35 séances-marathon durant lesquelles le président de l’audience, Antar Menouar, a fait appel à 71 prévenus, parmi lesquels 21 étaient en détention. 14 000 est le chiffre représentant le nombre de questions auxquelles devaient répondre le tribunal, dont 6 000 concernent l’ex-P-DG du groupe Khalifa, poursuivi pour «association de malfaiteurs, abus de confiance, faux et usage de faux, corruption, et banqueroute frauduleuse». Lors de ce procès, Rafik Khalifa a opté pour une stratégie de défense qui consiste à nier en bloc toutes les accusations portées contre lui, et à ne pas révéler des noms. D’ailleurs, il était resté inflexible tout au long des séances de son audition par le juge, en rejetant tous les faits dont on lui a porté le chapeau, et a tenu sa promesse de ne citer aucun haut cadre de l’État. Ce procès a connu aussi la défection de plusieurs hauts responsables, dont des ex-ministres n’ont pas daigné répondre à l’appel du juge en tant que témoins. Très attendu par l’opinion publique, le procès n’a finalement pas livré ses secrets, et n’a pas éclairé les zones d’ombre qui entouraient cette affaire ayant défrayé la chronique politique et judiciaire pendant des années. C’est du moins ce que pense nombre d’avocats connus sur la scène juridique. Pour Khaled Bourayou, il y a une volonté de classer le dossier Khalifa, a-t-il affirmé lors d’un entretien qu’il avait accordé, hier, au site d’information TSA (Tout sur l’Algérie). Le même avocat estime que le principal accusé ne peut espérer mieux qu’une peine de 18 ans de prison ferme, dans un procès caractérisé par une lourdeur de la procédure d’extradition et d’une médiatisation intense, a-t-il expliqué, selon la même source. En revenant au procès lui-même, Me Bourayou indique qu’il y a «deal», en précisant que Rafik Khalifa s’est réservé de tout droit de livrer des noms dans un procès «joué d’avance», entend-t-il dire. À la fin des séances des auditions des prévenus, suivies des auditions des avocats de la défense, le représentant du ministère public, Mohamed Zerg-Erras, avait requis la perpétuité contre Rafik Khalifa. En effet, en 2007 déjà, le même tribunal a prononcé par contumace une peine capitale à l’encontre de l’ex-golden boy algérien. Réfugié à Londres depuis 2003, il a été arrêté par les autorités du Royaume-Uni en 2007 suite un mandat d’arrêt européen lancé à son encontre par le tribunal de grande instance de Nanterre (Paris). Il a fallu des années de négociations, lors desquelles l’Algérie a demandé de rapatrier Rafik Khalifa pour qu’il soit jugé au tribunal de Blida. L’ex-nanti homme d’affaires a été finalement extradé en décembre 2013. Faut-il rappeler aussi qu’en octobre 2014 l’ex-magnat a été condamné en son absence par le tribunal correctionnel de Nanterre à 5 ans de prison ferme. Enfin, les avocats de Khalifa ne semblent pas été satisfaits du verdict du juge. D’ores et déjà, ils comptent introduire un pourvoi de cassation pour récuser ce jugement qualifié de «sévère», comme l’a-t-il affirmé, hier, Merouane Medjhouda, à l’Agence nationale d’information. Faut-il aussi rappeler que le dossier de l’affaire Khalifa n’est pas définitivement clos. En effet, le procès de Khalifa Airways, compagnie aérienne de l’ex-golden boy, devra aussi être examiné prochainement. Ce qu’il faut retenir, c’est que beaucoup de personnes impliquées dans le procès précédent devraient revenir pour supporter à nouveau les charges retenues par la Chambre d’accusation.

Farid Guellil

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