Initiée par la Confédération des syndicats autonomes (CSA), une grande marche des travailleurs de plusieurs secteurs est prévue aujourd’hui à Alger, ainsi qu’une grève générale d’une journée pour revendiquer un changement radical du système politique. Cette action intervient, faut-il le souligner, au lendemain de la nomination d’Abdelkader Bensalah comme chef de l’état par intérim pour une période de 90 jours, conformément à ce que prévoit la Constitution, mais dont le peuple réclame déjà le départ. La grande marche des travailleurs, la première du genre depuis le début du mouvement populaire pacifique entamé le 22 février dernier, intervient notamment au moment où le pouvoir a décidé d’interdire les manifestations en semaine à Alger, en procédant surtout à l’utilisation de gaz lacrymogène contre les manifestants et le recours à des arrestations, comme ce fut le cas samedi dernier contre des syndicalistes et hier contre les Étudiants. Un état de fait qui n’empêche absolument pas la confédération des syndicats autonomes (CSA) d’aller au bout de son action. C’est du moins ce qu’a laissé entendre, hier, Boualem Amoura, secrétaire général du syndicat des travailleurs de l’éducation et de la formation (SATEF), membre de la CSA. Affirmant le maintien de la marche à Alger ainsi que la grève générale, Amoura a dénoncé et a condamné les arrestations de manifestants et les entraves à la liberté d’expression. Selon notre interlocuteur, une marée humaine devra déferler sur Alger, aujourd’hui. «Tous les travailleurs du secteur de l’Éducation ainsi que ceux d’autres secteurs qui ne sont pas dans la confédération devront prendre part à cette marche. Beaucoup d’entre-eux ont déjà pris la route à partir d’autres wilayas, parce qu’il y a risque qu’on bloque les entrées d’Alger », a-t-il indiqué à ce propos. S’agissant de l’interdiction des manifestations à Alger les jours de semaine après le 7eme vendredi de mobilisation, soit après la démission de Bouteflika de son poste de président, le SG du Satef s’est interrogé sur l’origine de cette décision, soulignant qu’aucune annonce officielle n’a été faite dans ce sens, notamment de la part de Nourredine Bedoui en sa qualité de Premier ministre qui ne s’est pas adressé au peuple en l’absence de chef de l’État. Amoura a tenu à rappeler, dans ce cadre, que la Confédération avait auparavant organisé des marches et des sit-in à Alger au moment où c’était «la dictature». «Nous l’avons fait avant le 22 février 2019, c’est-à-dire avant que le peuple ne se soulève et ne marche à Alger. Et rien ne nous empêchera de le faire maintenant», a-t-il dit. D’autre part, le retour à la répression s’explique, selon lui, par une volonté de «pérenniser le systéme actuel et de le régénérer ». Preuve à l’appui, il évoque la nomination d’Abdelkader Bensalah comme Président par intérim, au moment où le peuple revendique un changement radical du système politique et le départ de toutes ses figures. «C’est une preuve que rien n’est encore gagné, mais le combat continue toutefois », a-t-il déclaré.
Ania Nait Chalal