L’évènement footballistique de ce mois de mars à perturbations, comme le veut Dame nature et ses surprises à l’annonce d’un printemps, encore un autre, sans véritables hirondelles sinon quelques promesses impossibles à tenir par un sport roi déchu, chez nous, de sa couronne depuis belle lurette ?
À mains levées !
C’est évidemment, sans surprise, l’Assemblée Générale Ordinaire (elle, est restée comme on pouvait s’y attendre, les voix dissonantes et les contestataires, rentrés depuis longtemps dans les rangs, à part des sorties médiatiques destinées à amuser la galerie, s’étant faits plus que discrets) de la structure en charge du jeu à onze nationale qui, et c’est le moins que l’on puisse dire, a su convaincre et garder (une possession du ballon assez inhabituelle, qui aurait fait rougir le Barça) et diriger la partie à sa guise. Fait passer tous les bilans comme une lettre à la poste. Où étaient les présidents de clubs?
Y avait-il quelque chose à redire? La salle était pleine, le quorum largement atteint, mais on n’a vu personne. Ou si, des mains qui s’élevaient à tout-va pour délivrer les OK de circonstance quand on passera en revue les différents bilans (moral et financier sur lesquels, et c’était prévisible, aucune critique n’a fusé) qui pèseront comme autant d’arguments convaincants pour le premier responsable de la balle ronde (c’est sûr qu’elle ne tourne pas aussi rond qu’on ne le voudrait, ou comme le souhaiterait un public aussi frustré que sevré de spectacle pur et se contentant de simples parodies interminables football, de parties de pousse-ballon qu’il paie très cher pour les voir à l’œuvre des «salariés» assurément pas comme les autres et rémunérés grassement pour un rendement nul, voire insultant pour des supporters en majorité laissés-pour-compte et réagissant violemment à la moindre petite défaite) qui sait, au-delà de donner de vraies leçons de professionnalisme au personnel dirigeant de nos formations d’élite (pas dans le sens admis internationalement bien sûr et les observateurs sont là pour nous donner raison) rattrapées sans cesse par un amateurisme ayant la peau dure. Qui nous rappelle cette autre vérité qui veut qu’on ne fait pas de nouvelles politiques avec deux vieux meubles.
Qu’il est plus que jamais temps de donner sa vraie signification à cette notion (on parle du professionnalisme qui n’existe que dans les textes) galvaudée par tout le monde sans que l’on n’y voit le bout du nez, les vieilles pratiques du bricolage régnant en maîtresses absolues de lieux devenus, par la force des pratiques douteuses, à la limite du mafieux, de la corruption et de la violence endémique qui vient rappeler un peu tout le monde à des responsabilités jamais, ou rarement, assumées, que le temps des changements promis est toujours d’actualité. Qu’au lieu d’avancer, on fait du surplace. Et, fatalement, et on peut le constater aux dégâts chiffrés (donc énormes), on régresse comme, chaque fois que nécessaire, le renvoie une vitrine (qui, même si elle nous comble de plaisir à toutes ses sorties, n’en est une malheureusement pas dès lors qu’elle n’est pas l’émanation directe d’un championnat bien loin des standards internationaux et incapable de lui offrir un seul joueur valable, l’illustration) venant rouvrir cet incontournable et combien inutile débat sur un produit local largement dévalorisé à la bourse des valeurs mondiales.
On se tait !
Pour un évènement (à chacun bien sûr son appréciation), l’AGO de la FAF, si elle n’apporte pas de démenti à la réalité qu’il y a tout un monde, un véritable fossé qui se creuse chaque saison un peu plus avec la majorité écrasante des clubs dont la descente aux enfers sur le plan strict de la gestion et donc des résultats pour le moins catastrophiques (n’ayons pas peur des mots et appelons un chat un chat), n’en déplaise aux démagogues et aux vendeurs de fausses promesses et de mensonges. Des clubs surpris constamment en situation de gestion opaque, incapable de la moindre initiative et vivant (confortablement même si la tendance est à la pleurnicherie, si ce n’est pas la mendicité non sans se permettre un train de vie et des recrutements à tourner les têtes) grâce aux subventions et donc aux crochets de l’éternel dindon de la farce qu’est justement le contribuable qui se charge, par la rue interposée, de dicter finalement ses choix ou sa vision des choses. Un évènement, plus que certainement, que cette AGO d’une FAF donnant la leçon et montrant la voie à suivre. Celle d’une gestion saine. Professionnelle. Avec un réel projet. Pas seulement sportif même si beaucoup de nos spécialistes ou philosophes du football croient déceler une faillite généralisée. Encore et toujours l’E.N à laquelle on reproche la présence massive de binationaux et le délit de lèse-majesté, ou ce qu’on appelle le «mépris» affiché à l’égard du joueur local. A combien d’AG (O ou E, lire ordinaire ou extraordinaire, ndlr) assiste-t-on parmi nos si avisés dirigeants de clubs qui agissent en terrain conquis et qui ne semblent devoir rendre de comptes à personne, sinon en se distinguant par des propos incendiaires à longueur de colonnes de presse complaisantes? ça devrait constituer l’évènement des événements. Ne serait-ce que pour éclairer nos lanternes sur la manière avec laquelle sont dirigés nos clubs, leurs ambitions sportives et leur projection sur le long terme. Un avenir en pointillés et n’annonçant rien de bon. Un évènement, des leçons et cette impression pas bizarre pour un dinar largement dévalorisé mais qui fait tant courir, que la FAF, si souvent décriée, sort largement du lot dans un football algérien malade de ses «spécialistes» et mauvais génies qui font partie intégrante de décors forcément hideux. Résultat logique d’un «après-moi» c’est le déluge dont les fausses démissions et les reniements constituent le témoin vivant.
Le langage des chiffres
Lors de la toute dernière et récente AGO de la FAF, et au-delà de la grande assurance et sérénité affichées par le Bureau fédéral conduit de main de maître par Raouraoua, son premier responsable, l’on s’est largement félicité (à main levée, dans une sorte de plébiscite, et dans un unanimisme troublant, à moins, et c’est l’explication la plus plausible, la plus juste, d’aucuns n’avaient les arguments pour dire le contraire) de la convergence des points de vue et de la justesse de la politique actuelle au niveau de la maison de verre de Dely Ibrahim.
On se tait. On fait «voter» (obligation signalée) sans commentaire les bilans présentés et on se donne rendez-vous à d’autres conclaves. Dans une année à pareille époque. Dans la même ambiance, la FAF et ses dirigeants ayant déjà l’assurance de ne rencontrer aucune critique mis à part bien sûr les piques habituelles dans les médias. Dans son intervention toute de sérénité et d’assurance, Mohamed Raouraoua s’est dit très satisfait des bilans de l’année 2014 (approuvés à l’unanimité, et naturellement pas la moindre abstention ou refus d’adoption) qu’il considèrera comme «les meilleurs depuis l’indépendance du pays», en se félicitant au passage que «Notre politique commence à porter ses fruits et cela nous permet de réaliser d’autres investissements du même genre que le centre de Sidi Moussa, qui est une véritable base de travail. On va encore travailler pour nous doter d’autres infrastructures.» En faisant parler le langage des chiffres (pour ledit exercice 2014, la Fédération algérienne de football a eu une importante rentrée d’argent avoisinant les 600 milliards de centimes, grâce au précieux apport des sponsors à l’instar de Nedjma, Peugeot, Coca Cola et Puma, ainsi que les recettes des matchs de l’Equipe nationale, alors que le budget prévisionnel de 2015 est estimé à la bagatelle somme de 250 milliards de centimes en raison des investissements devant être lancés pour l’année 2015), le N°1 du jeu à onze algérien a su garder l’assistance à distance respectable et contré toute forme de velléité contestataire.
Malgré les grosses dépenses engagées (notamment pour faire face aux exigences du Mondial brésilien) 232 milliards de centimes (et ce n’est pas rien) non utilisés (on peut dire économisés ?), sont restés dans les comptes de la Fédération. Qui dit mieux ? Personne n’a osé la moindre réflexion publique. Pas sûr qu’on adopte le même profil bas dans la presse où tout est permis pour contenir cette rue envahissante qui prend carrément le pouvoir et nous offre ces scènes déplorables, ce piètre spectacle de dépassements ajoutant un peu plus à la morosité ambiante dans des compétitions sans queue ni tête. Où les coulisses, plus que le terrain, sont devenues la règle qui veut que ce n’est pas le meilleur qui émerge. A dans une année…
Par Azouaou Aghiles