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AMAZON, GOOGLE ET MICROSOFT ACCUSÉES DE COMPLICITÉ AVEC L’OCCUPATION ISRAÉLIENNE : « No Tech for Apartheid »

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La contestation interne s’amplifie au sein des géants de la Silicon Valley. Chez Google, Microsoft et Amazon, la colère des salariés ne cesse de croître face aux liens de leurs entreprises avec le gouvernement israélien, dans un contexte marqué par la guerre dévastatrice contre Ghaza. Arrestations, licenciements et sanctions disciplinaires se multiplient, révélant un malaise profond entre directions et employés.
Amazon : un ingénieur palestinien suspendu
La crise a éclaté au grand jour avec la suspension d’Ahmad Shahrour, ingénieur logiciel palestinien chez Amazon, après avoir exigé publiquement la rupture des contrats liant l’entreprise à l’entité sioniste. Ses accès internes ont été bloqués et il a été mis à pied. Amazon a justifié cette décision en affirmant « ne tolérer aucun comportement menaçant ou discriminatoire ». Shahrour, qui a par la suite distribué des tracts devant le siège de Seattle, explique avoir agi après la suppression d’un canal de discussion interne destiné aux employés arabes. L’incident, provoqué par un salarié basé en Israël, a marqué selon lui une volonté de réduire au silence toute expression de solidarité avec la Palestine.
Microsoft : un malaise confirmé par le PDG
Chez Microsoft, la contestation est allée jusqu’à l’arrestation de plusieurs employés à Redmond (État de Washington) lors de sit-in organisés contre les contrats de cloud avec Israël. Lors d’une réunion interne, le président du groupe Brad Smith a reconnu l’existence de préoccupations légitimes après la révélation, dans un rapport du Guardian, que l’armée israélienne utilisait Azure pour stocker secrètement des communications téléphoniques palestiniennes. « Nous n’autorisons pas l’usage de nos services pour de la surveillance de masse », a déclaré Smith, annonçant l’ouverture d’une enquête indépendante et un renforcement des mécanismes de signalement liés aux droits humains. Mais dans le même souffle, il a justifié les licenciements de manifestants ayant occupé des bureaux, affirmant que « les employés savaient à quoi s’exposer ». En août dernier, une vingtaine de personnes avaient été arrêtées dans les locaux de Microsoft. Certaines avaient dressé des tentes et diffusé en direct leur action. Sept protestataires se sont même retranchés dans le bureau du PDG avant d’être interpellés par la police, dont deux salariés du groupe.
Google : licenciements et procès en représailles
Google n’est pas en reste. En avril 2024, neuf employés ont été arrêtés à New York lors d’un sit-in mené par le collectif No Tech for Apartheid. Plus de 50 autres avaient déjà été licenciés l’année précédente pour leur opposition à Project Nimbus, un contrat majeur de cloud avec l’occupant israélien. Une procédure judiciaire est toujours en cours, certains salariés accusant la firme de représailles illégales. De son côté, la direction se défend en affirmant que les protestataires ont « menacé la sécurité de leurs collègues » et réaffirme son attachement aux accords contractuels, en particulier Nimbus. La méfiance s’est encore accrue lorsque des employés de Google ont découvert, en juin dernier, un document officiel israélien détaillant une campagne publicitaire de 45 millions de dollars menée via YouTube. Si Google a tenté de relativiser, expliquant qu’il ne s’agissait pas d’un « contrat direct », la révélation a nourri le sentiment de complicité.
Un mouvement organisé et persistant
Le collectif « No Tech for Apartheid », regroupant salariés actuels et anciens de Google et Amazon, dénonce un « rôle actif des entreprises dans le génocide et la politique de famine à Ghaza ». Il promet de poursuivre ses actions, malgré la répression. L’un de ses visages les plus visibles reste Ahmad Shahrour, qui affirme vouloir « inspirer ses collègues chez Amazon à créer une résistance interne semblable à celle de Microsoft ». Mais il concède que le climat est devenu étouffant : « Toute mention de la Palestine sur les canaux internes peut mener à un signalement ou une enquête », dit-il.
Un dilemme pour la Silicon Valley
Ces tensions révèlent un paradoxe : d’un côté, des multinationales technologiques soucieuses de préserver des contrats extrêmement lucratifs avec Israël ; de l’autre, une fronde grandissante de salariés refusant de voir leurs compétences utilisées pour renforcer l’occupation et l’oppression d’un peuple. Entre discipline interne et liberté de conscience, la fracture semble désormais irréversible.
M. S.

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