Après un bilan positif de l’action diplomatique de 2024, l’Algérie entame 2025, sur les chapeaux de roues, avec notamment l’accès à la présidence du Conseil de sécurité, où la Palestine, la lutte anti-terroriste et la réforme de l’ONU sont en tête des priorités.
Le ministre d’Etat Ahmed Attaf, ministres des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a dressé hier, lors d’une conférence de presse à Alger, le bilan de l’action de la diplomatie nationale en 2024. Mais d’abord, reprenons les réponses du chef de la diplomatie nationale sur les questions brulantes de l’actualité. Après, on reviendra de bout à bout sur la rétrospective de l’agenda, par ailleurs, très dense, de notre diplomatie dont l’objectif de redéploiement sur les plans régional, continental et international, et celui du traitement des grands dossiers au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU, ont tenu toutes ou presque leurs promesses.
Ainsi, invité à réagir à la campagne hostile dirigée en France contre l’Algérie, depuis notamment l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal, un faire-valoir de « l’Algérie française », Attaf a fait référence aux déclarations tenues la veille à ce propos, par le président Abdelmadjid Tebboune. Autrement dit, il renvoie la France à son passé colonial et exige la reconnaissance de ses crimes de guerre qui, outre les massacres des populations algériennes, elle nous a légué le poison mortel des essais nucléaires dans le Sud. « Les déclarations du président de la République sur la campagne politico-médiatique française contre l’Algérie ont été à la hauteur de notre riposte », a-t-il répondu. Mais cela ne l’a pas empêché de placer un mot ou deux. « Ce genre d’attaques n’est pas une première. Qu’ils (les auteurs derrière, Ndlr) sachent que leurs attaques sont toutes vouées à l’échec, le peuple algérien est plus grand que ces campagnes hostiles auxquelles l’Algérie résistera et restera debout », a-t-il martelé. A propos des crimes coloniaux, Attaf, tout comme l’a déclaré le président de la République à l’occasion de son Discours sur l’état de la Nation, a exigé de la France la reconnaissance de ses crimes. Pour ce qui est des essais nucléaires, Attaf a révélé qu’à l’heure actuelle, « la France refuse de nettoyer ses déchets radioactifs et refuse d’assumer ses responsabilités » dans ce crime qui continue, jusqu’au jour d’aujourd’hui, de faire des victimes dans le Sud algérien. Toutefois, le chef de la diplomatie national a annoncé que le dossier de la colonisation dans son ensemble fait l’objectif d’un débat dans les instances africaines et que la question finira pas prendre une dimension internationale, notamment au niveau de l’ONU. Par ailleurs, cette réponse s’adresse également à tous les ennemis où qu’ils soient et qui veulent faire payer à l’Algérie ses soutiens indéfectibles aux peuples palestiniens et sahraouis.
L’Algérie à la présidence du CSNU dès demain
Les observateurs et les spécialistes des relations internationales sont unanimes quant au rôle de premier plan joué par l’Algérie dans les fora internationaux et ce, depuis notamment qu’elle a intégré le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) en tant que membre non-permanent. A souligner, en ce sens, qu’Attaf a annoncé que l’Algérie prendra, à partir de demain 1er janvier 2025, la présidence du CSNU. Dans la foulée, et après avoir introduit son allocution par le contexte dans lequel la diplomatie nationale a entamé son plan d’action, à savoir les tensions et les conflits armés sur fond d’un chambardement des relations internationales et la course pour les positionnements géopolitiques, Ahmed Attaf a énuméré, de bout en bout, le bilan de l’exercice 2024. Ainsi, sous les orientations du le président de la République, l’Algérie a mené des batailles acharnées au niveau du CSNU dont la question palestinienne face à l’agression barbare de l’entité sioniste s’est taillée la grande part. En porte-voix, l’Algérie y a défendu les peuples arabes et africains faces aux agressions et ingérences étrangères pour ne pas dire les causes justes.
L’Algérie continuera ses efforts pour la Palestine et le Sahara occidental
Pour la Palestine, l’Algérie a, durant son mandat et en 2024, réussi, dans le cadre du groupe des membres non-permanents (E10), à arracher à maintes fois des résolutions pour un cessez-le-feu, casser le blocus pour permettre l’accès de l’aide humanitaire à Ghaza, et, par la même, mobiliser, à l’ONU comme en dehors, les soutiens à cause palestinienne et défendre la solution à deux Etats. Même après l’extension de la colonisation sioniste au Liban et en Syrie, l’Algérie n’a pas baissé les bras. Aujourd’hui, les criminels de guerres, Netanyahou et son ministre de la défense sont sous le coup d’un mandat d’arrêt lancé par la CPI.
Concernant la question sahraouie, l’Algérie a œuvré au sein de l’ONU à défendre le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination dans le cadre d’un référendum. L’un des derniers acquis réalisés sur la question, au grand dam du Makhzen et ses alliés le rejoignant dans son plan d’autonomie, c’est les arrêts de la CJUE déclarant illégaux les accords UE-Maroc. A ce titre, Attaf a affirmé que ni les manœuvres du Makhzen et son chimérique plan d’autonomie ne peuvent être une solution et que seul le référendum d’autodétermination est à même de résoudre ce problème et de ramener la paix et la stabilité dans toute la région.
Autre question prioritaire sur l’agenda de l’Algérie, la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU en réclamant, à juste titre, la réparation de l’injustice historique subie par l’Afrique. A savoir, comme revendication qui, selon Attaf, a reçu l’accord de principe « des décideurs », l’octroi pour le continent de deux sièges permanents et de deux autres parmi les « E10. »
Syrie : « L’Algérie reconnait les Etats, pas les gouvernements »
Par ailleurs, Attaf a souligné le rôle de l’Algérie dans la défense des intérêts de l’Afrique comme ceux d’intégrer les instances internationales. Il donne l’exemple du siège octroyé à l’Afrique dans le G20, ainsi que d’autres institutions financières que le continent aspire à rejoindre. Au niveau régional, l’Algérie veut reconstruire le Maghreb des peuples à travers l’initiative de la tripartie avec les frères Tunisiens et Libyen. A ce titre, Attaf a annoncé la tenue, courant de janvier 2024, d’une réunion entre les trois pays, comme initiative maghrébine que la Mauritanie pourrait par rejoindre. Interrogé sur la question syrienne, le chef de la diplomatie nationale a affirmé que la position de l’Algérie est claire à ce sujet. A savoir, le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de la volonté du peuple syrien qui est le seul décideur de l’avenir de son pays.
Farid Guellil