Comme prévu, les avocats de la défense ont boycotté, hier, les procès des 20 porteurs du drapeau amazigh, qui se sont tenus, hier, au tribunal de Sidi M’hamed.
Poursuivis dans 4 dossiers différents, 11 de ces manifestants sont placés en détention provisoire à la prison d’El Harrach et accusés d’atteinte à « l’unité nationale», tandis que 09 autres sont placés sous contrôle judiciaire pour le même chef d’accusation.
Le procès qui s’est tenu hier, en l’absence des avocats de la défense, ayant décidé le boycott de l’audience, a été maintenu et le procureur près le tribunal de Sidi M’hamed a requis 2 ans de prison ferme et une amende de 100 000 DA à l’encontre des prévenus, avant que le juge n’annonce que le verdict sera rendu le 25 novembre prochain. Le tribunal de Sidi M’hamed était, hier, le théâtre d’une scène inédite dans les annales de la justice algérienne, où plusieurs avocats ont chanté l’hymne national «Qassaman». Ces derniers ont, par la suite, boycotté ces procès et ont quitté la salle (à l’exception d’un avocat), sous les applaudissements des personnes présentes, laissant derrière eux les détenus d’opinion. Le juge a entamé le procès en procédant à l’examen des prévenus. Cette décision de boycotter les plaidoiries a été prise à l’unanimité des avocats, membres du Collectif national pour la défense des détenus d’opinion, qui s’est réuni dans l’après-midi d’avant-hier au bâtonnat d’Alger. « Quand on vient plaider pour ces détenus, on leur donne l’occasion de dire que ces procès sont équitables», a précisé Maître Nabila Smaïl, hier, à sa sortie du tribunal. Pour expliquer le choix de recourir à cette stratégie de défense dite de «rupture». «Plus de 70 avocats sont mobilisés, des quatre coins du pays et qui viennent faire des plaidoiries, pendant des heures, pour qu’à la fin on assiste à des verdicts contradictoires», a-t-elle déploré. Ne mâchant pas ses mots, Me Smaïl a soutenu que «les avocats défendront les détenus lorsqu’il y aura des dossiers juridiques et non pas des dossiers politiques». «Au tribunal de Bab El-Oued, à 5 kilomètres de Sidi M’hamed, des prévenus ont été acquittés dans des dossiers identiques. C’est les mêmes accusations, les mêmes procédures. Comment se fait-il qu’ici (Sidi M’hamed, Ndlr), les manifestants soient condamnés à 6 mois ferme et 1 an, dont six mois avec sursis ?», a-t-elle relevé. «Qu’on soit présent ou pas, on ne sert à rien», a encore lancé Me Smaïl, en notant que «ce retrait vise à faire passer le message que l’avocat ne va pas être utilisé comme un moyen pour faire croire que le procès est équitable». «Le boycott est notre seule arme, en attendant qu’il y ait un signe que seule la loi sera appliquée », a-t-elle encore ajouté. Par la suite, le procès s’est poursuivi, avant que le procureur près le tribunal de Sidi M’hamed ait requis 2 ans de prison ferme et une amende de 100 000 DA à l’encontre des prévenus. Le juge a, quant à lui, annoncé que les affaires sont mises en délibéré et le verdict sera rendu le 25 novembre prochain.Pour rappel, le 11 novembre dernier, s’est déroulé au tribunal de Sidi M’hamed d’Alger, le procès de 42 détenus d’opinion, arrêtés pour avoir brandi l’emblème amazigh. Sur les 42 personnes, 21 ont été condamnées par le juge du tribunal de Sidi M’hamed à une peine d’un (1) an de prison dont six (6) mois ferme et six (6) mois avec sursis, assortie d’une amende de 30 000 DA. Le lendemain, soit le mardi 12 novembre, six (6) autres détenus accusés des mêmes chefs d’inculpation et jugés le mardi 22 octobre dernier, ont entendu le verdict : Ils ont été condamnés à six (6) mois de prison ferme et une amende de 20 000 DA pour chacun d’entre-eux. Le mercredi 13 novembre, le juge du tribunal de Bab El-Oued où ont comparu le mercredi 23 octobre, cinq (5) détenus pour port du drapeau amazigh, ont été relaxés et acquittés.
Lamia Boufassa