Alors que le Conseil de sécurité de l’Onu a réclamé le 29 septembre dans une déclaration unanime un «arrêt immédiat des combats» entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan , et des appels de Moscou, Téhéran et l’Union européenne exhortant les deux parties à cesser le feu et à commencer des négociations, Paris et Ankara continuent leur guerre diplomatico-politique, au rythme du conflit militaire entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qui a éclaté, dimanche dernier et se poursuit, avec son lot de victimes, des deux côtés.
Hier, le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, répondant aux déclarations du président français Emmanuel Macron, qualifiant d’«inconsidérées» et de «dangereuses» les déclarations turques sur le conflit militaire entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au Haut-Karabakh, a déclaré que «si le président Macron ne s’inquiète pas pour les terres de l’Azerbaïdjan, alors sa démonstration de solidarité à l’encontre de l’Arménie signifie un soutien à l’occupation». La veille la Turquie a fait savoir, via son ministre des affaires étrangères être prête à soutenir, diplomatiquement et militairement, l’Azerbaïdjan dans le conflit au Haut-Karabakh. Annonçant que «la Turquie est prête à soutenir l’Azerbaïdjan à la fois à la table des négociations et sur le champ de bataille», Mevlut Cavusoglu a conditionné la solution au conflit par le retrait de l’Arménie des territoires occupées, en déclarant que « la solution pour sortir de l’impasse est le retrait de l’Arménie des territoires occupés ». Si les déclarations et les contre déclarations entre Paris et l’Ankara se multiplient, depuis dimanche dernier, jour de l’éclatement du conflit armé entre l’Arménie et Azerbaïdjan au Haut-Karabakh, outre le Conseil de sécurité, les autres acteurs influents sur la scène régionale et internationale, Moscou, Téhéran, l’Union européenne multiplient les appels à la retenue et à l’arrêt des combats. Dans son annonce qu’il allait avoir une conversation, hier, avec le président russe Vladimir Poutine, Emmanuel Macron a également fait savoir qu’il aura une communication téléphonique, aujourd’hui, jeudi, avec le président américain Donald Trump, lequel mène sa campagne électorale pour un second mandat à la Maison Blanche, en prévision du scrutin présidentiel prévu début novembre prochain. Alors que les zones de conflits et de tensions qui se sont éclatés, ces dix dernières années, Syrie, Libye, Yémen se poursuivent en raison de la bataille entre acteurs puissants dans ce monde, pour le contrôle des sources d’énergies et des voies d’approvisionnement en énergie, sur fond des mutations dans les rapports internationaux avec l’émergence de la Chine, Brics, comme nouvelles puissances. Hier, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a publié une nouvelle vidéo qui montre, selon lui, les forces de Bakou détruire du matériel militaire arménien durant les affrontements entre les deux pays au Haut-Karabakh. Des images montrant un char et plusieurs autres véhicules militaires détruits. De son côté le ministère arménien de la Défense a publié, hier, sur une plateforme gouvernementale les photos d’un avion qui, selon Erevan, était le chasseur Su-25 abattu par un avion de combat turc mardi dernier. Si des observateurs craignent de voir cette région de l’Asie centrale, connue pour être sensible, sur les plans stratégique et géopolitique, notamment pour la Russie et l’Iran, ils voient en ce nouveau point chaud, par les combats qui se déroulent, un nouvel espace de pression, auquel deux acteurs de l’Otan, la Turquie et la France s’affrontent, deux pays ayant eu des tensions sur le terrain libyen et la question libyenne. Hier, le président iranien Rohani a appelé à la conjugaison des efforts pour résoudre les problèmes régionaux par des moyens politiques. Déclarant que «nous devons tous nous efforcer de résoudre les problèmes régionaux par des moyens politiques conformément au droit international et à l’intégrité territoriale » le président iranien a appelé « l’Arménie et l’Azerbaïdjan à contenir les différends et à les résoudre par le dialogue et les négociations » a-t-il indiqué.
Karima Bennour