Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté hier, hier, un projet de résolution prorogeant le mandat de la Minurso de six mois et appelant les deux parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc, à «reprendre les négociations directes sans pré-conditions. » Le projet final de résolution, mis au point après plusieurs jours de consultations et de négociations et l’intervention de la Russie et de l’Ethiopie pour équilibrer le texte et contrer l’interventionnisme outrancier du représentant français, décide de proroger le mandat de la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental de six mois jusqu’au 31 octobre 2018 au lieu d’une année, comme dans les précédentes résolutions. Une disposition qui a affolé le Maroc et son protecteur français dans la mesure où elle évitera les atermoiements de Rabat et ses fuites en avant pour se dérober aux négociations directes comme le Maroc le fait depuis 2008. La résolution dont le Courrier d’Algérie a obtenu copie, a été présentée par les États-Unis et remaniée a trois reprises à la demande de la Russie et de l’Ethiopie notamment. Le texte qui met en exergue la nécessité de la reprise des négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc, sans pré-conditions et pour la première fois, ne mentionne pas directement la pseudo «autonomie», si chère à l’ex-MAE français De Villepin, pour en avoir été l’architecte. La résolution renouvelle fortement le soutien du Conseil de sécurité aux efforts de l’émissaire du SG de l’ONU Horst Köhler, qui s’est engagé à faire assoir le Maroc et le Front Polisario à la table des négociations avant fin 2018. Il sera finalement tenu de le faire avant octobre 2018 et la fin du mandat de six mois de la MINURSO.
Dans sa résolution le Conseil de sécurité réaffirme son engagement à aider les parties au conflit à » parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui garantit l’autodétermination du peuple du Sahara occidental « . Il rappelle qu’ayant pris note des quatre rounds de négociations organisés sous les auspices du secrétaire général, il souligne l’importance pour les parties au conflit (le Front Polisario et le Maroc) de faire progresser le processus de négociations sans conditions préalables et de bonne foi. Le texte souligne la nécessité pour la Minurso de remplir pleinement son mandat, y compris son rôle de soutien à l’envoyé personnel du secrétaire général.
Le projet de résolution remanié désigne clairement les parties en conflit, en l’occurrence le Maroc et le Front Polisario.
Pour rappel, la première mouture avait été fortement influencée par le représentant permanent de la France aux Nations unies, l’ambassadeur Delattre, d’où une grande partialité en faveur du Maroc. Mais surtout la mise en place d’un écran de fumée sur la zone tampon de Guerguerat comme si tout le processus de paix au Sahara occidental en dépendait. Après avoir brandi à l’israélienne le sinistre « droit de suite», après les déclarations surréalistes depuis Paris de Mohammed VI , voulant impliquer a tout prix notre pays qui ne cesse de souligner que la question du Sahara occidental est une question de décolonisation , le Maroc et son souverain son nus. Ils mesurent les limites de l’interventionnisme diplomatique de Paris en leur faveur et le peu de cas que Washington fait du soutien français au Maroc . Il ne reste plus à Rabat qu’à activer sa propagande et ses relais –l’un d’eux à Alger, se distinguant particulièrement en mettant en relief les inepties et l’intox du makhzen et des médias soft du palais royal pour se consoler d’une défaite diplomatique majeure.
Mokhtar Bendib