« Nous appelons les médiateurs à faire pression pour un arrêt immédiat de l’agression », ont déclaré les Comités de résistance palestiniens dans un communiqué publié cette semaine, dénonçant l’acharnement militaire sioniste qui vise, selon leurs mots, « toutes les composantes de la vie à Ghaza ». L’appel, adressé directement au Caire et à Doha, traduit une urgence vitale : la nécessité d’une médiation régionale face à la faillite des grandes puissances occidentales, accusées de complicité par leur silence et leurs livraisons d’armes.
Depuis plus de deux ans la bande de Ghaza subit une guerre d’extermination sans précédent : bombardements quotidiens, blocus renforcé, famine organisée. Les frappes sionistes ne se limitent pas aux cibles militaires ; elles ravagent hôpitaux, écoles, camps de réfugiés. Pour les organisations palestiniennes, il s’agit d’une attaque systématique contre l’existence même d’un peuple. « Ce n’est pas une guerre contre un mouvement, c’est une guerre contre la vie, contre l’humanité », martèlent les Comités de résistance. Dans ce contexte de destruction massive, une ouverture diplomatique, aussi mince soit-elle, a récemment émergé. Vendredi soir, la résistance palestinienne a remis sa réponse officielle au plan américain en 20 points, présenté cet automne par la Maison-Blanche. Dans cette réponse, elle a accepté le principe d’un échange global de prisonniers — vivants et morts — et s’est dite prête à entrer immédiatement en négociations via les médiateurs égyptien et qatari. Elle a également réitéré sa disposition à transférer l’administration de Ghaza à une instance indépendante de technocrates palestiniens, à condition que cela se fasse dans le cadre d’un consensus national et avec un soutien arabe et islamique. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a salué cette évolution, se disant « encouragé » par la réponse. L’Égypte et le Qatar, déjà au cœur des médiations précédentes, multiplient désormais les contacts pour tenter de transformer ce fragile accord verbal en cessez-le-feu durable. Mais Washington a choisi la voie de la pression : le président américain a fixé un ultimatum de quelques jours à la résistance, assorti d’une menace militaire en cas de refus. Les grandes lignes du plan — échange des prisonniers dans les 72 heures suivant un cessez-le-feu, remise de l’administration de Ghaza à une autorité technocratique et déploiement d’une force internationale de stabilisation — restent au cœur des discussions, mais posent d’énormes défis pratiques et politiques.
L’impasse diplomatique et la responsabilité arabe
Si les Palestiniens se tournent aujourd’hui vers l’Égypte et le Qatar, ce n’est pas par hasard. Le Caire, gardien du passage de Rafah, joue depuis longtemps un rôle stratégique dans la gestion de la crise. Doha, pour sa part, héberge plusieurs figures de la résistance palestinienne et s’est imposé comme interlocuteur incontournable dans les négociations. Mais la réalité est plus sombre : ces efforts piétinent depuis des mois. L’Égypte est tiraillée entre ses engagements sécuritaires vis-à-vis de Tel-Aviv et la pression de sa rue solidaire de la cause palestinienne. Ses interventions se réduisent souvent à une gestion humanitaire minimale. Quant au Qatar, ses propositions de cessez-le-feu ont été systématiquement torpillées par l’intransigeance israélienne et par le veto américain. Cette double impasse révèle une vérité brutale : aucune médiation régionale ne peut aboutir tant que Washington couvre et alimente la guerre sioniste. Les Comités de résistance dénoncent cette situation comme une faillite collective des pays arabes et musulmans, incapables d’aller au-delà de simples condamnations rhétoriques. En refusant d’activer des leviers économiques et diplomatiques capables de peser sur Israël, ces États laissent la population de Ghaza livrée à la violence et à la famine.
L’unité de la résistance comme levier politique
Face à cette paralysie, la résistance palestinienne a choisi l’unité comme arme politique. Les Comités de résistance ont salué la position commune des factions, qui maintiennent une ligne de négociation concertée malgré les bombardements incessants. Cette unité constitue un atout stratégique : elle renforce la légitimité des demandes palestiniennes face aux médiateurs et face à l’opinion internationale. Le message reste constant : cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, levée du blocus, accès libre à l’aide humanitaire. Des conditions minimales pour la survie de plus de deux millions de civils pris au piège.
L’Occident et le masque de la complicité
Pendant que les Palestiniens réclament la vie, les capitales occidentales s’enfoncent dans leur duplicité. L’Union européenne, incapable de surmonter ses divisions internes, se contente d’appels abstraits à la « désescalade ». Les États-Unis continuent de livrer des cargaisons d’armes, alimentant directement la machine de guerre. Au Conseil de sécurité de l’ONU, le veto américain bloque toute résolution contraignante. António Guterres a reconnu l’« échec de la communauté internationale » à protéger les civils, mais ces mots, aussi graves soient-ils, n’arrêtent pas les bombes. Comme le rappellent les Comités de résistance : « L’ennemi sioniste ne recule que devant la pression réelle, pas devant les communiqués diplomatiques. » Cette passivité équivaut à une complicité. Se taire face à un génocide, c’est en devenir partenaire.
Le droit international piétiné
Cette guerre illustre une évidence glaçante : le droit international ne s’applique que lorsqu’il arrange les puissances dominantes. Les Conventions de Genève interdisent la famine comme arme de guerre et proscrivent les bombardements indiscriminés sur les civils. À Ghaza, ces principes sont violés quotidiennement. La Cour internationale de Justice a reconnu dès janvier « un risque de génocide », mais ses injonctions sont restées lettres mortes. Pour les Palestiniens, la conclusion est implacable : « Si la loi ne s’applique pas à Israël, alors ce n’est pas du droit, mais un instrument de domination. » En soulignant cette inaction, les Comités de résistance forcent la communauté internationale à affronter son propre double langage.
Les peuples comme dernier rempart
Face à la démission des États, l’espoir survit dans les peuples. De Barcelone à Johannesburg, de Paris à Santiago, les manifestations de solidarité se multiplient. Des dockers refusent de charger des cargaisons d’armes, des étudiants exigent la fin des partenariats universitaires avec Israël, des juges nationaux bloquent certaines exportations militaires. Cette mobilisation populaire est devenue le seul contrepoids réel face à la puissance destructrice de l’armée israélienne et à ses soutiens occidentaux. Pour les Comités de résistance, la bataille de Ghaza dépasse les frontières : « Elle oppose les défenseurs de la dignité humaine aux partisans de l’impunité. »
Une responsabilité historique
L’appel lancé au Caire et à Doha dépasse donc la simple tactique diplomatique. C’est un cri adressé au monde entier : combien de temps encore l’humanité tolérera-t-elle qu’une population de 2,3 millions d’êtres humains soit affamée, bombardée et déplacée en toute impunité ? L’histoire retiendra les positions. Elle retiendra les peuples qui se sont levés, les voix qui ont refusé la résignation. Mais elle retiendra aussi les silences complices, les trahisons et les lâchetés. En exigeant un cessez-le-feu immédiat et en interpellant les médiateurs régionaux, les Comités de résistance palestiniens rappellent que leur voix n’est pas seulement celle d’un mouvement armé. Elle est celle d’un peuple qui réclame le droit le plus élémentaire : vivre. Face à l’échec des institutions internationales et à la complicité des grandes puissances, il appartient désormais aux sociétés civiles, aux mouvements populaires et aux consciences libres de porter cette exigence. Car ce qui se joue à Ghaza, au-delà d’un territoire martyrisé, c’est l’avenir même de l’idée d’humanité.
M.Seghilani













































