La maire de Los Angelès, Karen Bass, a annoncé mardi soir que la deuxième plus grande ville des États-Unis avait imposé un couvre-feu dans le centre-ville de 20h00 mardi à 06h00 (heures locales) mercredi, ont rapporté des médias locaux.
« Le couvre-feu doit couvrir environ 1 mile carré (environ 2,6 km2) », a indiqué Mme Bass, précisant que les autorités locales ont imposé ce couvre-feu limité en réponse aux pillages et aux actes de vandalisme qui ont eu lieu dans le centre-ville lundi soir, à la suite de manifestations largement pacifiques organisées pendant la journée. Le couvre-feu exclut les résidents de la zone désignée, les sans-abris, les médias accrédités et les responsables de la sécurité publique ou des situations d’urgence, selon le département de la police de Los Angeles. Mme Bass a annoncé le couvre-feu alors que les manifestations contre les raids des services américains de l’immigration et des contrôles douaniers entraient dans leur cinquième jour et que les médias locaux rapportaient que les manifestants avaient envahi l’autoroute 101, bloquant la circulation dans les deux sens, peu de temps avant que l’ordre ne soit émis. Le gouverneur du Texas annonce déployer la Garde nationale.
Des manifestations à San Francisco, Seattle, New York, Chicago, Denver, Santa Ana, Austin, Dallas ou encore à Philadelphie
Des manifestations ont éclaté dans d’autres villes américaines, comme à San Francisco, Seattle, New York, Chicago, Denver, Santa Ana, Austin, Dallas ou encore à Philadelphie. Dans cette dernière, quinze interpellations ont eu lieu, dont une pour agression aggravée contre des policiers, a rapporté l’AP dressant une liste d’autres villes où des manifestations anti-ICE – la police américaine de l’immigration – étaient attendues. Au Texas, le gouverneur républicain Greg Abbott a annoncé déployer la Garde nationale. « Manifester dans le calme est légal. S’en prendre aux personnes ou aux biens est illégal et déclenchera des arrestations », a-t-il averti sur X. De son côté, le président américain, en visite à Fort Bragg, en Caroline du Nord, à l’occasion d’un discours devant marquer le 250e anniversaire de l’armée américaine, a de nouveau qualifié les manifestants violents d’«animaux». « Nous ne permettrons pas qu’une ville américaine soit envahie et conquise par un ennemi étranger. C’est ce qu’ils sont », a par ailleurs déclaré le président des États-Unis qui a promis de « libérer » Los Angeles. La ville est, depuis le 6 juin, le théâtre de violents heurts entre forces de l’ordre et des protestataires dénonçant des raids de la police fédérale de l’immigration (ICE) contre les clandestins dans cette mégapole à forte population d’origine hispanique.
L’opposition au recours à l’armée transcende également les clivages partisans
Les citoyens américains s’opposent massivement au déploiement des forces militaires et des troupes de la Garde nationale contre les manifestants à Los Angeles, selon plusieurs enquêtes menées lors des manifestations en cours contre les opérations de contrôle de l’immigration de l’administration Trump. Un sondage YouGov publié mardi révèle que 47 % des américains en âge de voter désapprouvent le déploiement des Marines à Los Angeles, contre seulement 34 % qui l’approuvent. L’opposition au déploiement de la Garde nationale américaine reste forte, avec 45 % de désapprobation contre 38 % d’approbation. La résistance à l’intervention militaire est un concept traditionnel dans le pays. Un sondage CNN/SSRS réalisé en juin 2020 a révélé que 60 % des citoyens américains estiment qu’il serait « inapproprié » que le président déploie l’armée américaine en réponse aux manifestations, ce qui représente une marge d’opposition substantielle de 24 points. Soixante-dix % des citoyens américains s’opposent à l’intervention de l’armée américaine pour arrêter les manifestants, selon un autre sondage effectué mars dernier et mardi par le Centre américain pour la démocratie, composé de membres de défense de l’État de droit. L’opposition transcende également les clivages partisans : une majorité de démocrates, de républicains et d’indépendants s’opposent tous à une intervention militaire. Les données du sondage YouGov sont apparues alors que Los Angeles a connu des manifestations généralisées à la suite des raids fédéraux sur l’immigration qui ont commencé le 7 juin. Bien que l’application fédérale de l’immigration ait reçu un certain soutien public à l’échelle nationale, ce soutien ne se traduit pas par une approbation des réponses militarisées aux manifestants.
Les citoyens américains ont clairement manifesté leur préférence pour le contrôle local lors d’enquête sur la migration
Les citoyens américains ont clairement manifesté leur préférence pour le contrôle local plutôt que pour l’intervention fédérale lors de l’enquête. Interrogés sur la conduite des manifestations, 56 % d’entre eux estimaient que les autorités étatiques et locales devaient gérer la situation, tandis que seulement 25 % soutenaient une intervention fédérale. La situation actuelle révèle une opinion publique nuancée. Selon YouGov, seulement un tiers environ des citoyens américains, soit 36 %, approuvent les manifestations contre les services de l’immigration et des douanes, tandis que 45 % les désapprouvent. Cependant, les Américains font la distinction entre désapprobation et soutien aux réponses militarisées. Les électeurs californiens ont montré une forte résistance à l’application des lois fédérales sur l’immigration. Un sondage réalisé en avril par l’Emerson College a révélé que 60 % des électeurs californiens considèrent les expulsions massives d’immigrés sans papiers comme néfastes pour l’État. De plus, 63 % des adultes californiens préfèrent que les gouvernements des États et locaux élaborent leurs politiques d’immigration plutôt que de se conformer aux directives fédérales, selon une enquête réalisée en janvier par le Public Policy Institute of California.
R. I.