La scène diplomatique mondiale s’est enflammée vendredi après la décision de l’Assemblée générale des Nations unies d’autoriser le président palestinien, Mahmoud Abbas, à s’adresser aux dirigeants du monde par visioconférence. Les États-Unis ayant refusé de lui délivrer un visa d’entrée, Abbas et sa délégation resteront absents physiquement du rendez-vous annuel, mais la voix palestinienne résonnera malgré tout dans l’hémicycle new-yorkais.
Le vote, adopté par 145 pays contre 5 opposants et 6 abstentions, intervient alors que plus de 140 chefs d’État et de Gouvernement sont attendus la semaine prochaine pour un sommet où la question palestinienne et la tragédie de Ghaza devraient occuper une place centrale. La catastrophe humanitaire qui ravage l’enclave assiégée depuis deux ans sous le feu israélien s’annonce comme le fil rouge des débats L’Arabie saoudite et la France doivent présider dès lundi des réunions consacrées à l’avenir du processus de paix et à la perspective d’une solution à deux États. Mais Washington a clairement affiché son obstruction en bloquant les visas des responsables palestiniens, confirmant son opposition frontale à toute reconnaissance d’un État palestinien. La semaine dernière déjà, l’Assemblée générale avait voté à une large majorité un texte soutenant la création d’un État palestinien – sans inclure le mouvement de résistance palestinienne. Plusieurs pays, dont la France, envisagent désormais une reconnaissance officielle, ce qui constituerait un tournant diplomatique majeur. Pour Richard Gowan, analyste à l’International Crisis Group, cette reconnaissance reste avant tout « symbolique », mais elle pourrait avoir un poids réel « si elle s’accompagne d’initiatives concrètes de pression sur Israël pour mettre fin à sa campagne à Ghaza ». Il alerte toutefois sur un risque d’escalade de la part du Premier ministre sioniste Benyamin Netanyahou, attendu lui aussi à New York, qui a déjà affirmé qu’« il n’y aura jamais d’État palestinien sous [son] mandat ».
Trump et l’ONU sous le feu des critiques
Tous les regards se tourneront également vers le président américain Donald Trump. Depuis son retour à la Maison Blanche, il a signé plusieurs décrets réduisant drastiquement l’aide internationale, affaiblissant de nombreuses agences onusiennes alors même que les besoins humanitaires explosent. Dans ce climat de crise financière et de guerres multiples, l’ONU a discrètement marqué son 80ᵉ anniversaire, tout en cherchant à répondre aux critiques sur son efficacité. « Le système multilatéral fait face à une menace existentielle », a résumé Federico Borello, de l’ONG Human Rights Watch, pointant la complaisance des grandes puissances vis-à-vis de violations graves du droit international, de Ghaza à l’Ukraine. Le secrétaire général Antonio Guterres, de son côté, a exhorté les dirigeants à « des réponses à la hauteur des défis », citant Ghaza, l’Ukraine, le Soudan et la crise climatique.
M. S.